14 milliards de dinars investis en 30 ans : bilan du Programme de mise à niveau industrielle en Tunisie
Depuis le lancement du Programme de mise à niveau industrielle (PMN) en 1995, environ 14 milliards de dinars ont été investis dans plus de 5 000 projets, a annoncé vendredi la ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, Fatma Thabet Chiboub.
S’exprimant lors de la conférence « 30 ans de mise à niveau : Cap vers l’industrie de demain », organisée à Tunis par le ministère de l’Industrie, la ministre a rappelé qu’en 1995, l’industrie tunisienne ne comptait que 2 000 entreprises industrielles, avec une valeur totale des exportations industrielles inférieure à 4 milliards de dinars et une contribution au PIB ne dépassant pas 15 %.
Aujourd’hui, après trente ans de travail continu, le secteur industriel est devenu un pilier central de l’économie nationale. Il regroupe désormais plus de 5 000 entreprises industrielles, dont 1 700 entièrement exportatrices, avec une contribution au PIB dépassant 20 %. Les exportations industrielles ont atteint 50 milliards de dinars en 2024, avec un taux de croissance annuel supérieur à 7 % au cours des deux dernières décennies. Par ailleurs, l’emploi industriel a plus que doublé, passant d’environ 200 000 emplois en 1995 à plus de 550 000 emplois directs en 2024.
La ministre a souligné que le PMN constitue l’un des piliers majeurs de la transformation du système productif tunisien. Les secteurs de la mécanique, de l’électricité, du textile et de l’habillement ont représenté plus de 60 % du total des investissements, avec l’émergence de zones industrielles dans toutes les régions du pays, qui ont attiré plus de 40 % du financement total.
Selon les données présentées, la répartition géographique des investissements révèle une disparité persistante, avec une forte concentration sur le littoral : 63 % des investissements sont concentrés dans six gouvernorats, avec en tête Ben Arous (16 %), suivi de Nabeul (13 %), Monastir (12 %), puis Sfax et Sousse (11 % chacun).
La ministre a également indiqué que ce programme a conduit à des progrès significatifs dans l’environnement des affaires, grâce notamment à une infrastructure de qualité, à la délivrance de certificats de conformité à plus de 800 entreprises, au soutien à l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales, ainsi qu’à l’accompagnement des entreprises vers la spécialisation et l’exportation.
Elle a appelé les organismes en charge du PMN à élaborer une nouvelle vision, en intégrant la numérisation, les énergies renouvelables et l’économie circulaire, pour mieux positionner l’industrie tunisienne à l’échelle mondiale.
De son côté, le président de l’Utica, Samir Majoul, a souligné que le PMN a été plus qu’un programme : une dynamique de confiance entre l’État et le tissu industriel, ainsi qu’un exemple réussi de dialogue public-privé. Il a insisté sur l’urgence de restaurer cette confiance et ce dialogue.
Évoquant les défis actuels auxquels font face les entreprises tunisiennes — hausse des coûts, pressions concurrentielles, barrières tarifaires, difficultés logistiques, lourdeurs réglementaires —, Majoul a insisté sur la nécessité de réformes audacieuses pour préparer les entreprises aux transitions numérique, énergétique et environnementale.
Il a plaidé pour une nouvelle version du PMN axée sur l’industrie 4.0, la digitalisation, l’économie verte, bleue et circulaire, ainsi que l’intégration des jeunes et des startups.