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Dans ‘‘Soyons woke’’, Pierre Tevanian revendique l’éveil face à l’injustice

14. Juli 2025 um 07:36

Le philosophe et essayiste Pierre Tevanian signe avec ‘‘Soyons woke’’ (Éditions Divergences, France, 2025) un petit ouvrage incisif et salutaire. Face à la diabolisation du mot «woke», il choisit de ne pas se défendre, mais d’assumer, revendiquer et retourner l’insulte. Dans un monde où la vigilance contre les injustices dérange, Tevanian fait un pari simple : si le «woke» est celui qui refuse de détourner les yeux, alors oui, soyons woke.

Djamal Guettala  

«Woke». D’un mot venu de l’anglais signifiant «éveillé», on a fait un monstre. D’abord utilisé dans les milieux afro-américains des années 1930 pour désigner une conscience des discriminations raciales, il est devenu, sous la plume de ses détracteurs, une caricature : excès de moraline, censure, menace contre l’universalisme…

En France, comme dans une partie du monde francophone, y compris en Afrique du Nord, le terme «wokisme» est brandi comme une arme idéologique. Il vise à discréditer les luttes antiracistes, féministes, LGBTQ+, décoloniales — en un mot, toutes celles qui bousculent l’ordre établi.

Une réponse claire et frontale

Dans ‘‘Soyons woke’’, Pierre Tevanian démonte cette mécanique de disqualification avec rigueur. Il commence par déconstruire le réquisitoire antiwoke, en en montrant les contradictions, les amalgames et les sous-entendus racistes ou sexistes.

Puis, il propose autre chose : revendiquer l’éveil, assumer la volonté de justice, refuser la résignation. Dans un monde où tant ferment les yeux sur les inégalités et les injustices, il défend l’idée que «l’éveil», loin d’être une dérive, est une exigence éthique.

«Le “woke”, c’est celui qui ne supporte pas l’injustice. Alors pourquoi en faire une insulte?», interroge-t-il à juste titre.

Un mot global, des luttes locales

Même si le mot est né aux États-Unis, les réalités qu’il désigne existent partout : en Europe, en Afrique, dans le monde arabe. Et en Algérie, Tunisie ? Le Maghreb ? Bien sûr que nous sommes concernés.

Les inégalités sociales, le poids de l’héritage colonial, le sexisme, la stigmatisation des minorités linguistiques, régionales, religieuses ou sexuelles, les discriminations vécues par les jeunes, les femmes, les migrants… Ce sont des réalités concrètes, vécues chaque jour.

Être woke, dans ce contexte, c’est simplement être lucide. C’est refuser l’aveuglement.

Un livre pour penser, pas pour s’aligner

Tevanian ne propose pas un dogme. Il propose une posture de vigilance, de questionnement, de refus de l’injustice. Pas de sectarisme, pas de leçon de morale. Juste un appel: «Soyez éveillés, attentifs, sensibles à ce que vivent les autres».

Pour les lecteurs de Kapitalis, ce livre peut être un décodeur utile, pour comprendre un débat souvent importé de France mais qui mérite, ici aussi, d’être interrogé. Car ce qui est en jeu, c’est notre rapport aux injustices, à la mémoire, à la domination, à la liberté réelle. Pierre Tevanian est philosophe, essayiste et enseignant. Il coanime le collectif Les Mots sont importants. Parmi ses livres précédents : ‘‘La haine de la religion’’ (2013), ‘‘La mécanique raciste’’ (2017), ‘‘Politiques de la mémoire’’ (2021), ‘‘En finir avec une sentence de mort’’ (2022).

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