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Les Accords d’Abraham au cœur de la visite d’Al-Charaa à Washington

11. November 2025 um 12:03

Volte-face spectaculaire pour cet ancien djihadiste qui avait combattu les troupes américaines en Irak, Ahmed Al-Charaa. Le président syrien par intérim, scelle le rapprochement avec l’ennemi d’hier lors de sa visite à Washington.

 

Qui aurait cru que le président des Etats-Unis déroule un jour le tapis rouge à la Maison Blanche en l’honneur du président syrien par intérim, Ahmed Al-Charaa, alias Abou Mohammed al-Joulani l’ancien djihadiste qui aura passé six années dans les geôles américaines d’Abou Ghraib avant de prêter allégeance à l’Etat islamique puis de diriger l’ancienne branche locale d’Al-Qaïda, Hayat Tahrir al-Cham (HTC). L’homme qui, il y a à peine un an, a réussi la prouesse de renverser la dynastie Assad, longue d’un demi-siècle. Mettant fin à plus de treize ans de guerre civile, avant de troquer le treillis militaire pour endosser le costume trois pièces présidentiel ?

En effet, l’homme fort de Damas est le premier chef d’Etat syrien, depuis l’indépendance du pays en 1946, à être reçu à la Maison-Blanche, lundi 10 novembre, par Donald Trump. La visite du dirigeant syrien a lieu au lendemain de son retrait de la liste noire américaine du terrorisme. Et ce, dans la foulée de la levée jeudi des sanctions contre la Syrie par le Conseil de sécurité de l’ONU pour saluer l’engagement des nouvelles autorités à « lutter contre le terrorisme ».

Double avantage pour Washington

Reste à savoir si le président américain recevait l’ancien djihadiste dont la tête a été mise à prix à 10 millions de dollars par le FBI par charité chrétienne ? Plutôt pour attirer la Syrie, ancienne chantre du nationalisme arabe, dans le giron du camp occidental pour mieux contrecarrer la présence russe en Syrie. Les États-Unis obtiennent ainsi un double avantage, la réduction de l’influence russe en Méditerranée et le renforcement de leur ancrage militaire dans la région.

D’ailleurs, au menu de la visite du dirigeant syrien à Washington, figurent l’engagement syrien à prévenir toute résurgence de l’EI. Et ce, avec : un accord pour rejoindre la coalition anti djihadiste menée par les Etats-Unis contre l’Etat Islamique (EI); l’expulsion des factions terroristes étrangères, y compris palestiniennes. Ainsi que la négociation de l’établissement d’une base militaire près de Damas. Et, cerise sur le gâteau : pourquoi pas ne pas inciter l’hôte syrien, dans le feu de l’action, à rejoindre Les Accords d’Abraham en normalisant ses relations avec l’Etat hébreu, pays avec lequel la Syrie est théoriquement en état de guerre ?

Un chantier colossal

A quel prix ? En contrepartie à l’adhésion aux Accords d’Abraham, Washington a fait miroiter à Damas la levée définitive des sanctions internationales imposées sous le régime d’Assad. Et ce, conformément aux discussions amorcées lors de la première rencontre en Arabie saoudite en mai dernier. Ainsi que l’aide à reconstruction de la Syrie, un chantier dont le coût pourrait dépasser la somme astronomique de 216 milliards de dollars selon la Banque mondiale.

D’ailleurs, des accords ont déjà été signés avec les Émirats arabes unis pour la gestion portuaire. La concession d’un terminal à conteneurs à Lattaquié a par exemple été donné à une compagnie maritime française pour 230 millions d’euros. Le Qatar, la Turquie et les États-Unis ont également conclu un accord de sept milliards de dollars dans le domaine de l’énergie.

Un allié stratégique

Et ce n’est pas un secret que la stabilité de la Syrie représente un atout majeur pour Washington. Car, en faisant de ce pays un allié stratégique, les États-Unis sécurisent les nouvelles routes énergétiques reliant le Golfe à la Méditerranée par la Syrie, contournant de facto l’Iran et la Russie. De même, un réseau de gazoducs traversant la Turquie permettrait d’approvisionner l’Europe, tout en plaçant la Syrie au cœur d’un corridor stratégique sous influence américaine.

Washington contrôlerait alors les routes commerciales régionales et consoliderait sa position face à l’Iran et à la Russie. Tout en intégrant la Syrie dans sa stratégie globale anti Chine.

Le choix impossible

Au final, le président syrien de transition Al-Charaa finira-t-il par céder aux pressions américaines pour assurer la survie économique de son pays ?

Alors même que la population syrienne, épuisée par 13 ans d’une sanglante guerre civile qui a fait plus de 500 000 morts, traverse l’une des crises humanitaires les plus graves de notre époque. En effet, les Nations Unies estiment que près de 90 % des Syriens vivent aujourd’hui sous le seuil de la pauvreté. Une conséquence directe de l’inflation galopante, la dévaluation de la livre syrienne et la hausse des prix des denrées de base.

À cela s’ajoutent les sanctions internationales et les conséquences du séisme de 2023, qui ont aggravé la précarité. Des millions de Syriens sont toujours déplacés à l’intérieur du pays ou réfugiés à l’étranger, confrontés à l’incertitude et à la pauvreté extrême.

Est-il étonnant qu’avec ce qu’elle a vécu en un demi-siècle sous l’ère du clan Assad, la population syrienne n’aspire qu’à la stabilité économique; avant toute rhétorique pompeuse glorifiant ce qui reste des vestiges du nationalisme arabe ?

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