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De Dakar à Tunis, une coopération bilatérale au service de l’intégration africaine

11. Oktober 2025 um 11:37

Les relations entre la République Tunisienne et la République du Sénégal sont l’illustration d’une coopération Sud-Sud enracinée dans l’histoire et tournée vers l’avenir. Ces deux nations, unies par des valeurs de fraternité, de solidarité et de développement partagé, trouvent aujourd’hui un nouvel élan dans un contexte mondial marqué par la montée en puissance du continent africain. Portées par la vision panafricaine du président de la République Tunisienne, Kaïs Saïed, qui place l’Afrique au centre de la diplomatie et de la stratégie économique tunisienne, ces relations bilatérales sont appelées à jouer un rôle moteur dans la construction d’une Afrique souveraine, intégrée et prospère.

Un socle historique de fraternité et de coopération

La Tunisie et le Sénégal partagent une histoire diplomatique marquée par la constance et la confiance mutuelle. Dès les années 1960, au lendemain des indépendances, Tunis et Dakar se sont rapprochés sur la base de leur engagement commun pour l’autodétermination africaine, la paix et le développement.

Ce rapprochement s’est concrétisé par :

• Des accords bilatéraux dans les domaines de l’éducation, de la culture et du commerce.

• Des échanges universitaires qui ont permis à des milliers d’étudiants sénégalais de bénéficier de la qualité de l’enseignement tunisien, notamment en médecine, en ingénierie et en droit.

• La coopération technique avec l’envoi de compétences tunisiennes au Séné- gal, en particulier dans la santé et les infrastructures.

• Des initiatives culturelles visant à rapprocher les peuples et à renforcer la connaissance mutuelle.

Cet héritage témoigne de la profondeur d’une fraternité historique, qui dépasse le simple cadre diplomatique pour s’enraciner dans les sociétés civiles.

La rencontre Sénégal-Tunisie : un signal politique fort

La récente rencontre entre Son Excellence Monsieur Bassirou Diomaye Faye, Président du Sénégal, et Madame Sarra Zaafrani Zenzri, Première ministre de la Tunisie, en marge du sommet TICAD 9 au Japon, symbolise cette nouvelle étape. Les deux autorités ont rappelé la solidité des liens historiques et exprimé leur volonté de redynamiser et diversifier la coopération. Cette rencontre illustre la convergence de vues entre Tunis et Dakar :

• Placer l’Afrique au cœur des priorités.

• Renforcer la synergie entre les secteurs privés.

• Identifier de nouveaux domaines de partenariat.

Cette dynamique trouve un appui décisif dans la diplomatie de Kaïs Saïed, qui prône une Afrique tournée vers elle-même, capable de valoriser ses richesses et ses compétences.

Une complémentarité géographique et économique

Les deux pays disposent d’atouts stratégiques qui se complètent.

La Tunisie : située au carrefour de la Méditerranée, elle est une porte d’entrée vers l’Europe et le Moyen-Orient, mais aussi une plateforme de projection vers le reste de l’Afrique. Son économie repose sur un tissu industriel diversifié (textile, mécanique, pharmaceutique, électronique), un secteur des services avancé et un capital humain hautement qualifié.

Le Sénégal : hub de l’Afrique de l’Ouest, il bénéficie d’une façade atlantique ouverte, d’une stabilité politique et d’un rôle central au sein de la CEDEAO. Dakar est une capitale économique et diplomatique de premier plan, connectée aux flux internationaux. Cette complémentarité géographique et économique crée les conditions d’un axe stratégique Méditerranée-Atlantique, capable de stimuler les flux commerciaux et les investissements interrégionaux.

La Tunisie : un partenaire économique stratégique pour le Sénégal

Au-delà de la diplomatie et de la volonté politique, la Tunisie occupe déjà une place de choix dans l’économie sénégalaise. Elle se positionne comme un partenaire stratégique et un acteur clé sur plusieurs niches du marché.

1er fournisseur mondial du Sénégal :

• Huile d’olive : 50% de part de marché.

• Dattes : 47%.

• Couscous : 30%.

• Carbonate de calcium : 40%.

2ème fournisseur :

• Résines : 29%.

• Plâtre : 24%.

3ème fournisseur :

• Graisses & huiles végétales : 15% du marché.

Ces chiffres confirment que la Tunisie est un fournisseur incontournable et un partenaire de confiance pour le marché sénégalais, avec une offre diversifiée qui combine produits traditionnels (dattes, huile d’olive, couscous) et intrants industriels (résines, plâtre, carbonate de calcium).

Cette position économique démontre que la coopération bilatérale ne se limite pas aux intentions politiques, mais s’appuie sur une base commerciale solide et prometteuse.

