Le poème du dimanche | ‘‘Ballade d’arrière-saison’’ de Anouar Attia
Anouar Attia est romancier, nouvelliste, auteur de contes et de récits. Son œuvre narrative est importante, mais la poésie n’est pas loin de ses préoccupations littéraires.
Né en 1939 à Mateur, Anouar Attia a été professeur aux universités de Tunis. Agrégé d’anglais, il est traducteur trilingue, anglais-français-arabe.
Comme traducteur de poésie : Aboulkacem Chebbi, Hymnes à la vie, Ed. Sahar, 2015; Zbeida B’chir, Le phénix, Credif, 2017 ; Mnaouar Smadeh, Poèmes choisis, Ed. Sahar, 2021.
Tahar Bekri
C’ETAIT du temps des amours éperdues
Elle venait de temps en temps
En coup de vent
Je lui offrais un bouquet de lys tout blancs
Va temps vient autre temps
Un soir dont se souviendra le divan
Elle m’offrit ses lèvres
Fruit de Paradis
C’était le jour d’avant
Le jour d’après je lui offris un bouquet de roses rouge-sang…
Entre Ciel et Terre on vivait
Le jour sur un nuage rosi de nos soleils
La nuit Over the Rainbow dans des cieux étrangers…
… Je l’aimais dans ses colères, dans ses pleurs et dans ses ris
L’aimais en le corps d’elle,
Entier
Depuis ses cheveux noirs de nuit
Jusqu’à ses pieds, chaussés ou nus
En passant, le caressant,
Par son pubis
Sur terre il y avait un lit fleuri de jasmin et de nesri
Dans lequel des danses barbares se déchaînaient
Sans arrêt
Les Dieux Lares se bouchaient les oreilles
Terrifiés
Sur terre aussi il y avait une fontaine nommée Désir
L’eau y était si pure que souvent on s’y baignait
Elle y plongeait Sirène, Aphrodite en jaillissait
Si belle elle était que je ne pouvais m’empêcher
De pleurer
Lui disais
Il y a longtemps que je t’aime
Jamais je ne t’oublierai
Puis, en pente douce, les choses se sont gâtées…
Elle n’était pas volage
Mais était… comment dire…
Ouverte à toutes les envies
… Elle n’était pas frivole
Mais était… comment dire…
Légère
S’envolait autant au souffle de l’harmattan
Qu’à la brise légère du matin naissant
… Elle n’était pas allumeuse
Mais était… comment dire…
Facile à prodiguer son sourire conquérant
A tout venant
Ma jalousie, au début étincelle,
Etait devenue incendie
Je voulus la brider
Voulus la mettre en cage
Elle était oiseau sauvage
S’est envolée, n’est plus revenue
Me laissant le cœur à jamais meurtri
* * *
AUJOURD’HUI
Le vieux chenu, pétri de nostalgie
Relégué des amours éperdues
Mais pas de celles assagies
Vient à Toi, vieille ou vieux
Jeune homme piaffant d’énergie
Adorable jeune femme ou jeune fille en fleur
T’offre une fleur disant l’amitié
Lys tout blanc…, iris, arum ou œillet
Toutes fleurs au parfum moins enivrant
Que leurs sœurs disant l’amour
Mais qui disent la plus belle des amitiés
Entre âges les mêmes ou différents,
Celle entre quelqu’un qui écrit
Et quelqu’un qui le lit.
Nov. 2024
(Remerciements à l’auteur)
L’article Le poème du dimanche | ‘‘Ballade d’arrière-saison’’ de Anouar Attia est apparu en premier sur Kapitalis.