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Tunisie : l’hémorragie silencieuse des éleveurs de lait

13. November 2025 um 14:29

C’est une équation qui résume à elle seule un naufrage : produire un litre de lait coûte 1,900 dinar, mais il est vendu à 1,340. Dans les campagnes tunisiennes, des milliers d’éleveurs tirent le diable par la queue, étranglés par des coûts qui s’envolent et un prix de vente imposé. Derrière les rayons vides de beurre se joue une tragédie économique aux racines profondes.

L’absence de beurre dans les commerces n’est pas un simple accident. C’est le signe tangible d’une pénurie de lait frais local. Contrairement aux yaourts ou au lait UHT, le beurre ne peut pas être fabriqué à partir de poudre importée. Son absence des étals sonne comme un aveu : la production nationale de lait cru s’effondre.

Intervenant sur les ondes de Sabra FM, Midani Dhaoui, président du Syndicat tunisien des agriculteurs, alerte : « Le problème n’est pas la disparition du beurre, mais celle de notre cheptel. » Sécheresse historique, flambée du prix des aliments pour bétail, conséquences des guerres lointaines… La Tunisie, comme ses voisins, subit de plein fouet des chocs globaux.

L’impasse économique de l’éleveur tunisien

Les chiffres donnent le tournis. Une balle de foin à 40 dinars, une tonne d’aliments à 1,6 million. Dans ce contexte, comment justifier l’investissement dans une génisse à 14 millions de dinars, dont la production laitière ne couvrira même pas les frais ? La réponse est cinglante : c’est un suicide financier.

« On a imposé l’agenda social au producteur », dénonce Midani Dhaoui. L’éleveur est devenu le maillon sacrifié, contraint de vendre à perte pour maintenir un prix bas au consommateur. Une injustice qui, à terme, pourrait tarir définitivement la filière.

Subventions et importations : le syndicat propose une voie alternative

Face à cette spirale infernale, le syndicat avance des solutions. Rationaliser les subventions– qui profitent aujourd’hui jusqu’aux touristes- et réorienter les 400 millimes par litre directement vers la production. « Le rôle de l’éleveur est de produire, pas de financer la politique sociale du pays », assène le président.

Il plaide aussi pour une intervention d’urgence : importer massivement 100 000 à 200 000 têtes de bétail pour reconstituer le cheptel. Un investissement nécessaire, selon lui, pour sortir de cette « culture de consommation » qui favorise les importations au détriment du local. Le dirigeant agricole convoque la mémoire d’une époque révolue, où la Tunisie affichait des excédents laitiers. « Nous produisions 400 000 litres de trop par jour ! », se souvient-il. Le pays avait même construit une usine de séchage et constitué des réserves stratégiques.

Ce succès provenait d’une politique volontariste : importation de races performantes, croisements, professionnalisation. Un modèle qu’il propose de dupliquer aujourd’hui avec les petits ruminants.

Et demain ? La crainte d’une pénurie généralisée

La question se pose : après le beurre, assistera-t-on à la disparition du lait ? Midani Dhaoui tempère, évoquant un facteur saisonnier – les vaches se préparent à vêler en début d’année. Mais il reconnaît le risque : sans mesures fortes, la crise actuelle n’est qu’un avant-goût de ce qui pourrait arriver.

Les solutions sont sur la table, dit-il. Reste à savoir si les autorités les entendront, avant que la pénurie de beurre ne se mue en disparition pure et simple du lait tunisien.

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