Les secteurs prioritaires de coopération

La relance de la coopération tuniso-sénégalaise s’oriente autour de plusieurs secteurs stratégiques :

1. La santé : • Mise en place de partenariats hospitaliers.

• Transfert de compétences médicales tunisiennes.

• Création de centres de formation spécialisés.

2.Le numérique et l’innovation :

• Développement de startups et de hubs technologiques.

• Cybersécurité et solutions fintech.

• Coopération dans le domaine de la e-gouvernance.

3. Les investissements productifs :

• Co-investissements dans l’agro-industrie, l’énergie renouvelable et les infrastructures.

• Développement de projets communs dans les zones économiques spéciales. • Promotion du tourisme durable.

4. La migration organisée et la formation :

• Encadrement des mobilités étudiantes et professionnelles.

• Reconnaissance mutuelle des diplômes.

• Mobilité circulaire bénéfique pour les deux économies.

5. L’éducation et la recherche :

• Partenariats universitaires et programmes conjoints.

• Echanges scientifiques et techniques.

• Coopération dans la recherche appliquée.

Vers un mécanisme bilatéral structuré

Afin de concrétiser ces ambitions, un mécanisme bilatéral solide doit être mis en place.

Il pourrait reposer sur :

• Un cadre juridique modernisé, incluant des accords sectoriels actualisés.

• Un comité mixte permanent, chargé du suivi et de l’évaluation des projets.

• Une plateforme économique commune, facilitant les partenariats B2B et le partage d’informations.

• Des incitations fiscales et douanières, encourageant l’investissement et les co-implantations.

• Un dispositif académique renforcé, pour former les compétences nécessaires aux futurs projets.

La CTSCI, catalyseur de coopération

La Chambre tuniso-sénégalaise de commerce et d’industrie (CTSCI) est au cœur de cette dynamique. Elle constitue non seulement un cadre institutionnel de dialogue économique, mais aussi un instrument opérationnel permettant de transformer les orientations politiques en résultats concrets.

1. Un pont entre les secteurs privés

La CTSCI facilite la mise en relation entre les entreprises tunisiennes et sénégalaises. Elle organise des rencontres B2B, des forums économiques, des salons sectoriels et des missions d’affaires. Ces initiatives permettent aux entrepreneurs des deux pays d’identifier des partenaires fiables et de bâtir des projets communs.

2. Un catalyseur pour l’investissement

En fournissant des informations stratégiques sur les opportunités d’affaires et les cadres réglementaires, la CTSCI réduit les risques et encourage les entreprises à investir. Elle accompagne les projets de co-investissement dans des secteurs variés : agroalimentaire, construction, numérique, santé, énergies renouvelables.

3. Une plateforme de facilitation

La CTSCI joue un rôle de médiateur pour lever les obstacles administratifs et logistiques. Elle aide les entreprises à comprendre les réglementations locales, à accélérer les procédures douanières et à bénéficier des régimes d’incitation mis en place par les deux gouvernements.

4. Un acteur de diplomatie économique

La Chambre n’agit pas uniquement sur le plan commercial. Elle promeut également une diplomatie économique proactive, en représentant les intérêts des entrepreneurs auprès des institutions publiques et en plaidant pour des politiques favorables à la coopération bilatérale.

5. Diplomatie culturelle

Le rôle de la CTSCI s’étend également au domaine culturel. Elle soutient des initiatives de rapprochement entre les peuples à travers : • La promotion des échanges artistiques et culturels.

• L’appui aux partenariats universitaires et académiques.

• La valorisation du patrimoine et des traditions communes.

• L’organisation de forums, d’expositions et d’événements favorisant la découverte mutuelle. En intégrant cette dimension, la CTSCI renforce les liens humains et sociaux qui constituent le socle durable du partenariat tuniso-sénégalais.

Pour une Afrique souveraine et intégrée

La coopération entre la Tunisie et le Sénégal dépasse la simple relation bilatérale. Elle illustre une vision : celle d’une Afrique qui se construit par elle-même et pour elle-même. La Tunisie se positionne comme la porte de l’Afrique, tandis que le Sénégal s’affirme comme son hub ouest-africain. Ensemble, ils incarnent une nouvelle dynamique de solidarité et d’intégration. Dans ce contexte, la CTSCI joue un rôle pivot : elle est l’outil concret qui permet de transformer l’ambition politique en résultats économiques tangibles. Elle est la cheville ouvrière du partenariat tuniso-sénégalais et, au-delà, un levier essentiel de l’intégration africaine. La Tunisie et le Sénégal n’avancent donc pas seulement côte à côte. Ils bâtissent ensemble un modèle de coopération Sud-Sud qui place l’Afrique au centre du développement mondial.

Cet article est disponible dans le mag. de l’Economiste maghrébin n°929 du 8 au 22 octobre 2025 

Ali Khribi, président de la Chambre Tuniso-Sénégalaise de Commerce et d’Industrie.

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