Le FMI met en garde contre le risque d’explosion de la dette en Europe
Le Fonds monétaire international (FMI) met en garde, dans un rapport publié lundi 10 novembre par Capital, intitulé « Comment l’Europe peut-elle payer pour des choses qu’elle ne peut pas se permettre ? », contre le risque d’une explosion de la dette publique en Europe au cours des 15 prochaines années, en raison de l’augmentation des besoins de dépenses et de la hausse des coûts d’emprunt.
Comme le souligne le FMI, l’Europe est confrontée à d’importantes pressions budgétaires liées à de nouvelles priorités (telles que la défense et la sécurité énergétique), à l’augmentation des coûts du vieillissement de la population (retraites et soins de santé) et à la hausse des coûts d’emprunt. Sans mesures politiques immédiates, la dette publique pourrait exploser au cours des 15 prochaines années.
« L’héritage des chocs précédents demeure considérable, la dette publique ayant fortement augmenté pendant la pandémie et restant élevée », note le FMI. Parallèlement, le vieillissement de la population continue de faire grimper les dépenses de santé et de retraite,. Tandis que le ralentissement de l’offre de main-d’œuvre risque de freiner la croissance et les recettes publiques.
En outre, les gouvernements doivent faire face à de nouvelles exigences, telles que les dépenses de défense, ainsi que les coûts liés à la sécurité énergétique et à la numérisation.
Si rien n’est fait, la dette publique suivra une trajectoire insoutenable, souligne le FMI. D’ailleurs, l’institution de Bretton Woods prévoit que la dette moyenne d’un pays européen pourrait atteindre 130 % de son PIB d’ici 2040. Soit près du double du niveau actuel. Si la dette est pondérée par le PIB, elle pourrait même atteindre 155 %. Certaines des plus grandes économies européennes affichant les ratios d’endettement les plus élevés.
Les pressions exercées sur les dépenses de santé, de retraite, de défense et de lutte contre le changement climatique devraient collectivement augmenter les dépenses publiques en moyenne d’environ 4,5 points de pourcentage du PIB dans les économies développées d’ici 2040. Alors que pour les pays d’Europe centrale, orientale et du Sud-Est, cette augmentation devrait atteindre 5,5 points de pourcentage du PIB.
Par ailleurs, le rapport souligne que, dixit la littérature économique, la dette publique freine la croissance, surtout lorsqu’elle atteint des niveaux élevés. En effet, une dette plus importante peut entraîner une hausse des taux d’intérêt sur les obligations d’État, notamment en raison de l’augmentation des anticipations d’inflation. Ce qui rend les conditions de financement plus difficiles et décourage les investissements productifs.
Cela peut également engendrer des anticipations de hausse des impôts, limitant ainsi les investissements; ou créer des risques pour la stabilité financière, en raison de l’exposition des banques à la dette publique.
En moyenne, les études pertinentes montrent qu’une augmentation de 10 points de pourcentage du ratio dette/PIB réduit la croissance annuelle du PIB d’environ 0,05 à 0,2 point de pourcentage, lorsque la dette dépasse 75 % du PIB.
Compte tenu de ces éléments, le FMI estime que l’augmentation de la dette, sans mesures correctives, pourrait ralentir le taux de croissance annuel du PIB d’environ un demi-point de pourcentage d’ici 2040. Ce qui est significatif étant donné le taux de croissance potentiel d’environ 2 % en moyenne dans tous les pays européens.
À leur tour, une croissance plus faible et des taux d’intérêt plus élevés aggraveraient la dynamique de la dette. Et le ratio d’endettement moyen atteindrait environ 150 % du PIB d’ici 2040 (ou près de 190 % pondéré par le PIB).
Le FMI affirme donc que l’Europe a besoin d’une politique ambitieuse pour faire face à la croissance explosive de la dette. Elle devra comprendre à la fois des réformes et des mesures de consolidation budgétaire.
Une politique qui devrait reposer sur trois piliers
Premièrement, des réformes qui renforceront la capacité du gouvernement à faire face aux pressions en stimulant la croissance économique. Par exemple, des réformes du marché des produits, du marché du travail et de la gouvernance, ainsi qu’un marché unique européen plus approfondi. Lesquelles permettront de réduire certaines pressions sur les dépenses. Et ce, notamment, en ajustant les systèmes de retraite pour atténuer les coûts du vieillissement, de l’augmentation de l’espérance de vie et qui allégeront la charge pesant sur les budgets nationaux.
Deuxièmement, des mesures de consolidation budgétaire à moyen terme, tant du côté des recettes que des dépenses. Celles-ci pourraient inclure la mobilisation des recettes par une réforme de la politique fiscale et une meilleure gestion des recettes, ainsi qu’une priorisation plus stricte des dépenses et une efficacité accrue.
Troisièmement, le rapport du FMI note que, dans certains pays, des mesures fiscales plus radicales pourraient être nécessaires, notamment une réévaluation de l’étendue des services publics.
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