Syrie : les survivants de l’attaque chimique d’Al-Ghouta témoignent enfin!
Un reportage du magazine américain New Lines Magazine met en lumière les témoignages des survivants de l’attaque chimique d »Al-Ghouta orientale par le régime de Bachar Al-Assad, en Syrie, en 2013. (Illustration :Bâtiments d »Al-Ghouta orientale, près de Damas, détruits par les frappes aériennes menées par le régime d’Al-Assad.)
Imed Bahri
Le massacre de la Ghouta est un double bombardement au gaz sarin, arme chimique, perpétré le 21 août 2013 pendant la guerre civile syrienne par les forces armées qui frappe plusieurs villes et quartiers à l’est et au sud de Damas dans l’ancienne oasis de la Ghouta alors tenue par l’Armée syrienne libre formée de militaires ayant fait défection.
C’est l’une des pages les plus sombres du règne de la famille Al-Assad et dont le monde entier se souvient des images intenables ayant fait le tour du monde mais aussi de la célèbre déculottée de Barack Obama qui avait promis de réagir en cas d’utilisation d’armes chimiques mais qui n’avait rien fait pour ne pas compromettre les négociations en cours au même moment avec l’Iran sur son programme nucléaire.
Un reportage du magazine américain New Lines Magazine met en lumière les témoignages des survivants de l’attaque chimique de la Ghouta orientale.
Le 21 août 2013, peu après minuit, le régime syrien a lancé l’une des attaques chimiques les plus sanglantes du XXIe siècle visant cette zone fertile à l’est de Damas qui était sous le contrôle des rebelles.
L’armée a tiré des roquettes contenant du gaz sarin, un agent neurotoxique mortel, sur plusieurs endroits tuant au moins 1 144 personnes et provoquant de graves problèmes respiratoires chez plus de 6 000 autres.
Les survivants du massacre témoignant
Les survivants portent encore les cicatrices physiques et émotionnelles de cette nuit-là et réclament des comptes pour les atrocités commises contre eux par le régime du président déchu Bachar Al-Assad. Nicole Di Ilio, journaliste et écrivaine, a rencontré des victimes de la tragédie et s’est entretenue avec eux.
Mohammad Zarba, dont la famille était la seule survivante de la région de Zamalka à Ghouta, a raconté à Di Ilio le moment terrifiant de l’attaque. Il a indiqué que le faible sifflement à l’extérieur de sa maison était le seul avertissement de l’attaque nocturne et que son qu’il a commencé à ressentir des brûlures aux yeux, au nez et à la gorge peu après. Son père est tombé à terre, titubant et avait du mal à respirer.
Dans une vidéo de cette nuit-là, on peut voir Zarba en convulsions sur une civière en route vers l’hôpital. Il n’a repris connaissance que 20 heures plus tard et s’est précipité dans le quartier pour constater que toutes les personnes qu’il connaissait avaient été atteintes. La peur de cette nuit-là ne disparaîtra jamais de sa mémoire et ils n’oublieront jamais ce que «le boucher» Bachar leur a fait.
New Lines Magazine a également rapporté l’histoire de Mohammad Barakat Khalifa qui souffre toujours d’essoufflement et de problèmes de vision et qui n’a été sauvé de l’attaque que parce qu’il était éveillé car l’attaque a tué des familles entières pendant qu’elles dormaient.
Khalifa a fait une description effrayante de ce qu’il a vu la nuit de l’attaque chimique alors que les rues de Zamalka étaient remplies de corps sans vie, certaines personnes respiraient difficilement tandis que d’autres se blottissaient au sol pour tenter d’échapper au gaz.
Khalifa se souvient encore de la respiration haletante des gens, de l’écume qui sortait de leur bouche et la terreur dans leurs yeux. Les rues étaient jonchées de cadavres et il était impossible de traverser sans trébucher sur le corps de quelqu’un du quartier. C’était comme la fin du monde.
Le secouriste Mohammed Ahmed Suleiman était parmi ceux qui se sont précipités pour aider pour découvrir que son père, son frère et deux de ses neveux ont été tués : ils seront enterrés dans une fosse commune avec des centaines d’autres corps.
Suleiman a déclaré à New Lines Magazine: «A chaque fois que nous ouvrions la porte d’une maison, nous constations que ses habitants avaient péri. Nous avons vu des familles entières décimées et le régime ne nous a même pas permis de les enterrer conformément aux enseignements de notre religion islamique. Les corps des hommes ont été enterrés les uns sur les autres et les corps des femmes et des enfants ont été placés dans une autre fosse commune».
L’attaque était délibérée, car le régime a programmé la frappe à un moment où le vent ne soufflait pas garantissant ainsi que le gaz se concentre au niveau du sol plutôt et ne se disperse pas.
Al-Assad sera-t-il jugé pour ses crimes ?
Human Rights Watch et le Réseau syrien des droits de l’homme ont documenté au moins huit roquettes tombant sur des zones clés de la Ghouta orientale et les enquêtes ont confirmé la responsabilité du régime malgré les dénégations répétées d’Al-Assad.
Bien que la Syrie ait accepté de démanteler son programme d’armes chimiques en 2013 sous la pression internationale, des attaques ultérieures au gaz sarin et au chlore ont été enregistrées. Le Réseau syrien des droits de l’homme a recensé 222 attaques chimiques depuis 2012 dont 98% attribuées aux forces d’Al-Assad. Au total, les armes chimiques du régime ont tué 1 514 personnes dont 214 enfants.
Le magazine américain indique qu’après l’effondrement du régime d’Al-Assad, les survivants ont finalement commencé à parler publiquement des crimes commis contre eux sans crainte de punition et les Syriens exigent qu’Al-Assad soit tenu responsable de ce qu’ils décrivent comme un massacre des innocents.
«Al-Assad est parti mais nous voulons le voir jugé et tenu responsable et jusqu’à ce moment-là, notre douleur ne disparaîtra pas», a déclaré Mohammed Ahmed Suleiman.
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