Afrique : le Qatar en pointe dans la nouvelle bataille géopolitique pour les ressources
La tournée africaine de Cheikh Mansour bin Jabor Jassim Al Thani, membre de la famille royale qatarie et patron d’Al Mansour Holding, dépasse largement la simple dimension économique. En annonçant plus de 100 milliards de dollars de promesses d’investissements dans six pays d’Afrique centrale et australe, Doha s’impose comme un acteur clé de la recomposition géopolitique du continent.
Face au recul de l’aide américaine et à l’essoufflement des investissements européens, les puissances du Golfe, Qatar en tête, intensifient leur ancrage en Afrique. Ce n’est plus seulement une course à l’influence: c’est une bataille pour le contrôle des ressources stratégiques – cobalt, lithium, manganèse, gaz, pétrole – devenues vitales pour la transition énergétique mondiale. C’est ce que rapportent plusieurs médias africains dont Le360afrique.
Le Qatar avance vite, fort de sa capacité financière et de son appareil diplomatique agile. Ainsi en République démocratique du Congo (RDC), au Zimbabwe, au Mozambique, ou encore en Zambie, les investissements annoncés touchent les secteurs névralgiques , telles que les mines, les hydrocarbures, l’énergie, les infrastructures, ou encore les télécommunications. Ces engagements renforcent l’interdépendance entre l’Afrique et le Moyen-Orient, dans une logique de partenariats à long terme.
Le Qatar tire parti de son soft power
Au-delà des milliards, Doha joue une carte d’influence régionale. En facilitant les pourparlers entre la RDC, le Rwanda et les groupes rebelles de l’Est (entre autres le M23), le Qatar s’impose comme un médiateur crédible. Ce rôle de stabilisateur lui sert bien évidemment ses intérêts économiques : car, investir dans des zones conflictuelles suppose d’abord d’y construire la paix.
Cette diplomatie du chéquier s’accompagne d’un agenda géopolitique assumé : se positionner comme une alternative aux puissances occidentales déclinantes et aux initiatives chinoises plus agressives.
Mais Doha n’est pas seul sur ce terrain. Trois autres monarchies, à savoir les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite et le Koweït, multiplient elles aussi les accords bilatéraux sur le continent. C’est ainsi qu’à peine quelques jours après une escale du Cheikh Mansour, l’émir d’Abu Dhabi signait en Angola 44 accords totalisant 6,5 milliards de dollars. Ce qui fait dire à un site web que « la guerre douce entre pétromonarchies pour le leadership africain est bien engagée ».
Alors, l’Afrique, nouveau centre de gravité géostratégique ?
En tout cas, on est bien obligé d’admettre que cette course aux ressources s’inscrit dans une nouvelle ère multipolaire, où les puissances du Golfe ne veulent plus être de simples bailleurs, mais également des « faiseurs d’alliances et des bâtisseurs d’influence ».
Reste une inconnue : la capacité des États africains à transformer ces promesses en investissements réels, dans un environnement encore instable. Car entre annonces spectaculaires et projets concrets, le chemin reste semé d’embûches.
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