In memoriam : Saïd Joliette, un passeur des deux rives
Mercredi 15 janvier 2025, Saïd Saï, connu sous le surnom de “Saïd Joliette”, a tiré sa révérence, laissant derrière lui une communauté en deuil et un héritage indélébile. Figure emblématique de Marseille, il était un bâtisseur, un entrepreneur et un homme engagé, profondément ancré dans la mémoire de la communauté algérienne et maghrébine de France.
La visite mortuaire se tiendra ce vendredi, de 8h15 à 9h00, à la morgue de l’hôpital La Timone, à Marseille. Il sera ensuite inhumé dans son village natal de Taourit, situé dans la commune de Bouzguene, en Algérie.
Que Dieu lui accorde Son infinie Miséricorde et l’accueille dans Son éternel Paradis.
« Inna lillahi wa inna ilayhi raji’un » (Nous appartenons à Allah et à Lui nous retournons).
Un bâtisseur des liens entre Marseille et le Maghreb
Né en 1952 en Algérie, Saïd Saï Saï, alias ‘‘Saïd Joliette’’, arrive en France en 1963 à l’âge de 11 ans. Installé dans le quartier des Carmes à Marseille, il découvre pour la première fois l’école après avoir été privé d’enseignement en raison des «événements» d’Algérie. Passionné par l’automobile, il décroche un CAP de mécanicien après une formation en mécanique, peinture et tôlerie.
En 1974, il ouvre son propre garage au 68 rue de la Joliette, devenant un acteur clé de ce quartier marseillais. Rapidement, il transforme son activité en un centre névralgique de l’import-export de véhicules, notamment vers le Maghreb. Ce commerce prospère dans les années 80 et 90, soutenant un réseau économique reliant les deux rives de la Méditerranée.
Mais en 2005, une loi algérienne interdisant l’importation de véhicules d’occasion de moins de trois ans met fin à cet élan. Saïd Joliette et ses collègues voient leur activité s’effondrer, marquant la fin d’une époque pour le quartier et pour toute une communauté.
Un homme engagé pour la communauté algérienne
Saïd Joliette n’était pas seulement un entrepreneur. Il s’est également illustré sur la scène politique en tant que candidat du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) lors des législatives algériennes en zone France 2. Défenseur des valeurs démocratiques et culturelles, il a œuvré pour donner une voix aux Algériens de la diaspora, incarnant le lien fort entre les deux rives de la Méditerranée.
Témoin des profondes mutations de Marseille, le défunt a vu son quartier se transformer sous l’effet de l’urbanisation. Malgré la disparition de nombreux garages et commerces qui animaient autrefois la Joliette, il est resté attaché à ses racines, incarnant la mémoire vivante d’une époque où Marseille et le Maghreb partageaient une dynamique économique et culturelle unique.
Saïd Joliette restera dans les mémoires comme un pilier de la communauté algérienne et maghrébine, un homme qui a su mêler passion, travail et engagement. Aujourd’hui, son départ laisse un vide immense, mais son héritage perdurera dans les cœurs de ceux qui l’ont connu et admiré.
Djamal Guettala
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