Protectionnisme économique : l’IACE plaide pour une approche sélective et ciblée en Tunisie
Alors que le protectionnisme retrouve du terrain sur la scène internationale et semble produire des effets positifs ailleurs, l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE) estime que la Tunisie pourrait en tirer parti – à condition d’adopter une démarche sélective, ciblée et maîtrisée, afin d’éviter les dérives que ce type de politique peut engendrer.
Dans une note d’analyse publiée vendredi sous le titre « Quand le protectionnisme paye », l’IACE observe que les performances économiques récentes des États-Unis ont ravivé le débat sur le retour du protectionnisme.
Outre-Atlantique, la relocalisation de la production et le soutien aux entreprises nationales semblent porter leurs fruits : la croissance du PIB a atteint 3,8% au deuxième trimestre, contre 3,3% estimés initialement, après un recul de 0,6% au premier trimestre. Cette reprise s’accompagne d’une hausse des achats de biens d’équipement, d’une baisse des demandes d’allocations chômage et d’un raffermissement du dollar, malgré les incertitudes économiques et la baisse récente des taux d’intérêt.
Une politique industrielle proactive pour la Tunisie
Pour l’IACE, la Tunisie pourrait s’inspirer de cette dynamique à travers une politique de substitution aux importations dans certains secteurs industriels accessibles – notamment les industries mécaniques, électriques ou de matériaux de construction -, déjà expérimentés dans le passé ou désormais technologiquement réalisables.
Cette orientation nécessite une politique industrielle volontariste, avec un encadrement étatique, un appui ciblé et des subventions temporaires, à l’image du programme de mise à niveau mené au siècle dernier. Des mesures douanières sélectives pourraient également être envisagées, dans le respect des engagements bilatéraux et multilatéraux de la Tunisie.
Ces dispositifs devraient toutefois être limités dans le temps et accompagnés de réformes structurelles visant à réduire les surcoûts de production – financement onéreux, logistique coûteuse, lenteurs administratives – qui freinent la compétitivité locale.
Vers une relance de la compensation commerciale
L’IACE suggère également de réintroduire la politique de compensation commerciale pratiquée dans les années 1990, imposant aux fournisseurs étrangers, notamment dans le secteur automobile, d’acheter localement une partie équivalente à leurs ventes en Tunisie.
De telles mesures pourraient aujourd’hui s’appliquer aux importations de véhicules, mais aussi aux textiles, cuirs et articles d’habillement, contribuant à stimuler les exportations et l’emploi.
Si cette stratégie peut entraîner une hausse des prix sans garantie de qualité immédiate, elle présente des avantages en termes de production, de création d’emplois et de croissance. L’expérience des années 1970 le démontre : la combinaison entre protection des industries naissantes et promotion des exportations offshore avait permis une croissance annuelle moyenne de 7%.
Un protectionnisme mesuré pour éviter les tensions commerciales
L’IACE met toutefois en garde : une politique protectionniste généralisée serait risquée pour une économie ouverte et de taille modeste comme la Tunisie. Des réactions de la part de ses partenaires, notamment européens, sont à prévoir.
Ainsi, toute mesure de protection doit rester ciblée, progressive et qualitative, privilégiant les normes et conditions de financement plutôt que les simples taxes.
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