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Un monde en guerre économique : la Tunisie à la croisée des chemins

03. Oktober 2025 um 14:46

Les équilibres commerciaux planétaires subissent une transformation profonde. Ce qui structurait hier les relations économiques internationales s’effrite sous l’effet de rivalités stratégiques et de logiques d’influence. Sami Mensi, professeur et responsable du département d’économie à l’École supérieure de commerce de Tunis, a exposé lors d’une intervention radiophonique sur RTCI les contours de cette mutation et ses implications pour la Tunisie.

Pour l’économiste, il ne s’agit pas d’une fin de la mondialisation, mais d’une reconfiguration. Depuis 2018, les flux commerciaux suivent de nouvelles lignes de fracture : les échanges s’intensifient entre partenaires partageant des affinités politiques, tandis qu’ils s’amenuisent entre blocs adverses. Cette réorganisation, discrète mais réelle, redéfinit les règles du jeu économique international. Retour sur la Tunisie.

L’interdépendance économique, autrefois perçue comme vecteur de stabilité, s’est muée en outil de pression. Sami Mensi souligne qu’environ un cinquième des marchandises circulant à l’échelle mondiale relèvent de secteurs stratégiques, avec une concentration chinoise marquée sur plusieurs d’entre eux. Cette situation engendre des fragilités que les grandes puissances cherchent désormais à corriger par des politiques de rapatriement industriel et de partenariats ciblés. Les États-Unis privilégient les relocalisations vers des pays alliés (« friend-shoring »), l’Europe favorise les productions de proximité (« near-shoring »).

Un affrontement économique d’un genre nouveau émerge, caractérisé par l’usage de sanctions, le contrôle des transferts technologiques et la compétition normative. Washington mise sur une renaissance industrielle pour réduire ses vulnérabilités, Bruxelles tente de concilier ouverture commerciale et protection de ses intérêts vitaux, tandis que Pékin consolide son emprise sur des segments clés de l’économie mondiale et développe son influence régionale.

Face à ce réagencement, les pays en développement disposent de marges d’action, estime Mensi. La Tunisie se trouve dans une situation particulière : elle écoule plus de 70 % de ses exportations vers l’Union européenne et le Maghreb et dépend à plus de 80 % de l’extérieur pour son approvisionnement énergétique. Ces faiblesses structurelles restreignent ses options, mais le pays possède également des ressources significatives : un positionnement méditerranéen valorisable et un vivier de 250 000 étudiants susceptible de porter l’innovation et de nourrir une stratégie d’influence.

Exploiter ces atouts nécessite une approche structurée, selon l’économiste. Il préconise une insertion réfléchie dans les circuits régionaux de production, l’amélioration des capacités portuaires et logistiques, ainsi qu’une diplomatie commerciale offensive. La Tunisie gagnerait à cultiver une posture de neutralité constructive, en tissant des liens équilibrés avec l’Europe, la Chine, les monarchies du Golfe et l’Afrique subsaharienne. Le pays devrait également engager une montée en qualité de son tissu industriel, en ciblant les biotechnologies, l’économie numérique et les énergies propres, tout en préservant ses secteurs sensibles.

Sami Mensi martèle qu’une posture d’attente serait préjudiciable. Dans un contexte où les positionnements géopolitiques pèsent de plus en plus sur les trajectoires économiques, la Tunisie doit repenser en profondeur son schéma de développement. Plutôt que de rester en retrait, elle devrait ambitionner un rôle de plateforme régionale, en capitalisant sur ses compétences humaines et en menant une politique extérieure à la fois flexible et indépendante.

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