Commençons par rêver. Imaginons ce qu’il adviendrait du secteur privé si d’aventure les autorités mettaient vraiment le paquet ?
La Presse — Imaginons que les bus et les métros commenceront à sillonner les villes du Grand-Tunis au rythme que tout le monde souhaite et de façon à ce que toute la demande de transport soit résorbée.
Que se passera-t-il pour les taxis individuels et les taxis collectifs ? Et même pour le transport clandestin qu’il ne faut pas sous-estimer. Et les bus des sociétés privées aussi.
Scénarios possibles
Ce sera, tout simplement, un chamboulement sans précédent. Le rôle du transport privé sera réduit. Il se limitera à quelques courses urgentes vers des destinations précises comme les hôpitaux ou vers quelques services bien déterminés. Les taxis collectifs se retireront hors de la capitale et assureront des liaisons avec les stations de rabattement des métros et des bus.
L’impact sur le trafic à l’intérieur du Grand-Tunis sera positif, à n’en point douter.
De plus, une exploitation et un redéploiement bien pensé des lignes de bus devraient être d’un grand apport financier pour la société. Particulièrement si on parvient à relever le défi des 15-20 minutes de fréquence des navettes. En effet, on resquille moins dans les bus et le contrôle est possible au sol.
Et même à bord des bus si ces derniers deviennent moins bondés du fait de l’augmentation prévue de leur nombre. C’est ce qui se faisait il y a quelques années.
Ce n’est pas comme dans les métros où la quasi-totalité des passagers n’achètent pas leurs titres de transport.
De ce fait, les recettes ne feront que croître et assurer des fonds nécessaires à la gestion de la société.
Ce n’est pas parce que c’est une entreprise appartenant à l’État qu’on ne doit pas être regardant envers les équilibres financiers.
Ce ne serait pas commettre un sacrilège que de demander à une telle entreprise comme la Transtu d’avoir un service commercial et de marketing digne des sociétés privées.
Exploiter le filon publicitaire
Développer une telle activité et optimiser le rôle des services du contentieux ne peut que rapporter plus de recettes et assurer des entrées de fonds nécessaires à toute bonne gestion ou bonne gouvernance. La Transtu est, actuellement, capable de redevenir la grande société qu’elle était il y a quelques années. Il n’y a rien d’impossible.
Notre opérateur de transport dispose, à ce que l’on sache, de tous les atouts pour mener à bien une telle tâche.
En se basant sur les derniers chiffres, cette société compte pas moins de 2.528 chauffeurs et chauffeurs-receveurs.
Donc, ces effectifs peuvent assurer, quotidiennement, une disponibilité de près de 1.000 bus chaque jour. C’est du moins ce que l’on pense.
Le fait de fournir un service régulier et ponctuel aura un impact sur la fidélisation des clients et augmentera, par conséquent, l’afflux des voyageurs et des recettes.
Mais il y a d’autres potentialités offertes à la Transtu.
Il s’agit des supports publicitaires diversifiés allant des stations de métros aux abris-bus en passant par les nombreux autres moyens lui permettant d’offrir une large gamme de produits publicitaires et de répondre à un large éventail de clients potentiels.
Aujourd’hui, la Transtu n’a plus le droit de faire machine arrière. Le compte à rebours de la relance a bel et bien commencé.
C’est à ceux qui sont aux commandes de faire bon usage des nouvelles possibilités dont cette société bénéficie. L’étape nouvelle qui s’ouvre exige une gestion rigoureuse et une vision stratégique.
Et ce n’est pas à nous de rappeler ces principes.
Une nouvelle mentalité et des approches modernes et anticipatives sont la clé de la réussite.
Bien sûr, il ne s’agit pas d’avoir, simplement, de bonnes intentions, il faut, aussi, avoir les moyens de ses ambitions.
Le service marketing peut faire preuve de plus d’imagination et d’inventivité pour attirer les publicistes. Beaucoup d’espaces appartenant à la société sont exploités gratuitement par n’importe qui alors que s’ils sont pris en charge, ils constitueraient d’importantes sources de revenus.
Autre voie à ne pas négliger : le service du contentieux. Celui-ci pourrait être une manne dans le cas où il suivrait de près toutes les affaires dont il devrait être chargé. Il est tenu d’être plus performant et plus entreprenant. Les autorités, de leur côté, sont appelées à lui donner les moyens de son action si on veut, vraiment, un service moderne.
Avec les actes de vandalisme et d’agression contre les moyens de transport, les poursuites judiciaires doivent être la clé de voûte de son activité. Aucun de ces actes ne doit rester impuni.
Tout doit être fait pour découvrir, arrêter et juger les auteurs.
Par la suite, les dédommagements conséquents aideront à renflouer les caisses. Une loi criminalisant les actes de vandalisme et d’agression contre les moyens de transport ainsi que le relèvement des montants des dédommagements sont vivement souhaités comme cela se fait sous d’autres cieux.
Climat social: retombées bénéfiques
Enfin, il n’est pas inutile de rappeler l’importance du secteur du transport public et ses répercussions, largement positives, sur l’économie du pays. Nul n’ignore qu’il contribue au maintien d’un climat social plus sain dans toutes les entreprises ou administrations.
Grâce à un trafic fluide, régulier, ponctuel et fiable, le nombre des retards pour les employés diminuera et les conflits entre les employés et leurs employeurs n’auront plus les incidences professionnelles qu’on enregistre actuellement.
Quant aux élèves et étudiants, ils auront moins de soucis à se faire pour arriver, à l’heure, aux cours. Ni la crainte de rater leurs examens, parfois cruciaux.
Un tel tableau n’est-il pas idéal ? Sommes-nous capables de le réaliser ?
En théorie, oui ! Dans les faits, il y a encore des doutes sérieux vu les retards à mettre en œuvre les programmes établis.
Ce vide dans la communication entre le fournisseur de services et ses clients laisse planer des doutes quant à la détermination des responsables à répondre aux attentes. Celles-ci ne peuvent pas être plus longues que de raison. Car l’attente indéterminée risque de se transformer en désillusion puis en colère. À moins de fournir des explications convaincantes sur les raisons de ces manquements.
Aux responsables de suivre ce qui se publie sur les réseaux sociaux et ce qui s’y dit. Ils comprendront, alors, le niveau de déception chez les habitants du Grand Tunis qui n’ont constaté aucune avancée majeure en rapport avec leur mobilité quotidienne.