Quand Kairouan rime avec poésie

Tunis, UNIVERSNEWS (CULT) – On se rappelle encore de ‘ Dar Mrabet’ à quelques vingtaines de mètres de Bâb Jalladine (Porte des tanneurs) qui accueillait, dans les années soixante du siècle dernier, les services du comité culturel. Une maison qui côtoyait un vrai musée de tapis, malheureusement défiguré et dont les portes en bois ont laissé place à des portes roulantes en aluminium sans aucun rapport avec la boiserie et l’architecture traditionnelle de la médina de Kairouan. De grands poètes sont passés par là. Mohamed Mazhoud, Nasser Saddam, Chadli Atala, Jâafar Majeed, Mohamed Gozzi, Moncef Louhaïbi, Jamila Mejri, Abdelaziz Hammami, Mohamed Knaissi, pour ne citer que ces derniers, qui ont fait l’âge d’or de la poésie kairouanaise qui n’a d’ailleurs jamais cessé d’enfanter d’autres génies de la poésie arabe.
Beit Echeer à la rescousse
Dar Mrabet a hélas cessé d’exister. Ses fidèles visiteurs ont élu domicile à la maison de culture du complexe culturel Assad Ibn Fourat, depuis voilà une cinquantaine d’années avant de voir surgir une petite maison de style arabe, à quelques mètres du mausolée ‘Sidi Abid Ghariani en plein centre de la vieille médina (édifice abritant la direction de l’association de la sauvegarde de la médina de Kairouan), en l’occurrence Beit Echeer (la maison de la poésie) qui a vu le jour en 2015, grâce à une pléiade de poétes, bien encadrés par la première femme à être élue présidente de l’Union des écrivains tunisiens en 2008 , et prix Abou Al Kacem Chebbi 2005 pour son recueil intitulé ’Dhakiratou Attair’; la poétesse et écrivaine Jamila Mejri Soudani.
Plus de 2000 artistes accueillis
Depuis son ouverture officielle en 2015, cette petite maison a accueilli d’importantes manifestations culturelles et plus de 2000 visiteurs entre poètes, écrivains et peintres de tout bord et de différentes langues pour y prendre part à des récitals, y exposer des toiles et y chanter le Tarab et le Maalouf… Ce lieu de création et de rencontre, abrite également des clubs culturels, dont celui dédié à El Aroudh qui accueille et forme les poètes en herbe.
Un endroit pluriculturel qui mérite une extension avec l’acquisition, si possible d’une autre ancienne maison qui permettrait d’agrandir l’actuel l’édifice, augmenterait le nombre d’activités culturelles et accueillerait les amateurs des sept arts dans cette médina emblématique.
…et d‘autres maisons dédiées la culture
Dar Zarrouk, Dar Douja, Dar Alouini , la maison du King et d’autres dont notamment la salle de cinéma réouverte, après une éclipse de quatorze ans, ont été également transformées en espaces culturels pour accueillir les manifestations culturelles .De beaux espaces qui proposent des rencontres littéraires enrichissantes , des promenades poétiques en mots ,en peinture et en musique et attirent depuis leur ouverture des créateurs de partout .Une manière comme une autre d’attirer le public dans une médina qui a perdu une grande partie de son animation commerciale (Souk loumjels (réservoirs), toujours délaissé malgré les promesses des responsables, non encore tenues). Car et à l’exception des vendeurs des tapis à la criée (souk du tapis) encore en vie, on n’entend que rarement les bruits d’artisanes nouer le tapis, ceux des tisserands confectionner les couvertures (tjalels), ou burnous, ou’ haïk’ qui font encore partie du trousseau des jeunes mariés et des Kairouannais, ni sentir l’a vapeur du couscous, ni l’odeur d’El mloukhiya, ni le parfum d’encens sortir des petites fenêtres embaumant les venelles. (Néji Khammari)