Les éleveurs tunisiens ont besoin d’un revenu minimal
Les prix des viandes rouges ont atteint des records et même pour les classes aisées, ce produit est devenu un luxe. Le gouvernement s’est tourné vers l’importation pour combler les besoins et réguler le marché, une solution facile mais néfaste à moyen et long terme et qui ne règle pas le problème de coût. Pourtant, des solutions existent.
Atef Hannachi *

Rappelons que les prix en général et ceux des viandes rouges ont augmenté suite à la dégradation du taux de change du dinar, qui a perdu près de 50% de sa valeur depuis 2010 face au dollar et à l’euro. C’est l’une des causes principales de la hausse des prix des aliments pour bétail importés. Mais que fait l’Etat, qui est censé protéger notre agriculture et notre cheptel, dont une bonne partie est en train d’être sacrifiée, les éleveurs ne parvenant plus à nourrir adéquatement leurs bêtes.
Evolution du cheptel tunisien en nombre de têtes (2014-2022) :

Source : Ministère de l’Agriculture.
Ce tableau démontre la dégradation continue de notre cheptel, et l’appauvrissement des éleveurs.
Pour ne rien arranger, le secteur des engrais est contrôlé par des sociétés privées, ce qui a poussé les autorités à créer l’Office national des aliments du bétail, une initiative visant à résoudre les problèmes chroniques liés à la production locale, à l’importation et à la distribution des aliments pour bétail, mais il n’a encore rien changé à la situation.
L’analyse de la structure des fermes en Tunisie (voir tableau ci-dessous) démontre une concentration du cheptel chez les petits agriculteurs, qui n’ont pas les moyens adéquats pour faire vivre convenablement leurs bêtes.
Structure des fermes en Tunisie :

Dimension des fermes d’élevage bovin en Tunisie :

En Europe, il existe la politique agricole commune (PAC) lancée depuis 1962. Son premier pilier et le plus important, puisqu’il représente les trois quarts du budget, concerne principalement les aides directes aux agriculteurs, visant à leur donner un revenu minimum garanti.
En Tunisie, les autorités ne peuvent pas garantir ce revenu minimum garanti. Que faire pour aider les petits éleveurs et empêcher qu’ils ne vendent leurs bêtes, comme ils sont en train de le faire depuis plusieurs années ? La seule solution que j’entrevois dans l’immédiat, c’est le plafonnement du prix de vente des aliments pour bétail suite à une étude des marges au niveau des importations de l’Etat.
* Expert comptable.
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