CENI : le “nouvel Internet” chinois qui rebat les cartes du pouvoir numérique
La Chine, encore elle, vient d’activer son CENI – pour China Environment for Network Innovation. Il s’agit d’un réseau expérimental national pour le moment qui, sans doute, est en train de marquer un tournant majeur dans la compétition mondiale pour le contrôle des infrastructures numériques.
Conçu comme une alternative stratégique aux standards occidentaux, CENI constitue bien plus qu’un réseau ultra-rapide : c’est une plateforme d’ingénierie à grande échelle, pensée pour façonner les technologies réseau de demain, explique le site spécialisé clubic.com.
Et pour vous donner l’importance du « machin », sachez que « l’infrastructure déployée mesure 55 000 km de fibre, 40 grandes villes reliées et une architecture capable de supporter 128 réseaux hétérogènes tout en menant 4 096 tests parallèles ». Excusez du peu. « Le système offre des coûts de transmission réduits de 60 %, tout en atteignant 100 Gb/s avec une latence de moins de 20 microsecondes, un niveau inaccessible aux réseaux publics actuels ».
Autant dire que « pour la recherche et les grands acteurs industriels, c’est un changement d’échelle ». Déjà, un grand acteur des technologies de la communication, en l’occurrence Baidu, a commencé à utiliser CENI pour entraîner ses modèles d’IA géants, réduisant drastiquement les temps d’itération, rapporte Clubic. On nous explique que « le radiotélescope FAST, qui génère 100 téraoctets par jour, peut désormais transférer ses données en temps réel, là où un réseau classique aurait nécessité près de deux ans pour une opération similaire. D’autres secteurs devraient suivre : fabrication avancée, santé, aéronautique et une centaine d’institutions stratégiques sélectionnées par Pékin ».
Mais l’enjeu dépasse la prouesse technique et technologique. Selon les spécialistes, « avec CENI, la Chine coupe symboliquement le cordon technologique qui la reliait aux infrastructures occidentales ». Du reste, le parallèle avec les projets américains ARPANET et GENI, aujourd’hui abandonnés, est on peut plus frappant : « l’Occident a laissé dépérir ses environnements d’innovation publics, misant sur le privé, tandis que Pékin investit massivement dans une plateforme d’expérimentation d’État, pensée pour préparer la 6G et les futurs standards globaux ». Tiens, déjà la 6G, alors que d’autres n’ont même pas entendu parler de la 5G.
En tout cas, « … avec 206 normes développées et 221 brevets déposés, CENI illustre une montée en puissance technologique que ni les États-Unis ni l’Europe ne semblent en mesure de contrer à court terme », écrit Clubic.
Et la même source de conclure en ces termes : « Au moment où l’UE débat encore de sa souveraineté numérique, la Chine, elle, construit déjà l’architecture des réseaux du futur ».
Alors, l’Europe a-t-elle définitivement perdu la bataille de la technologie d’aujourd’hui et peut-être celle de demain devant l’Empire du Milieu?
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