Les malheurs, dit on, on peut les supporter. Ils viennent de l’extérieur, ce sont des accidents. Mais souffrir de ses propres fautes, voilà qui est particulièrement amer !
La Presse —“La plupart des accidents d’auto ont une cause très simple : la voiture était en prise directe et l’attention du conducteur au point mort»
Ainsi donc, le dramatique bilan établi et qui couvre les cinq premiers mois de l’année est connu : 411 décès et 2.390 blessés.
Le fait que les décès ont baissé de 1,91% et que celui des blessés de 22,85 n’a rien de glorieux.
Comme il faudrait trouver des raisons pour expliquer ces chiffres, on a estimé que le manque de prudence et de concentration constitue la principale cause de ces accidents mortels. Viennent ensuite la vitesse, le non-respect de la priorité, le changement brusque et non annoncé de la direction, la traversée de la route ou la chaussée sans prendre les précautions d’usage, etc
La capitale détient le triste record, suivie de Mahdia, Nabeul, etc.
Des raisons oui, mais l’homme et son comportement, s’ils semblent être les principales causes, il ne faudrait quand même pas se limiter à ce raisonnement. Il y a d’autres facteurs.
Des conducteurs distraits
Malheureusement, celui qui s’installe derrière un volant se prend pour le maître du monde. Surtout si ce conducteur se trouve à bord d’une voiture puissante, haute, aux vitres teintées, qui domine tout ce qui l’entoure, conduite par des esprits chagrins, malades de complexes, aigris par ce qu’il vit au niveau familial ou professionnel. Alors, bonjour les dégâts.
Comment éviter les accidents de la route?
Les solutions, pour éviter un accident de la route, ne se limitent pas au respect du code de la route, à l’interdiction de l’usage du téléphone portable au volant, à l’utilisation de nouvelles technologies pour améliorer la sécurité, au fait d’adopter une conduite sereine et d’éviter de faire de la vitesse, convaincu que rien ne saurait arriver.
Il y a des facteurs, des éléments, des conditions, parfois difficiles à prévoir ou à supposer, qui interviennent et faussent bien des données.
Prenons l’exemple d’une avenue, pour ne pas la citer avenue de la liberté, une bretelle qui détient sans doute un record de fréquentation dépassant tout ce qu’on pourrait imaginer. Elle relie El Menzah 1 aux accès d’El Manazeh. Aux heures de pointe, c’est un véritable goulot d’étranglement qui bloque les usagers durant un bon bout de temps.
En dehors de ces heures de grande fréquentation, cette avenue, devenue pratiquement commerciale, avec les banques, une mosquée très fréquentée parce que la seule dans la zone, les cafés, les pâtisseries, les fruitiers, les épiceries, les vendeurs de fruits secs, etc, une piste d’essai pour les amateurs de vitesse. Ils y circulent à longueur de journée, à tombeau ouvert. Pour encourager ces amateurs, on a posé des «stop» pour toutes les rues adjacentes. Et cela aboutit à une succession de bolides qui ne respectent rien.
Aucun moyen de dissuader ces conducteurs qui se croient seuls au monde et qui ne daignent céder à personne leur droit de priorité. Au point d’obliger ceux qui viennent des deux rives à tenter le passage au prix des dangers qui en découlent.
Le seul moyen de limiter ces incidents et accidents est bien de poser des ralentisseurs, pour protéger les piétons, privés de trottoirs convertis en terrasses de cafés, ou de parkings pour la clientèle des commerces installés.
L’état de la chaussée
Personne n’en parle. Indépendamment de l’état de ces chaussées, qui laisse à désirer et dont on calfeutre les trous de temps à autre, par des moyens rapides, ne répondant en rien aux besoins. De l’argent en l’air, alors qu’elles sont complètement à refaire. Pourtant, on remplace les pylônes des lampadaires (visiblement en bon état) et on oublie qu’ils vont éclairer une chaussée pleine de crevasses. On refait le revêtement des trottoirs alors qu’ils sont encore bien en place.
La pose des dos d’ânes se fait au petit bonheur la chance. Il y a ceux qui sont acceptables. D’autres soumettent les amortisseurs et les bras de direction à des chocs incroyables. Quant aux plaques les annonçant, elles sont juste à la même hauteur de ces ralentisseurs, alors qu’elles devraient les annoncer bien avant pour éviter les coups de frein brusques.
Même les autoroutes n’échappent pas à des zones à la limite de l’acceptable et qui auraient dû être refaites à temps et non attendre qu’elles deviennent impraticables.
Les conducteurs
Ne parlons pas de ceux qui ne mettent jamais leurs ceintures de sécurité ou font taire leurs signaux par différents moyens. Les autorités compétentes ont d’ailleurs signalé cette anomalie, qui revêt une importance capitale, non pas seulement sur les grands parcours mais aussi en ville.
Les motos ? Elles servent pour toute une famille embarquée. Tous, sans casques et bien entendu sans assurance, car ces dépassements ne pourraient figurer dans aucun contrat d’assurance.
On sanctionne le conducteur lorsqu’on le prend en flagrant délit d’utilisation du portable. Que dire lorsqu’on voit un conducteur qui tient d’une main un portable et dans l’autre une cigarette, tout en conduisant.
A quoi s’attendre lorsqu’une conductrice qui a posé affectueusement son bébé ou….son chiot de race, qui coûte des centaines de dinars, entre les jambes, raconte sa vie, ignorant tout ce qui se passe autour d’elle ?.
Les kamikazes
Ce sont les conducteurs de taxis collectifs qui ont leur propre code de la route. Ils empruntent leurs virages où ils veulent, stationnent où bon leur semble, embarquent autant de clients qu’ils désirent.
D’ailleurs, ces camions qui transportent les ouvrières agricoles agissent de la même manière, avec la boue et l’état exécrable des pistes à emprunter en sus. On a bien essayé de les encadrer, mais il semble que l’on devrait faire plus.
Nous ne soulèverons pas les cas de conduite en état d’ivresse, ou avec des véhicules mal en point, mal entretenus et dont les conducteurs ignorent depuis belle lurette où se trouvent les centres de visite technique.
Les accidents, il y en aura toujours, de plus en plus, ou de manière fluctuante, parce que tout simplement l’homme en est la cause. Que ce soit par distraction, pour un désastreux entretien des routes et de la signalisation ou pour mauvais entretien du véhicule, les statistiques ne sont pas prêtes de se figer.
Mais ce qui est certain, c’est qu’une bonne partie de ces accidents pourrait ne plus avoir lieu, si on y réfléchissait davantage.