Lors de l’Assemblée générale ordinaire de l’UIB, tenue le 30/04/2025, Kamel Néji, président du Conseil d’administration de la banque, a reconnu que les performances de la banque n’étaient pas à la hauteur des attentes.
Dans une allocution mesurée, il a pointé du doigt un modèle « insuffisamment diversifié » et des règles de gestion de l’UIB « trop restrictives », appelant par ricochet à une réforme structurelle plus ambitieuse.
Des résultats en deçà des espérances
Sans détour, Kamel Néji a admis que l’exercice 2024 avait été marqué par des « événements exceptionnels » ayant pénalisé l’UIB. Malgré des atouts indéniables – comme sa place parmi les premières banques privées sur des indicateurs clés (marge nette, marge d’intérêt, marge de commission) –, il a souligné la nécessité de « repenser le modèle » pour sortir de la stagnation.
Parmi les défis identifiés : la simplification des procédures clients et une meilleure gestion des recouvrements. Un enjeu qui pourrait « devenir un danger » sans réaction rapide.
Le président du conseil de l’UIB a également insisté sur l’urgence d’accélérer la transformation digitale, engagée dans le plan 2022-2025, mais dont les effets tardent à se concrétiser.
Appel à l’audace et à l’innovation
Malgré ce constat sévère, Kamel Néji a exprimé sa confiance dans les leviers dont dispose l’UIB, notamment son capital humain et ses infrastructures techniques. « La banque a les moyens d’aller plus loin, à condition de faire autrement, et mieux », a-t-il déclaré, plaidant pour une vision moins conservatrice.
Il a également rappelé le rôle crucial de l’UIB dans l’économie tunisienne : « Aujourd’hui comme hier, la Tunisie a besoin de l’UIB. Notre devoir est de prendre soin de notre banque ». Sans sacrifier le présent, il a appelé à préparer l’avenir avec « compréhension et sagacité », loin de « l’immobilisme ».
Un message d’espoir, mais sous conditions
Malgré les difficultés, le président du conseil d’administration a conclu sur une note optimiste, espérant que l’AGO de 2026 apportera « un souffle nouveau ». Mais cet espoir, a-t-il prévenu, dépendra des actions concrètes menées d’ici là : « Ce sont les actes, et non les paroles, qui comptent. »
L’UIB se trouve donc à un tournant, avec une équipe dirigeante consciente des enjeux, mais dont la capacité à impulser un vrai changement reste à prouver. Affaire à suivre.
Retour sur l’exercice 2024
De son côté, Philippe Dubois, le nouveau directeur général, a présenté un exercice 2024 marqué par des défis économiques et réglementaires, mais aussi par des signes de résilience. Tout en reconnaissant une baisse de rentabilité, il a insisté sur les atouts de la banque et ses priorités pour 2025 : digitalisation, rebond commercial et renforcement de l’expérience client.
Un bilan 2024 en retrait, mais des fondamentaux solides
Dans un contexte économique et géopolitique complexe, l’UIB a enregistré un résultat net en baisse à 85,7 millions de dinars (un ROE de 8,8%, contre 14,1 % en 2023), impacté par des mesures fiscales (30 millions de dinars) et un ralentissement de l’activité crédit (-4,9 %). Cependant, les dépôts ont progressé de 9,1 %. Ce qui correspond à 6,86 milliards de dinars. Et la banque maintient des ratios réglementaires sains.
Philippe Dubois a salué les équipes pour leur mobilisation, notamment en Trade Finance, où l’UIB a été élue « Meilleure banque en financement du commerce international en Tunisie » par Global Finance. La banque a aussi poursuivi sa transformation digitale et ses engagements sociétaux notamment dans le secteur de l’inclusion financière et des énergies renouvelables.
2025 : l’année du rebond et de l’innovation
Le directeur général a détaillé ses priorités pour redresser la barre :
- Relance commerciale : ciblage accru des entreprises et TPE, avec une offre élargie.
- Digitalisation accélérée : modernisation des parcours clients et optimisation des processus.
- Rigueur et formation : renforcement de la gestion des risques (opérationnels, réglementaires) et investissement dans le capital humain.
- Impact environnemental : soutien aux projets photovoltaïques et financements durables.
« Le client, sa confiance, sa satisfaction sont une obsession qui guide nos travaux », a-t-il martelé, promettant une amélioration de l’expérience client. Si les indicateurs 2024 appellent à la vigilance avec un taux de créances douteuses à 10,1 % et un coefficient d’exploitation à 50,5 %, Philippe Dubois reste confiant : « L’UIB a les moyens de rebondir, grâce à son capital humain, sa clientèle fidèle et sa solidité financière ».
Pour sa part, le directeur de la communication Ouassel Bahri a mis en lumière l’importance stratégique des actions sociales et culturelles de la banque, portées par trois structures dédiées. Ces initiatives visent à promouvoir l’inclusion, la culture et l’égalité des chances sur l’ensemble du territoire tunisien.
Trois piliers pour un engagement citoyen structuré
La Fondation Féminin by UIB fête cette année une décennie d’actions concrètes. Son bilan 2024 comprend des campagnes de sensibilisation sur les cancers féminins et masculins, un soutien actif à l’entrepreneuriat au féminin via les Trophées Femmes Entrepreneurs, ainsi que des ateliers sur l’éducation positive pour mieux concilier vie professionnelle et personnelle.
La Fondation Solidarité & Innovation se concentre sur deux domaines prioritaires. Le numérique d’abord, avec l’implantation de maisons digitales dans les villages SOS. La santé ensuite, grâce à des partenariats stratégiques.
Quant à la Fondation Arts & Culture, elle cultive des partenariats de longue date avec des festivals renommés comme celui du Festival international de musique symphonique d’El Jem et Le Festival international de Dougga.
Des résultats probants et mesurables
La politique paritaire de l’UIB lui vaut une reconnaissance exceptionnelle. L’institution a reçu pour la troisième fois le prix Femmes Maghrébines et conserve depuis 2019 la certification Gender Equality European Standard, un double record en Tunisie et en Afrique.
L’engagement des équipes se confirme avec plus de 50 % des collaborateurs impliqués dans ces programmes. La chorale d’entreprise, qui fête ses 10 ans, et les ateliers théâtre témoignent de cette mobilisation interne.
Sur le terrain, l’impact social se chiffre : 3 000 bénéficiaires du programme d’éveil musical avec l’association Iqad (éveil musical), sans compter les partenariats triennaux qui garantissent la durabilité des actions culturelles.
Transparence et vision long terme
Ouassel Bahri a insisté sur l’accessibilité totale de ces informations, disponibles dans le rapport RSE et sur le site institutionnel (rubrique Espace Actionnaires). « Ces engagements ne sont pas accessoires, ils incarnent notre raison d’être : générer une valeur à la fois partagée et pérenne », a-t-il conclu. Tout en soulignant l’intégration parfaite de ces actions dans l’ADN du groupe.
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