Trêve à Gaza : l’ancien et le futur présidents des États-Unis s’en disputent la paternité
Qui est le véritable artisan de l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas ? Le président américain sortant, Joe Biden, et Donald Trump, qui s’installera lundi 20 janvier à la Maison Blanche, veulent s’attribuer les mérites de cet incontestable succès diplomatique. Or, ils semblent oublier que cette trêve, fragile et arrachée au forceps, peut voler en éclats à tout moment.
« C’est une blague » ?
Ainsi, lors de sa prise de parole depuis la Maison Blanche, jeudi 16 janvier, Joe Biden expliquait que « les éléments de cet accord sont ceux que j’ai exposés en détail en mai dernier (2024, ndlr), qui ont été adoptés par les pays du monde entier et approuvés à une écrasante majorité par le Conseil de sécurité de l’Onu ». Sachant que, effectivement, Joe Biden avait proposé en mai dernier un accord de trêve dont les termes reflétaient à l’identique ceux de l’accord conclu cette semaine.
Une manière de rappeler que les négociations du cessez-le-feu à Gaza ont débuté avant l’élection de Donald Trump le 5 novembre 2024. D’où la cinglante réplique du président sortant à qui un journaliste demandait à qui revenait le mérite de l’accord du cessez-le-feu à Gaza : « C’est une blague » ?
Pour rappel, l’accord en question a été facilité par la médiation du Qatar, sous la supervision des États-Unis et de l’Égypte, et annoncé conjointement par les États-Unis et le Qatar sur un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
Cet accord prévoit la libération des otages détenus à Gaza par le Hamas en échange de prisonniers palestiniens, ainsi que le retrait progressif de l’armée israélienne de l’enclave.
Trump : « Nous avons changé le cours des choses »
Ce n’est pas tout à fait le sentiment de Donald Trump qui a déclaré, jeudi 16 janvier, que l’accord pour une trêve à Gaza et la libération des otages « n’aurait jamais été conclu sans la pression exercée par lui et sa future administration ».
« Nous avons changé le cours des choses », a-t-il assuré, en estimant que son équipe de sécurité nationale, par l’intermédiaire de l’envoyé spécial au Moyen-Orient, Steve Witkoff, a « joué un rôle dans cette issue favorable au conflit ».
« Cet accord de cessez-le-feu ÉPIQUE, a-t-il ajouté, n’a pu se produire qu’à la suite de notre victoire historique en novembre, car (cette victoire, ndlr) a indiqué au monde entier que mon administration rechercherait la paix et négocierait des accords pour garantir la sécurité de tous les Américains et de nos alliés ».
Entre-temps, le milliardaire américain a reproché au président sortant Joe Biden de s’être attribué le mérite de l’accord de cessez-le-feu, le qualifiant de « peu gracieux », car, « il n’a rien fait ! Si je ne l’avais pas fait, si nous n’étions pas intervenus, les otages ne seraient jamais libérés », a-t-il assuré, non sans fanfaronnade.
À noter à cet égard que pour contenter tout le monde, un haut responsable américain a tenu à féliciter les deux camps en évoquant le fruit d’une coopération « remarquable » entre les équipes de Joe Biden et de Donald Trump.
Méthodes brutales et expéditives
Cela dit, tous les observateurs s’accordent à penser que le président élu Donald Trump aura joué un rôle clé dans l’issue finale des pourparlers.
« C’est lui qui a tout débloqué, car il est craint tant par le Hamas que par Benyamin Netanyahou », a confié une source proche des négociations ayant requis l’anonymat.
« L’intervention de Steve Witkoff, l’envoyé spécial de Trump au Moyen-Orient, fut déterminante, alors que les discussions à Doha étaient bloquées depuis des mois », a-t-il affirmé.
De quelle manière ? Toujours selon la même source, Steve Witkoff, homme d’affaires mais pas diplomate pour un sou, aura réussi à régler les problèmes sur un mode brutal et expéditif : il aurait contacté le cabinet du Premier ministre Benyamin Netanyahou pour exiger une rencontre samedi 11 janvier, faisant fi du shabbat. L’entretien fut bref et persuasif. L’envoyé américain est reparti, l’accord sous le bras !
« C’est d’ailleurs Donald Trump que Benjamin Netanyahu a appelé en premier pour le remercier de ses efforts. Dans son communiqué, le Premier ministre nomme aussi le 47e président américain dès le début et n’évoque Joe Biden qu’au quatrième paragraphe », souligne le Wall Street Journal. « L’image qui en ressort, c’est que Donald Trump a réussi là où Joe Biden a échoué ».
L’Iran dans le viseur de Trump
Soulignons enfin que Donald Trump a toujours clamé vouloir un arrêt des combats entre Israël et le Hamas avant son entrée en fonction. Certainement pour avoir les mains libres pour s’atteler à ses autres priorités nationales et internationales.
Ainsi, sans avoir sur les bras une crise régionale toujours en cours au Moyen-Orient, il pourra désormais se concentrer sur son obsession majeure : l’Iran.
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