Mohsen Hsan : « Le déficit énergétique est un frein majeur à l’économie tunisienne »
L’expert économique Mohsen Hsan a souligné que les politiques du gouvernement visant à contrôler les biens de consommation non essentiels pour le cycle économique sont inefficaces jusqu’à présent et que la réduction du déficit commercial du pays nécessite de désamorcer la crise du secteur énergétique.
Dans une interview accordée à l’Agence TAP, Mohsen Hsan a précisé qu’une baisse des importations de produits de base n’est pas envisageable. Toutefois, a-t-il ajouté, il existe une marge pour réduire les importations de produits de consommation non essentiels. Selon lui, la solution ne réside pas dans l’arrêt des importations, car certains pays, en particulier la Chine, sont des partenaires stratégiques. Il est plutôt crucial de soutenir les exportations tunisiennes vers ces pays tout en encourageant les investissements turcs et russes en Tunisie afin de mieux contrôler les effets sur la balance des paiements. L’expert a, en outre, appelé la Tunisie à adopter une nouvelle politique visant à soutenir l’exportation. À cet égard, il a souligné la nécessité de réviser les politiques sectorielles et de mieux gérer les systèmes agricoles à travers la création d’une commission placée sous la supervision du Président de la République ou du Chef du gouvernement.
Nécessité d’identifier une solution au déficit énergétique
Une autre dimension essentielle pour renforcer les exportations tunisiennes réside, selon l’expert, dans le secteur énergétique. Il rappelle que ce domaine a enregistré une régression au cours des années 2010-2011 en raison des choix stratégiques de l’État.
Hsan a plaidé pour la reprise des activités des entreprises internationales en Tunisie, tout en renforçant les efforts en matière de transition énergétique. Il s’agit notamment d’améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments et de développer la production d’énergies propres. L’expert économique a affirmé que le déficit énergétique actuel est « très dangereux ».
L’augmentation des importations de biens d’équipement témoigne d’une reprise de la demande
Hsan a souligné que le déficit commercial s’explique par la baisse des exportations des industries agroalimentaires de 16,5 %, notamment celles de l’huile d’olive, dont la valeur est passée de 1 323,9 millions de dinars (MD) à 107,6 MD. Cette chute est due à la diminution des prix mondiaux ainsi qu’à l’inefficacité des politiques nationales en matière de commercialisation et de valorisation des productions.
Selon l’expert, le gouvernement a tardé à intervenir pour soutenir l’effort du secteur privé dans la commercialisation des produits.
La situation est également aggravée par la baisse des exportations des industries mécaniques et électriques (IME), conséquence directe de la crise qui frappe l’espace européen, premier client de la Tunisie. De plus, le secteur textile a également connu un recul en raison de la diminution de la demande européenne, a-t-il expliqué.
Face à cette situation, la Tunisie doit se concentrer sur de nouvelles destinations. Il s’agit notamment d’améliorer ses exportations vers les pays arabes, comme la Libye, où elles ont enregistré une hausse de 51,6 %.
Il a également appelé à la création de nouvelles lignes maritimes pour faciliter le transport des biens vers la Libye, notamment via les ports de Zarzis et de Sfax, afin de permettre un meilleur accès aux pays du sud du Sahara.
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