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Pour que l’injustice ne devienne pas une fatalité

03. Februar 2025 um 09:06

La lutte au quotidien des laissés-pour-compte, souvent invisibles et inaudibles, montre que nous vivons dans une société brutale, injuste et discriminatoire où l’on méprise les petites gens qui ne demandent rien d’autre que de la considération, du respect et, surtout, un minimum de justice, pour ne pas être totalement écrasés.

Salah Gharbi *

Depuis le 7 octobre 2023, les Tunisiens assistent bouleversés par le sort dramatique réservé aux Palestiniens de Gaza. Depuis cette date, ils ne cessent d’exprimer leur colère, de vociférer et de s’indigner, tantôt contre les Israéliens, tantôt contre les «Occidentaux», au nom du droit et de la justice.

Aussi légitime est notre colère et aussi sincère est notre compassion vis-à-vis de nos frères Palestiniens, elles ne sauraient nous détourner des drames humains qu’on côtoie tous les jours, tout près de chez nous, dans l’indifférence la plus totale.

Ainsi, alors que la situation dramatique des Gazaouis accapare l’attention des médias nationaux et internationaux, chez nous, des foules d’anonymes que nous croisons tous les jours, gémissent en silence, luttant au quotidien pour leur survie, ruminant leur amertume, à l’abri des regards ou dans à l’indifférence générale, privés parfois de leurs droits les plus élémentaires.

Les malheurs de Naïma

Naïma fait partie de ces damnés de la terre. Cette femme, qui partage un réduit avec le plus jeune de ses enfants, sans aucun soutien, se lève tôt chaque matin et passe sa journée à s’échiner d’une poubelle à l’autre à la recherche de bouteilles vides en plastique pour subsister.

Comme si l’acharnement du destin ne suffisait pas à son malheur, voilà l’injustice des hommes qui s’en mêle, quand, un jour, le propriétaire du logis, un fonctionnaire, décide de s’en prendre au jeune fils de la pauvre femme, en l’attaquant avec une bombe à gaz avant de le mettre à terre et de l’immobiliser avec un autre membre de sa famille pour lui arracher son portable qu’un parent vivant à l’étranger lui avait envoyé.

La scène, est d’une brutalité inouïe. Filmée par la caméra du voisinage, elle atteste, sans laisser place au doute, de la sauvagerie de l’agression.

L’affaire est portée devant la justice. Néanmoins, après des mois, la pauvre femme est désarçonnée et a du mal à comprendre le silence du parquet. «Et si mon fils avait été l’agresseur, l’aurait-on épargné ?», se demande-t-elle, avec amertume. De quoi alimenter les commentaires, parfois, les plus inattendus. Pour certains, le fonctionnaire, qui jouirait du soutien de sa puissante administration, serait à l’origine de la «lenteur des procédures». Ce dont cette pauvre mère est sûre, c’est que le combat est inégal, surtout qu’on l’a privée du bénéfice d’une aide juridique.

Certes, la justice a toujours besoin de sérénité et du temps pour dire le droit. Il est vrai aussi que, dans cette affaire, le présumé coupable risquerait gros, ce qui donnerait au verdict un caractère assez solennel. Mais, ne pas rendre la justice, ne pourrait contribuer qu’à attiser les rancœurs et compromettre, ainsi, la paix sociale que nous appelons de tous nos vœux.    

Pot de terre contre le pot de fer

Il semblerait que l’ordre juste pour lequel plaide le chef de l’Etat, beaucoup ont du mal à y adhérer réellement. En réalité, ces pauvres gens, à l’image de Naïma, qui subissent la double peine, celle de l’indigence et celle l’injustice, semblent condamnés à rester, pour nous, aussi bien invisibles qu’inaudibles. Il semblerait que ces «sans voix» qui n’ont pas les faveurs des micros, ni celles des caméras, n’intéressent personne.

L’histoire de cette vraie militante qui lutte au quotidien, avec dignité, contre la faim et l’injustice, doit nous interpeller, nous alerter et nous faire prendre conscience qu’on vit dans une société brutale, injuste et discriminatoire où l’on méprise et écrase les petites gens qui ne demandent autre chose que de la considération et du respect. 

* Ecrivain.

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