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Les Émirats vont-ils enfin lâcher Hemedti Dagalo?

08. November 2025 um 08:50

Dans l’échelle du crime, le boucher du Darfour Mohamed Hamdan Dagalo, que tout le monde appelle Hemedti, joue dans la même catégorie que le génocidaire israélien Benjamin Netanyahu. Toutefois, il semble que le vent a tourné et qu’il commence à perdre un soutien de poids. Certains médias internationaux indiquent que les Émirats arabes unis ont commencé à reconnaître les erreurs de leur politique au Soudan suite aux massacres d’El Fasher, marquant ainsi leur première admission officielle d’un changement d’approche depuis leur soutien aux Forces de soutien rapide (FSR) après le coup d’État militaire de 2021. (Photo : Femmes et enfants déplacés d’El-Fasher dans un camp à Tawila, lundi – AP).

Imed Bahri

Les récentes déclarations d’Anwar Gargash, l’un des responsables les plus importants de la diplomatie émiratie, témoignent d’une évolution de la position des Emirats et d’une tentative de prendre ses distances avec la milice d’Hemedti, devenue un fardeau politique et moral pour Abou Dhabi.

Cette prise de distance intervient dans un contexte de pression internationale croissante et d’inquiétudes quant à l’impact de ses liens économiques étroits –notamment dans le secteur de l’or et les ports de la mer Rouge– sur son rôle futur au Soudan.

The Guardian rapporte que, pour la première fois, les Émirats ont publiquement reconnu les erreurs de leur politique au Soudan, après que leur réputation internationale a été ternie par leur soutien aux FSR, responsables de massacres à El-Fasher, capitale du Darfour-Nord, suite à la prise de contrôle de la ville à la fin du mois dernier.

Abou Dhabi avoue s’être trompé

Dans un discours prononcé à Bahreïn, Anwar Gargash, conseiller diplomatique de l’émir d’Abou Dhabi et président des Émirats Mohamed Ben Zayed, a déclaré que les Émirats arabes unis et d’autres pays avaient «commis une erreur en n’imposant pas de sanctions aux auteurs du coup d’État de 2021», en référence au putsch ayant renversé le gouvernement de transition civil au Soudan conduit par Abdallah Hamdok et soutenu à la fois par le chef de l’armée régulière le général Abdel Fattah Al-Burhan et Mohamed Hamdan Dagalo (Hemedti), chef des FSR.

Après, ces deux derniers ont évincé le gouvernement civil de Hamdok et ont pris le pouvoir ensemble avant de se déchirer ce qui a conduit à la guerre civile ayant éclaté en avril 2023.

«Nous avons tous commis une erreur en laissant ces deux généraux rivaux renverser le gouvernement civil», a affirmé M. Gargash avant d’ajouter: «Rétrospectivement, il s’agissait d’une erreur fondamentale. Nous aurions dû rester fermes et qualifier ce qui s’est passé de coup d’État, mais nous ne l’avons pas fait».

The Guardian estime que cette déclaration marque un tournant important dans la position des Émirats arabes unis, Abou Dhabi ayant joué un rôle prépondérant depuis la chute du régime d’Omar Hassan el-Béchir en 2019 en affaiblissant les forces civiles et en renforçant l’influence de l’armée, sous prétexte de «garantir la stabilité»

Du soutien total à la reconnaissance des erreurs

Suite au soulèvement de 2019, les Émirats et l’Arabie saoudite ont cherché à renforcer le Conseil militaire de transition qui a succédé à Omar El-Béchir, en lui accordant une aide de 3 milliards de dollars.

Cependant, lorsque les civils ont repris le contrôle du gouvernement, une part importante de cette aide a été gelée. Jonas Horner, du Conseil européen des relations étrangères, affirme que cette décision a directement fragilisé le gouvernement civil et ouvert la voie au coup d’État de 2021, puis à la guerre civile de 2023. «Si les États du Golfe avaient soutenu le gouvernement civil comme promis, le destin du Soudan aurait été radicalement différent», ajoute Horner.

Aujourd’hui, quatre ans après le coup d’État, les Émirats admettent pour la première fois que leur politique a dévié de sa trajectoire et qu’ils sont contraints de prendre leurs distances avec les FSR qu’ils ont parrainées.

Armement non déclaré et démentis officiels

Des rapports concordants de l’Onu et de la presse indiquent que les Émirats ont secrètement armé les FSR, malgré leurs démentis répétés. En janvier dernier, l’administration Biden a imposé des sanctions à Hemedti et à sept entreprises basées aux Émirats, les accusant de financer la milice.

