La Palestine devenue un symbole mondial de la lutte pour la liberté
Il est des images qui condensent un siècle d’histoire et d’injustices. La métamorphose du drapeau palestinien d’un emblème national à un symbole mondial de la résistance à l’oppression et la lutte pour la liberté en est une.
Khémaïs Gharbi *

Ce drapeau palestinien, brandi désormais dans le monde entier avec détermination, de Washington à Paris, de Londres à Berlin, de Rome à Madrid, et au-delà, aux quatre coins de la planète, lors d’immenses marches de dénonciation du génocide perpétré par Israël à Gaza, n’est pas seulement l’emblème d’un peuple : il est devenu, au fil des décennies, l’étendard d’une humanité en quête de dignité. De simple symbole national, il s’est transformé en bannière universelle, celle de la résistance à l’oppression et de l’espérance tenace.
Depuis plus de soixante-quinze ans, le peuple palestinien se bat pour son droit à l’autodétermination et pour un État reconnu. Ce combat n’est plus confiné à Gaza, à la Cisjordanie ou aux camps de réfugiés ; il a traversé toutes les frontières. Il résonne dans les manifestations quasi quotidiennes de toutes les grandes villes, dans les universités, dans les milieux artistiques et sportifs, jusque dans les déclarations d’hommes et de femmes de conscience aux quatre coins du monde. Et aujourd’hui, sous nos yeux, des villes entières sont réduites en ruines et des familles entières anéanties, au point que beaucoup parlent d’un génocide en cours : cette tragédie donne au drapeau palestinien une charge symbolique encore plus universelle et urgente.
Une soif de justice
C’est qu’aujourd’hui, ce drapeau ne désigne plus seulement un territoire ni un peuple. Il incarne une idée : celle qu’aucune occupation n’est éternelle, qu’aucune oppression ne peut définitivement museler la liberté, et que chaque génération de résistants ajoute son souffle aux luttes universelles contre l’arbitraire, l’apartheid et l’expropriation.
Il n’est pas rare que des symboles nationaux deviennent universels. Le drapeau sud-africain post-apartheid, le poing levé des luttes ouvrières, ou le célèbre «I have a dream» de Martin Luther King ont tous dépassé leur contexte originel. Mais ce qui est frappant avec le drapeau palestinien, c’est qu’il incarne à la fois une souffrance historique et une aspiration universelle : la mémoire des expulsions, des blocus, des bombardements et des destructions massives d’aujourd’hui ; et en même temps l’espoir d’une justice partagée, d’une égalité réelle et d’une dignité retrouvée.
Les couleurs rouge, noir, blanc et vert se sont chargées d’une signification nouvelle : elles sont devenues le langage commun de tous ceux qui refusent de baisser les bras face à l’injustice. Elles rappellent que la question palestinienne n’est pas une «affaire étrangère» : elle est devenue un miroir de nos valeurs, de notre humanité et de nos silences.
La mémoire et l’avenir
Ainsi, dans chaque manifestation, sur chaque fresque, dans chaque geste artistique ou sportif qui ose lever ce drapeau, c’est l’idée même de résistance au fascisme contemporain qui est affirmée. Pas seulement contre un régime précis, mais contre toutes les formes d’oppression : le racisme d’État, l’occupation militaire, la négation du droit international et la marchandisation de la guerre.
Quand un drapeau franchit les murs et les continents, c’est qu’il n’appartient plus seulement à ses enfants : il devient l’étendard de tous ceux qui refusent l’injustice. Le drapeau palestinien est désormais ce signe. Il est celui de la Palestine, mais il est aussi — dans la conscience du monde — celui de tous ceux qui, aujourd’hui comme hier, résistent à la barbarie, à l’arbitraire et à l’oubli. Il incarne à la fois la mémoire et l’avenir.
Et il nous rappelle qu’aucune cause juste ne disparaît tant qu’elle est portée par des femmes et des hommes debout.
* Ecrivain et traducteur.
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