Le poème du dimanche | ‘‘Sonnet 119’’ de William Shakespeare
Né en 1564 et décédé en 1616 à Stratford, en Grande Bretagne, William Shakespeare est dramaturge, acteur, directeur de compagnie et poète.
Auteur de trente pièces de théâtre, de renommée mondiale, la poésie traverse toute son écriture. Il publie en 1619, 154 Sonnets dont Victor Hugo fera une traduction complète.
A portée existentielle et ontologique, les Sonnets déplorent la fuite du temps et veulent immortaliser l’amour et la beauté. Entre sentiment tragique et célébration, il développe une forme poétique, se basant sur trois quatrains et un couplet, qui fera des Sonnets parmi les œuvres les plus célèbres de la littérature universelle. S’y entremêlent langue savante et populaire, invention de vocabulaire.
Après s’être retiré à Stratford, Shakespeare décède en 1616, à l’âge de 52 ans.
Tahar Bekri
Que de fois je me suis abreuvé de larmes de sirène,
distillées d’alambics aussi noirs que l’enfer!
appliquant les craintes sur les espérances, les espérances sur les craintes,
perdant toujours à chacune de mes victoires!
Quelles misérables erreurs mon cœur a commises,
alors qu’il se croyait au comble du bonheur!
Comme mes yeux ont été jetés hors de leur sphère,
dans la distraction de cette fièvre délirante!
Ô bénéfice du mal!
J’ai reconnu ainsi que le pire fait paraître le bien meilleur,
et que l’amour en ruine, une fois restauré,
reparaît plus beau, plus fort, plus grand qu’il n’était d’abord.
Ainsi, je reviens par rebut à mon bonheur,
et je gagne par le mal trois fois plus que je n’ai perdu.
Traduit par Victor Hugo
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