Normale Ansicht

Es gibt neue verfügbare Artikel. Klicken Sie, um die Seite zu aktualisieren.
Ältere BeiträgeHaupt-Feeds

Faut-il transformer La Poste en banque? Une fausse bonne idée

24. Juli 2025 um 12:05

Chaque année, la question de la transformation de La Poste tunisienne en banque refait surface. Cette fois, ce sont des parlementaires qui ont déposé une proposition de loi visant à créer une Banque Postale. En toile de fond, une suspicion : les banques traditionnelles exerceraient des pressions pour empêcher l’émergence d’un nouvel acteur public. Entre les postures idéologiques et les intérêts corporatistes, il convient de prendre du recul. Car une telle décision ne peut se prendre à la légère.

Aujourd’hui, La Poste joue déjà un rôle important dans le paysage financier national. Elle propose des services de base à forte utilité sociale : un RIP, un carnet de chèques, ainsi que des produits d’épargne, y compris collective. D’après les derniers chiffres de mai 2025, l’épargne postale s’élève à 10 944 MTND. Ce qui place La Poste parmi les principaux établissements en matière de collecte d’épargne.

Mais ce que La Poste ne propose pas encore, ce sont des crédits. C’est précisément sur ce point que les défenseurs de la proposition veulent intervenir, en plaidant pour un meilleur accès au financement et une hausse du taux de bancarisation. Deux objectifs théoriquement nobles, mais dans la pratique bien plus complexes.

Le crédit : un mirage à bas coût?

L’un des principaux arguments avancés est que la Banque Postale permettrait de proposer des crédits à des taux plus bas. Cet espoir mérite d’être nuancé. Le coût d’un crédit dépend essentiellement du coût des ressources qui le financent : épargne rémunérée, emprunts obligataires, ressources spéciales… Or, ces ressources ont un prix de marché. Une Banque Postale serait donc contrainte, comme les autres, de s’aligner sur les conditions offertes un peu partout. Imaginer une rupture de prix n’est pas réaliste, sauf à créer une distorsion risquée, voire injustifiable, dans l’allocation des ressources.

Même constat pour les commissions. Passer d’un statut de prestataire de services postaux à celui de banque implique de lourds investissements : systèmes d’information, conformité réglementaire, formation du personnel, adaptation des agences… Ces nouvelles charges devront être couvertes, en partie, par des commissions sur les produits. Là aussi, l’idée d’un service bancaire « gratuit » ou à faible coût s’éloigne vite de la réalité.

Bancarisation : un problème de culture plus que d’offre

Quant à l’objectif d’augmenter le taux de bancarisation, il faut s’interroger sur les vraies causes de sa faiblesse. Est-ce l’absence d’institutions financières? Pas vraiment. En réalité, une partie importante de la population préfère rester à l’écart du système bancaire, craignant la traçabilité de ses revenus et le contrôle fiscal. Pour beaucoup, ouvrir un compte revient à exposer ses transactions à l’administration.

L’expérience récente de La Poste, avec le lancement d’un Wallet gratuit, vient confirmer cette analyse. Ce produit pourrait effectivement attirer une clientèle jeune, à l’aise avec le numérique, mais il y a peu de chances qu’il convainque ceux qui évoluent dans l’économie informelle. Une année d’observation sera nécessaire pour évaluer son réel impact, mais les limites culturelles et fiscales resteront des freins puissants.

Un autre modèle est possible

Il est tout à fait légitime de vouloir mobiliser l’épargne nationale au service de l’économie réelle. Mais cela ne passe pas nécessairement par la transformation de La Poste en banque. Ce choix serait risqué pour son actif, et rien ne garantit que cela ferait baisser les coûts de financement.

La Poste peut au contraire jouer un rôle déterminant dans des secteurs à faible risque, sans transformation structurelle majeure. Par exemple, elle pourrait contribuer au financement de projets de logements sociaux, en partenariat avec le secteur bancaire, au profit de bénéficiaires solvables. Ce type de montage, sécurisé et à fort impact, valorise l’épargne tout en soutenant la croissance, sans mettre en péril les équilibres financiers de l’institution.

La question n’est donc pas de savoir si La Poste doit devenir une banque, mais comment elle peut contribuer efficacement à la croissance. La priorité n’est pas de multiplier les établissements, mais d’optimiser les ressources financières déjà disponibles. Plutôt que de créer une banque publique de plus, faisons de La Poste un levier stratégique, stable et ciblé, au service du développement.

L’article Faut-il transformer La Poste en banque? Une fausse bonne idée est apparu en premier sur Leconomiste Maghrebin.

❌
❌