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Tunisie face à la démographie, s’adapter plutôt que s’alarmer

11. Juli 2025 um 13:48

Dans le contexte actuel de la Tunisie, où le pouvoir d’achat des jeunes est limité, ces derniers souhaitent avoir moins d’enfants. En conséquence, la population tunisienne devrait se stabiliser et ne pas dépasser environ 13,3 millions d’habitants d’ici 2040. C’est ce qu’a indiqué Hafedh Chekir, lors de la présentation du dernier rapport sur les difficultés liées au recensement démographique et à la réalisation des projets familiaux, organisée ce vendredi 11 juillet 2025 à Tunis par l’UNFPA (Fonds des Nations Unies pour la population) et JHR (Journalists for Human Rights), en collaboration avec le CAWTAR (Centre de la femme arabe pour la formation et la recherche).

Dans une interview accordée à leconomistemaghrebin.com, le Dr Hafedh Chekir expert en démographie considère qu’un tel chiffre n’est pas alarmant au regard de la situation actuelle. Il explique notamment que, bien que la structure par âge de la population évolue, il faut adopter une approche rationnelle et non alarmiste face à ces changements.

Interrogé sur la question de savoir pourquoi certains considèrent cette situation comme alarmante, il répond :  » Pourquoi c’est alarmant ? Est-ce que vous pensez que la population de la Tunisie va disparaître ? Je ne crois pas. La population de la Tunisie va continuer à croître, mais à des rythmes faibles. « 

Il souligne que la transformation démographique est un phénomène mondial et que « nous devons nous adapter sans alarmisme, mais d’une manière rationnelle. Il y a des méthodes pour le faire, il y a des politiques, il y a des pays qui le font. C’est une situation qui arrive pour tout le monde. »

Pour lui, il est essentiel de faire preuve de pragmatisme : « On peut être très rationnel dans nos choix, utiliser beaucoup plus de technologies, mobiliser les compétences des personnes âgées, changer notre mode de vie, passer à de nouveaux modes de développement qui sont beaucoup plus amis avec les personnes âgées ou avec les populations vieillissantes. Le tout est de réfléchir et de trouver de bonnes solutions. Je ne pense pas qu’il y ait un problème d’alarmisme. »

À la question de savoir s’il faut viser une population plus élevée que 13 millions, il répond en recentrant le débat sur les ressources naturelles : « Pensez-vous qu’on aura assez d’eau pour nourrir les 13 millions de personnes? Pensez-vous qu’on aura assez de ressources? Moi, je n’aime pas cette approche. »

Puis, avec un ton plus ironique face à l’alarmisme, il ajoute : « Je n’aime pas cette approche. Mais parce que vous êtes alarmiste. Je vais vous répondre de cette manière. Je pense que dans tous les pays, il y a la Suisse qui a beaucoup moins de personnes, il y a des pays où il y a deux millions de personnes qui vivent, il y a des pays où il y a un million de personnes. »

Il estime donc que la véritable force d’une nation ne se mesure pas à sa population, mais à sa capacité d’innovation : « La force d’une nation, c’est sa créativité, c’est son degré d’intelligence, c’est sa capacité de s’adapter au monde. C’est l’utilisation de l’intelligence artificielle, l’utilisation de la technologie, l’augmentation de la productivité. Le nombre n’a aucun sens. »

Concernant les solutions envisageables face à cette évolution démographique, il rappelle l’importance des droits fondamentaux : « Vous savez, moi, je crois aux principes des droits de l’homme, aux droits humains. La Conférence du Caire de 1994 a défini la notion de droit reproductif et des choix reproductifs. Chaque personne a le droit de choisir le nombre d’enfants qu’elle veut et quand elle le veut, et choisir de former le type de famille qu’elle désire. Nous devons inculquer ces principes à notre population. »

Il insiste également sur le fait qu’aucune politique n’a réussi à inverser la baisse de la fécondité : « Il n’y a pas de politique, et je l’ai dit, il n’y a pas de politique qui peut inverser les rythmes de la baisse de la fécondité. On ne connaît pas comment faire. Il n’y a pas de pays qui ont réussi à le faire. »

Pour lui, l’adaptation est la clé : « Il faut s’adapter, il faut encourager les gens à une plus grande productivité, former les gens sur les nouvelles technologies, adapter les formations au marché de l’emploi, adapter l’utilisation de nouvelles technologies, avoir une nouvelle vision de l’espace urbain, de l’urbanisation, réfléchir à notre manière de gérer l’environnement. Notre défi, ce n’est pas le 13 millions de population, même si on en devient 5 ou 4. Notre défi, c’est notre rapport à l’environnement. »

Enfin, il met en garde contre les discours alarmistes et invite à un dialogue adapté à la réalité tunisienne : « Les rapports sont alarmants, que ce soit par la rareté des biens, ou bien par même la montée des eaux. Donc, il ne faut pas réfléchir sur la démographie, trop sur la démographie. C’est important, mais il faut être assez ouvert et éviter le discours de l’extrême droite française ou européenne sur la démographie. Nous devons avoir un discours différent. Propre à nous. Un discours qui tient compte de la nature de la population tunisienne et des principes du droit et des aspirations des Tunisiens et des Tunisiennes. »

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