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Percée du chiisme en Tunisie entre réalité et fantasme 

07. Juli 2025 um 09:02

Si la Tunisie est très majoritairement sunnite, le chiisme y a une présence historique et existe aujourd’hui sous une forme souvent plus culturelle ou «affective» que numériquement significative, tout en étant parfois l’objet de débats plus politiques que religieux. (Ph. Rassemblement de solidarité avec les femmes iraniennes devant le Centre culturel iranien, à Mutuellevile, Tunis).

Imed Bahri

Les récentes attaques militaires d’Israël et des Etats-Unis contre l’Iran ont certes provoqué une grande émotion en Tunisie et un courant de sympathie pour le peuple iranien, mais ce sentiment reste conjoncturel et exprime davantage un rejet de l’expansionnisme belliqueux d’Israël et de l’impérialisme décomplexé des Etats-Unis qu’une réelle sympathie pour le régime des mollahs en place à Téhéran. Car les Tunisiens, plus portés sur la modération et la négociation, ont toujours abhorré les radicalismes, qu’ils soient politiques ou religieux. Et l’Iran de la République islamique ne leur inspire pas confiance. Au contraire…

La Tunisie est un pays à très forte majorité sunnite, de rite malékite. Le poids du chiisme y est relativement faible en termes de nombre de fidèles. Cependant, des voix s’élèvent, notamment sur les réseaux sociaux, pour s’alarmer de la poussée du chiisme dans le pays que certains attribuent, à tort ou à raison, à l’activisme de prosélytes locaux proches du Centre culturel iranien ouvert dans le pays dans les années 1990 ou à un supposé tropisme iranien du président Kaïs Saïed que des opposants agitent sans en apporter la preuve.

La question de la présence chiite en Tunisie est complexe et a des dimensions historiques et sociopolitiques.

Une présence remontant au Xe siècle

En effet, le chiisme n’est pas un phénomène nouveau dans notre pays. Il a une présence ancienne, notamment liée à la période fatimide (Xe siècle), qui était une dynastie chiite.

Il existe aussi un «chiisme affectif et politique» qui s’exprime à travers une admiration pour Ahl Al-Bayt (la famille du prophète Mohamed), souvent plus dans une logique de justice que de confrontation.

Il n’existe pas de chiffres précis et récents sur le nombre exact de musulmans chiites en Tunisie. Cependant, les sondages sur la religiosité mentionnent souvent l’acceptation de la présence chiite (par exemple, un sondage de 2021 indique que 50,2% des Tunisiens acceptent qu’il y ait des chiites en Tunisie), mais cela ne se traduit pas par un pourcentage significatif de la population se déclarant chiite.

La grande majorité de la population reste donc musulmane sunnite (environ 99%).

La liberté de conscience garantie par la loi

Récemment, des discussions ont émergé concernant une possible «percée chiite» en Tunisie, parfois liée à des influences étrangères ou des questions politiques. Cependant, beaucoup soulignent que le chiisme tunisien est souvent distinct de celui du Moyen-Orient, porté par des intellectuels et sans radicalisme. L’hostilité entre sunnites et chiites, si elle existe, est surtout perceptible chez les groupes islamistes radicaux, qui sont aujourd’hui très marginaux dans notre pays.

Sur un autre plan, la Tunisie est un État civil qui garantit la liberté de conscience. Le chiisme est une doctrine reconnue, bien que son exploitation à des fins politiques soit un sujet de préoccupation pour l’État.

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