Pendant 18 mois, des organisations de la société civile soudanaise ont averti que la prise de contrôle d’El-Fasher par les FSR entraînerait des massacres à motivation ethnique, imputant une responsabilité particulière aux Émirats, puissance la plus influente sur Hemedti.

Malgré la condamnation des massacres par Abou Dhabi, le pays a tenté d’en rejeter la faute sur l’armée soudanaise, se présentant comme victime de «campagnes de désinformation menées par des factions islamistes au sein de l’armée et des organisations occidentales hostiles aux Émirats arabes unis».

Cependant, des militants des droits humains comme Yasmin Ahmed de Human Rights Watch ont affirmé que le véritable test pour cette évolution de la position des Émirats serait leur coopération avec le comité des Nations Unies sur l’embargo sur les armes au Soudan.

Intérêts économiques et politiques étroitement liés

Les Émirats entretiennent des liens économiques étroits avec le Soudan depuis plusieurs décennies, considérant ce pays comme une source vitale de denrées alimentaires et de minerais mais aussi comme un point stratégique important sur la mer Rouge.

En 2022, Abou Dhabi Ports a investi environ 6 milliards de dollars dans le projet de port d’Abu Amama, au nord de Port-Soudan, avant que Burhan ne l’annule. Cette décision a incité Abou Dhabi à veiller à la protection de ses intérêts dans tout futur accord politique.

L’or soudanais demeure la principale ressource du pays. Selon les données de 2024, les exportations officielles d’or vers les Émirats ont atteint 1,52 milliard de dollars, soit environ 97 % du total des exportations officielles du Soudan. Cependant, les chiffres réels sont bien plus élevés, car près de 90% de la production soudanaise, estimée à 13,4 milliards de dollars par an, est acheminée clandestinement vers les Émirats arabes unis via les pays voisins.

La famille Hemedti entretient des liens commerciaux directs avec les Émirats, possédant d’importantes mines d’or au Darfour par le biais de la société Al-Junaid. Hemedti a également envoyé des milliers de combattants au Yémen pour soutenir la coalition dirigée par l’Arabie saoudite et les Émirats, renforçant ainsi les liens politiques et militaires.

Outre les intérêts économiques, la politique des Émirats est guidée par des considérations idéologiques. Le pays perçoit l’islam politique, et en particulier les Frères musulmans, comme une menace existentielle qu’il convient d’endiguer. Dans cette optique, le soutien à Hemedti était considéré comme un moyen efficace de saper l’influence des islamistes.

L’épreuve post-El-Fasher

Face au fardeau moral et politique que représentent les massacres perpétrés par les FSR, les Émirats subissent une pression croissante pour s’engager dans la résolution de la crise soudanaise. Washington estime que la clé d’un règlement réside dans un accord parrainé par les Émirats et l’Égypte (qui soutient Abdel Fattah Al-Burhan) qui inciterait les belligérants –les FSR et l’armée– à parvenir à un cessez-le-feu global.

En septembre, les États-Unis, l’Arabie saoudite, l’Égypte et les Émirats ont signé une déclaration commune définissant le cadre d’une trêve humanitaire de trois mois, suivie d’une période de transition civile de neuf mois. La déclaration affirmait: «L’avenir de la gouvernance au Soudan sera décidé par le peuple soudanais au terme d’un processus de transition global, non dominé par aucun groupe armé»

Cependant, le dernier paragraphe reflétait la ligne rouge traditionnelle des Émirats: «L’avenir du Soudan ne saurait être déterminé par des groupes extrémistes violents liés aux Frères musulmans»

Quelle est la position exacte d’Abou Dhabi?

La question demeure : les Émirats peuvent-ils véritablement rompre leurs liens avec les FSR?

La réponse dépendra de la façon dont ils perçoivent Hemedti: est-il un partenaire indispensable à la réalisation de leurs intérêts économiques et à la lutte contre les islamistes, ou un fardeau menaçant leur image de puissance «stable et rationnelle»?

Comme l’a déclaré Cameron Hudson, ancien responsable américain du dossier soudanais: «Les Émirats nient catégoriquement toute implication. Tant que nous n’aurons pas établi les faits concernant la situation et les responsables, nous ne pourrons pas trouver de solution»

La prochaine étape révélera si Abou Dhabi passera du déni à l’action et du financement et du déni à la reddition de comptes et à la réconciliation.

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