L’essor contrasté de la dette intérieure africaine : entre autonomie financière et risques de refinancement
Les pays tels que le Ghana et le Mozambique, où les emprunts à court terme restent majoritaires, font face à des risques de refinancement récurrents qui fragilisent leur stabilité financière. Cette situation souligne les disparités importantes dans les modalités d’endettement domestique à travers le continent, et la nécessité d’adopter des stratégies adaptées pour réduire la vulnérabilité liée à la gestion de la dette intérieure.
Selon le site Ecofin, cette analyse met en lumière l’évolution majeure de la dette publique africaine entre 2000 et 2024, marquée par un important essor de la dette intérieure.
En effet, la valeur des émissions de dette sur les marchés domestiques africains est passée de 150 milliards de dollars en 2010 à près de 500 milliards en 2024, reflétant un changement profond dans la structure des financements publics du continent.
En moyenne, plus de la moitié des ressources mobilisées par les gouvernements africains proviennent désormais des marchés intérieurs, rompant avec une longue dépendance aux créanciers étrangers.
De ce fait, cette transition est principalement portée par des émissions initialement à court terme (bons du Trésor inférieurs à un an). Mais depuis 2022, environ la moitié des nouvelles dettes intérieures sont à moyen ou long terme.
Cette évolution s’accompagne d’un recul des flux de prêts externes, notamment chinois, en partie en raison des défauts récents de certains pays (Ghana, Zambie).
Toutefois, malgré cette autonomie accrue, la dette intérieure africaine présente des défis : elle est la forme de financement la plus coûteuse avec des taux d’intérêt de 10 à 13 %, bien supérieurs aux prêts multilatéraux (moins de 2 %).
Par ailleurs, la durée des emprunts reste très inégale selon les pays, de dix à quinze ans en Afrique du Sud ou Égypte, à des cycles courts dans des pays tels que le Ghana ou le Mozambique, exposant ces derniers à des risques de refinancement récurrents.
Cette montée de la dette intérieure, bien qu’elle contribue à l’approfondissement des systèmes financiers locaux et à une certaine autonomie monétaire, risque aussi d’engendrer un effet d’éviction sur le secteur privé et de concentrer les risques souverains au sein des institutions financières nationales.
La dette publique africaine a quadruplé depuis 2000, atteignant 2 000 milliards de dollars en 2024. La dette intérieure est devenue la principale source de financement, représentant plus de 50 % des émissions de dette publique.
L’endettement domestique a évolué d’instruments courts vers une part plus importante d’émissions à moyen/long terme depuis 2022.Les prêts multilatéraux offrent les taux les plus bas (< 2 %). Tandis que la dette domestique coûte entre 10 et 13 % d’intérêt. Il existe aussi une forte disparité entre pays dans la durée des emprunts domestiques, exposant certains à des risques élevés de refinancement.
Ainsi, ce boom de la dette intérieure permet de renforcer les systèmes financiers locaux mais peut aussi évincer le secteur privé et transférer les risques souverains aux institutions locales.
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