Les tortues marines, qui viennent pondre sur les plages méditerranéennes à cette période de l’année, font face à de multiples menaces d’origine humaine. Selon le Réseau Nord-Africain pour la protection des tortues marines, ces espèces vulnérables subissent les conséquences de la capture accidentelle par les filets de pêche et les hameçons, notamment durant les phases critiques de reproduction et de ponte.
À ces dangers s’ajoutent la destruction des sites de nidification et la pollution lumineuse provenant des zones côtières. Cette dernière perturbe l’orientation des jeunes tortues, qui peinent alors à rejoindre la mer. La pollution plastique représente un autre fléau majeur : les tortues, souvent attirées par les sacs en plastique qu’elles confondent avec des méduses — leur proie naturelle — les ingèrent et meurent par suffocation.
Bien qu’un certain nombre de plans locaux de protection ou de restauration des sites de nidification soient en place, les menaces persistantes telles que la perte d’habitat, la pollution, la pêche illégale, la capture accidentelle par des engins non sélectifs, ainsi que les effets du changement climatique, continuent d’affecter ces espèces à des degrés divers selon les régions.
En raison de leur mode de vie migratoire, la protection des tortues marines exige une coopération régionale renforcée pour préserver leurs habitats et les écosystèmes côtiers dans l’ensemble des pays riverains de la Méditerranée.
Le réseau appelle les pêcheurs à adopter des pratiques plus responsables, en utilisant des engins de pêche adaptés comme les filets dotés de dispositifs d’exclusion des tortues (TEDs) ou des hameçons circulaires, moins nocifs que les hameçons classiques. Il recommande également de réduire l’activité de pêche dans les zones proches des côtes pendant la saison de reproduction.
En cas de capture accidentelle, les pêcheurs sont invités à libérer les tortues avec précaution, sans les blesser, et à les relâcher en mer si elles sont toujours en vie. Le réseau souligne en outre l’importance d’éviter de conduire sur les plages, de faire des feux à proximité des zones de nidification et de réduire l’éclairage nocturne sur les côtes.
Des efforts de sensibilisation sont également déployés, notamment auprès des communautés de pêcheurs, pour rappeler le rôle essentiel des tortues marines dans l’équilibre des écosystèmes marins.
Des initiatives de protection sont en cours dans toute la Méditerranée, menées par des organismes tels que le SPA/RAC, MEDPAN et d’autres partenaires régionaux. Si la coopération à l’échelle du bassin est globalement satisfaisante, le Réseau souligne toutefois le besoin urgent d’intensifier les efforts au niveau sous-régional, en particulier dans le sud de la Méditerranée.
Malgré les progrès scientifiques réalisés ces dernières années, de nombreuses lacunes subsistent. Il manque encore des données fondamentales sur la répartition géographique, les principaux sites de ponte, et le nombre annuel de pontes, notamment dans les zones nouvellement identifiées des bassins central et occidental.
Ces lacunes sont particulièrement marquées sur les côtes sud-méditerranéennes, qui s’étendent sur plus de 5 800 km de littoral et couvrent environ 800 000 km² de surface marine, soit près de 32 % de l’ensemble du bassin méditerranéen.
La mer Méditerranée abrite aujourd’hui trois espèces principales de tortues marines : la caouanne (Caretta caretta), la tortue verte (Chelonia mydas) et la tortue luth (Dermochelys coriacea), cette dernière étant la plus rare. Ces espèces ont colonisé la région il y a environ 10 000 ans, lorsque le réchauffement climatique a permis leur installation et leur reproduction sur les plages méditerranéennes.