Salma Baccar : « J’espère que nous ne reviendrons jamais en arrière »
Aujourd’hui, les outils du monde virtuel sont à double tranchant. D’un côté, ils représentent une forme incontournable d’évolution à l’échelle internationale, servant aussi bien d’expression que de transmission de valeurs et de pensées. Mais d’un autre côté, ils peuvent rapidement devenir des instruments de violence. Dans certains courts-métrages, des filles sont agressées via des messages qui peuvent briser quelqu’un, voire le conduire au suicide. Comme nous l’avons encore vu lors de la cérémonie de clôture du concours vidéo pour sensibiliser les jeunes à la cyberviolence contre les femmes. Lequel avait lieu le jeudi 7 août 2025. Il était organisé par le Conseil de l’Europe, en partenariat avec le Ministère de la Famille, de la Femme, de l’Enfance et des Seniors. Rencontrée lors de cet événement, Salma Baccar, la réalisatrice et la présidente du Syndicat indépendant des réalisateurs-producteurs (SIRP) estime que les paroles blessantes sont particulièrement dangereuses. Elle précise dans ce contexte : « Si une personne manque de force intérieure ou de maturité pour résister, cela devient très difficile. C’est un réel piège. On pourrait penser qu’il suffit de bloquer l’agresseur; mais cela demande une lucidité que n’ont pas forcément les jeunes. Surtout à un âge où ils sont vulnérables. Contrairement aux adultes, qui peuvent rire de telles remarques, les jeunes ne disposent pas toujours d’outils de défense. Et ces attaques peuvent conduire à la dépression, voire au suicide, comme cela a malheureusement été le cas. On a ainsi entendu parler de jeunes écolières qui se sont suicidées. L’enquête révélant que la clé se trouvait dans leur téléphone, là où elles étaient agressées. »
Par ailleurs, elle a aussi évoqué la violence conjugale, qui est une autre forme importante de violence, notamment psychologique. Pour changer cela, il faut avant tout briser le mur du silence. Salma Baccar souligne à cet effet : « C’est une étape cruciale, que ce soit pour les femmes battues ou pour les jeunes filles harcelées qui ont peur d’en parler, même à leurs parents. C’est ce silence qui est le plus dangereux. Une fois ce mur brisé, la moitié du combat est déjà gagné. Malheureusement, certaines victimes ont tendance à se culpabiliser, alors qu’elles sont les victimes et non les coupables. Ce manque de prise de conscience doit être combattu : il faut dire que cette agression est celle de l’autre, jamais la faute de la victime. Ce message doit provenir aussi bien de la famille, de l’éducation à l’école, que des médias, même à travers de petites initiatives modestes comme celles que nous avons vues aujourd’hui. »
Quant au message adressé en ce 13 août, à l’occasion de la Journée nationale de la femme tunisienne, elle conclut : « J’espère que nous ne reviendrons jamais en arrière. Il est essentiel que les lois continuent d’évoluer grâce à des actions sociales et culturelles qui sensibilisent autant les hommes que les femmes. Une société ne peut prétendre à la démocratie ni à la liberté si la moitié de sa population est privée de parole. »
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