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Séisme en Turquie | Un pays bâti sur des fractures  

11. August 2025 um 08:19

Hier, dimanche 10 août 2025, un séisme de magnitude 6,1 a frappé la province de Balıkesir, à l’ouest de la Turquie. Une femme a perdu la vie, des dizaines de personnes ont été blessées, et plusieurs maisons se sont effondrées. Grâce aux systèmes d’alerte, de nombreuses familles ont pu se mettre à l’abri, limitant ainsi les dégâts humains et matériels. Mais au-delà des murs qui tombent et des pierres qui se fissurent, c’est un paysage plus subtil qui vacille : celui d’une société traversée par des tensions profondes, héritées de son histoire et amplifiées par son présent. 

Manel Albouchi  

La Turquie, carrefour des plaques tectoniques anatolienne, eurasienne et arabique, vit au rythme des secousses. La faille nord-anatolienne, longue et redoutée, est comme une cicatrice dans la chair du pays : elle nous rappelle la précarité des certitudes et l’impossibilité de figer le monde. 

Selon le Disaster and Emergency Management Authority (Afad), la Turquie connaît en moyenne 1 500 secousses par an, dont une vingtaine peuvent être ressenties par la population. Chaque vibration de la terre est un rappel : rien n’est immobile, tout se transforme. 

Un persistant sentiment d’insécurité

De l’Erzincan de 1939 à l’Izmit de 1999, en passant par Van en 2011, chaque grande secousse a laissé une trace indélébile dans la mémoire collective. Les pertes ne se mesurent pas seulement en vies ou en bâtiments, mais aussi en confiance, en repères, en stabilité intérieure. 

Les séismes engendrent souvent un état de stress post-traumatique, de l’anxiété, et le sentiment d’insécurité persistant, qui se répercutent sur la cohésion sociale. 

Face à la menace constante des séismes, la Turquie a entrepris plusieurs réformes : 

  • le renforcement des normes parasismiques dans la construction depuis 2007 ; 
  • le déploiement d’un système d’alerte précoce performant ;
  • la formation d’équipes spécialisées de secours capables d’intervenir rapidement. 

Ces mesures ont montré leur efficacité lors du séisme de Balıkesir. Pourtant, la résilience d’un pays ne se mesure pas seulement à ses infrastructures, mais aussi à sa capacité à restaurer la confiance et la justice sociale. 

L’arrestation qui fait vibrer encore la rue 

Aujourd’hui, la Turquie traverse un autre type de séisme. En juillet 2025, l’arrestation du maire d’Istanbul, Ekrem İmamoğlu, figure de renouveau politique, a déclenché des protestations massives. Cette crise politique s’ajoute au sentiment d’injustice et d’aliénation ressenti par une partie de la population. 

Cette situation engendre une dissonance cognitive : les citoyens perçoivent un décalage entre leurs aspirations démocratiques et la réalité politique. Cette fracture nourrit une hypervigilance collective, où chaque événement naturel ou humain agit comme un choc supplémentaire. 

Le séisme de Balıkesir est plus qu’un événement géologique : c’est une métaphore de ce que vit la Turquie. Comme la terre qui se réajuste sous nos pieds, la société turque est à un moment charnière, entre fragilité et transformation possible. Et peut-être que dans chaque secousse, il y a un message : celui que toute stabilité est à construire encore et encore. 

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