Ilwoo Nam : « La capacité de la Tunisie à intégrer les cultures diverses a contribué à son ouverture et à sa diversité »
À l’occasion de l’Assemblée générale annuelle de la KOICA Alumni Association of Tunisia (KAAT), qui se tient ce jeudi 23 octobre 2025, la nouvelle directrice-pays de la KOICA, Ilwoo NAM, a bien voulu accorder une interview exclusive à leconomistemaghrebin.com. Elle explique notamment l’ambition de la KOICA de poursuivre et de dynamiser davantage la coopération entre la Tunisie et la République de Corée.
Entretien.
Pourriez-vous nous expliquer comment a débuté votre lien avec la KOICA ? Pourriez-vous également partager brièvement une expérience marquante vécue au sein de l’Agence ?
Bonjour, je m’appelle Ilwoo Nam et je suis la nouvelle directrice-pays du bureau de la KOICA en Tunisie. J’ai toujours eu un vif intérêt pour les cultures étrangères, ce qui m’a amenée à choisir comme spécialité universitaire la langue et la littérature anglaises.
Après avoir participé à un programme d’échange universitaire au Canada, j’ai décidé de prendre une année de césure afin d’apprendre une autre langue étrangère. J’ai séjourné au Mexique et voyagé à travers plusieurs pays d’Amérique latine, me laissant profondément captiver par le charme unique des pays en développement.
Cette expérience m’a inspiré le souhait de travailler un jour dans un pays en développement, ce qui m’a finalement conduite à rejoindre la KOICA. J’ai intégré l’Agence à la fin de l’année 2009 et j’y ai depuis consacré l’ensemble de ma carrière.
Mon premier poste à la KOICA, durant mon stage, fut au Département des Programmes de formation, où j’assurais l’appui aux stagiaires invités en Corée.
J’ai également participé à une formation spécifique pour la Tunisie et j’ai été impressionnée par l’attention avec laquelle l’ambassade de Tunisie en Corée accompagnait ses stagiaires.
Après mon recrutement officiel, j’ai débuté à la Division Amérique latine. Par la suite, j’ai servi au Bureau du Vietnam, à l’Équipe Asie du Sud-Est 1 (Cambodge, Laos, Myanmar), à l’Équipe Asie du Sud-Est 2 (Indonésie, Philippines), à l’Équipe Eurasie, et à l’Équipe Moyen-Orient, acquérant ainsi une expérience variée principalement dans les régions asiatiques.
Pourriez-vous partager le contexte ou les circonstances particulières ayant conduit à votre nomination en tant que directrice du Bureau de la KOICA en Tunisie ?
Avant même d’intégrer la KOICA, j’avais étudié l’espagnol et le français dans l’espoir de travailler dans un contexte où je pourrais les mettre en pratique.
Toutefois, j’ai principalement exercé mes fonctions en Asie. Bien qu’il s’agisse de ma première affectation en Afrique du Nord, cette région a toujours suscité un vif intérêt chez moi. Plus récemment, j’ai également exercé les fonctions de cheffe de l’Équipe Moyen-Orient, supervisant la région du Levant (Palestine, Jordanie, Irak). Ce rôle m’a permis de découvrir la sphère culturelle arabe interconnectée, qui s’étend jusqu’au Maghreb, et a renforcé mon intérêt pour cette aire géographique.
Les anciennes directrices et anciens directeurs du Bureau en Tunisie ont toutes et tous exprimé un avis très favorable à l’égard du pays. En particulier, on m’a souvent confié que « les Tunisiens sont chaleureux et bienveillants ». Ce qui m’a inspiré un sentiment de sympathie et d’anticipation avant même mon arrivée.
Je crois que la capacité de la Tunisie à intégrer les cultures diverses de l’Afrique, de l’Europe et du Moyen-Orient a contribué à son ouverture et à sa diversité — des moteurs essentiels de la force du pays. Comme la Corée et la Tunisie se trouvent toutes deux dans une situation où le développement doit passer par l’ouverture et la coopération avec d’autres nations, j’espère contribuer au développement des deux pays en partageant des expériences à travers les programmes de coopération de la KOICA.
Quelles ont été vos premières impressions ou attentes au début de votre mission en Tunisie ?
Les premières choses qui m’ont marquée ont été la lumière intense du soleil et la gentillesse des gens. J’avais entendu à plusieurs reprises parler de la puissance du soleil méditerranéen, mais le vivre en personne était une tout autre expérience. Les personnes que j’ai rencontrées, que ce soit dans un cadre professionnel ou dans la vie quotidienne, ont toujours été aimables et accueillantes. Ce qui m’a laissé une impression chaleureuse.
Je crois que la capacité de la Tunisie à intégrer les cultures diverses de l’Afrique, de l’Europe et du Moyen-Orient a contribué à son ouverture et à sa diversité — des moteurs essentiels de la force du pays. Comme la Corée et la Tunisie se trouvent toutes deux dans une situation où le développement doit passer par l’ouverture et la coopération avec d’autres nations, j’espère contribuer au développement des deux pays en partageant des expériences à travers les programmes de coopération de la KOICA.
Quels sont, sous votre direction, les principaux axes prioritaires pour le Bureau de la KOICA en Tunisie ?
La Tunisie est un pays de premier plan dans la région du Maghreb. Nous mettons actuellement en œuvre diverses activités de coopération triangulaire, notamment des programmes de formation dans le domaine des marchés publics, et nous préparons d’autres projets en nous appuyant sur l’expertise accumulée de la KOICA en matière de gouvernement électronique et de développement numérique. En m’appuyant sur les réalisations de mes prédécesseurs, je souhaite étendre cette expérience non seulement dans la région, mais aussi au-delà.
Au cours des deux dernières années, nous avons identifié de nouveaux projets agricoles en réponse au changement climatique. Grâce à mon prédécesseur, qui a mis en place un système permettant la diversification, nous visons à préparer minutieusement les nouveaux projets prévus pour 2026 dès leur phase de planification initiale. D’ici la fin de l’année, nous prévoyons de réaliser une étude de planification de projets et de consulter le ministère tunisien de l’Agriculture ainsi que d’autres institutions concernées, dans le but d’élaborer un plan concret.
La Tunisie étant un producteur d’huile d’olive reconnu à l’échelle mondiale, je pense que si la KOICA peut servir de pont pour relier ce secteur à la Corée, cela pourrait devenir un projet très porteur de sens.
Dans les domaines de la formation professionnelle et de la création d’emplois, j’espère également explorer de nouvelles possibilités au-delà des projets déjà en cours. En collaborant avec le pays partenaire et les organisations internationales, nous aspirons à développer de nouvelles initiatives dans ces domaines.
Par ailleurs, nous veillerons à ce que les volontaires de la KOICA, actifs sur le terrain, puissent exercer leur mission en toute sécurité et efficacité.
Nous prévoyons également de participer activement aux discussions sur les besoins en matière de déploiement de volontaires. Étant convaincue que ces volontaires jouent un rôle important dans la promotion de la culture coréenne, je souhaite créer un environnement dans lequel ils pourront pleinement exprimer leurs compétences.
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