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Tunisie : le lait de chamelle, nouvel « or blanc » de son sud désertique

08. Juni 2025 um 09:10

Dans une région désertique et marginalisée, une entrepreneuse et une chercheuse transforment un produit ancestral en filière prometteuse.

À Médenine, dans le sud-est tunisien, le lait de chamelle sort enfin de l’ombre. Porté par les bienfaits de ce produit rare et la détermination de deux femmes, il pourrait devenir une véritable opportunité économique pour l’une des régions les plus pauvres du pays.

Une première en Tunisie

En effet en 2023, Latifa Frifita, 32 ans, lance ChameLait, la première usine de pasteurisation de lait de chamelle en Tunisie. Soutenu par l’Institut des Régions Arides (IRA), le projet repose sur une technologie brevetée développée par Amel Sboui, biochimiste à l’IRA, qui conserve les vertus nutritionnelles du lait, rapporte le site français La Croix.

Un lait aux vertus uniques

Peu connu du grand public, le lait de chamelle aurait pourtant tout pour séduire :

  • 5 fois plus riche en fer que le lait de vache

  • Non allergène

  • Stimule le système immunitaire

  • Effets anti-diabétiques prouvés

  • Propriétés anti-bactériennes, antioxydantes et anti-inflammatoires.

Grâce à ses recherches, ajoute notre source, Amel Sboui a démontré que ce lait pouvait réduire de moitié les doses de médicaments pour les personnes atteintes de diabète. Voilà donc un filon qui devrait intéresser notre ministère de la Santé.

D’un produit négligé à une filière émergente

Convaincre les éleveurs n’a pas été facile. Longtemps centré sur la viande, le secteur ignorait le potentiel économique du lait. « Ils le consommaient ou l’offraient, sans en mesurer la valeur », raconte Latifa Frifita. Aujourd’hui, les mentalités évoluent et des partenariats se nouent, dit-elle.

ChameLait produit 500 litres par semaine, vendus à 12 dinars le litre dans 12 points de vente. L’objectif : doubler la production d’ici deux ans. Autrement dit, trop cher pour pouvoir attirer toutes les bourses tunisiennes, et ce en dépit de ses vertus.

Former pour transformer

À 100 km au sud de Médenine, la station expérimentale de Chenchou forme les éleveurs à la traite mécanisée, multipliant par trois la production quotidienne par chamelle. Un simple pot trayeur permet de passer de 1 à 2 litres à 6 ou 7 litres par jour.

Une success story locale

Pour l’IRA, ce projet est un modèle de réussite : transférer l’innovation scientifique vers les zones arides pour créer valeur, emploi et résilience locale. Depuis 2010, l’Institut aurait accompagné 80 start-ups, ayant généré près d’un millier d’emplois.

Avec un chômage de 22% à Médenine, contre 15% au niveau national, cette nouvelle filière est à même de freiner l’exode et redonner espoir à une jeunesse tentée par l’émigration … souvent illégale.

Et maintenant ?

Un centre de collecte devrait voir le jour d’ici fin 2025, avec de nouvelles unités de traite chez les éleveurs. De quoi structurer la filière et créer de nouveaux emplois.

Amel Sboui, elle, rêve d’aller plus loin : exporter ce lait sous forme de complément alimentaire ou alicament*. « Ce produit peut devenir un atout national », pense-t-elle.

Quant à Latifa Frifita, elle assume son choix : « Rester et investir ici, dans ma région. » Son pari ? Faire du lait de chamelle un pilier de développement… et le nouvel or blanc du désert tunisien.

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*Un alicament est un aliment qui, en plus de sa valeur nutritionnelle, possède des propriétés bénéfiques pour la santé, parfois similaires à celles d’un médicament.

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