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De Ramallah à Harvard, la dérive d’un monde dit libre

18. April 2025 um 10:52

Qui aurait cru qu’en 2025, aux États-Unis, les mêmes questions se poseraient qu’à Naplouse en 2001? Étudier ou se taire? Penser librement ou renoncer à son avenir? La folie ne se cache même plus : elle se proclame en tweets, en décrets, en sanctions.

Khémaïs Gharbi

Il y a des souvenirs qu’on préfère enterrer, parce qu’ils nous confrontent à ce que l’humanité a de plus honteux. D’autres, au contraire, qu’il faut réveiller sans relâche, parce qu’ils éclairent sinistrement notre présent. Entre 2000 et 2005, dans les territoires occupés de Cisjordanie, l’armée israélienne avait décrété la fermeture de toutes les écoles et universités palestiniennes. Pendant cinq longues années, des enfants, des jeunes, des professeurs furent condamnés à l’ignorance, sommés de choisir entre soumission ou enseignement. C’était l’ère des checkpoints, des blindés devant les salles de classe, des livres confisqués comme des armes. Le monde, alors, avait regardé ailleurs.

Soumettre la pensée à la peur

Vingt ans plus tard, c’est dans un tout autre décor que l’histoire semble se rejouer. Non pas sous occupation militaire, mais dans le cœur vibrant d’un pays que l’on appelait, il n’y a pas si longtemps encore, le leader du monde libre : les États-Unis d’Amérique.

Oui, vous avez bien lu. En ce mois d’avril 2025, le président Trump a ordonné le gel de 2,2 milliards de dollars de financement fédéral à l’Université Harvard, menacé son statut d’exemption fiscale, et imposé des conditions délirantes pour l’accueil d’étudiants étrangers, au nom d’une croisade politique. Pourquoi ? Parce que Harvard refuse de plier face aux exigences d’un pouvoir qui entend désormais dicter le recrutement, les contenus académiques, les orientations idéologiques des universités américaines. Parce que Harvard, à l’instar d’autres institutions courageuses, a refusé de réprimer un vaste mouvement étudiant dénonçant le génocide à Gaza. Parce qu’en somme, elle a choisi la conscience plutôt que la compromission.

Et ce pouvoir, n’en doutons pas, veut punir. Il veut soumettre la pensée à la peur, l’indépendance intellectuelle à l’orthodoxie politique. Il veut gouverner non seulement les frontières, mais les esprits.

Qui aurait cru qu’en 2025, aux États-Unis, les mêmes questions se poseraient qu’à Naplouse en 2001? Étudier ou se taire? Penser librement ou renoncer à son avenir?

Chute de la «citadelle du monde libre»

La folie ne se cache même plus : elle se proclame en tweets, en décrets, en sanctions. Elle déclare que Harvard «n’est plus un lieu d’enseignement valable». Elle qualifie de «farce» l’une des plus grandes institutions de savoir au monde. Et ce n’est pas un mauvais rêve, c’est bien la réalité. Une réalité où le pouvoir exécutif piétine les fondations mêmes de la démocratie américaine : la liberté d’expression, l’autonomie des universités, le respect du débat.

Ce qui se joue ici dépasse Harvard, dépasse les États-Unis, dépasse même l’enseignement. Ce qui se joue ici, c’est l’avenir d’un monde où l’on pourra encore penser sans être surveillé, enseigner sans être contrôlé, contester sans être puni.

C’est pourquoi il faut le dire sans trembler : ce pays que l’on regardait hier comme un modèle, devient aujourd’hui une parodie. La «citadelle du monde libre» se transforme en laboratoire de l’orthodoxie. Le pays des campus ouverts devient un champ de bataille idéologique.

Alors non, ce n’est pas seulement l’affaire des Américains. C’est l’affaire de tous ceux qui croient encore que la connaissance libère, que la jeunesse éclaire, que l’université est un sanctuaire.

De Ramallah à Harvard, une même ligne de front s’est dessinée : celle de la liberté contre la peur. Et il n’est plus permis de rester silencieux.

Mais puisque nous savons que ce n’est pas un cauchemar, mais une réalité bien palpable, il nous reste à espérer que cette torture de l’esprit prendra fin au prochain bulletin de vote. Car ce pays, grand à tous points de vue, ne doit pas nous faire oublier qu’il traverse une période difficile, lui aussi — et que le peuple américain, fort de son histoire, est capable de se régénérer. Capable de reprendre la place qu’il symbolise pour l’humanité tout entière, à travers cette belle Statue de la Liberté, qui trône encore sur l’île de Manhattan, momentanément dissimulée par un brouillard — un brouillard que l’on espère voir se dissiper, au plus tôt.

* Ecrivain et traducteur.

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L’université de Harvard paye au prix fort ses positions pro-palestiniennes

17. April 2025 um 09:57

Afin de punir la prestigieuse université américaine de Harvard d’avoir laissé propager « l’antisémitisme » dans son campus lors des manifestations estudiantines en avril 2024 contre la guerre menée par Israël à Gaza, Donald Trump  menace de lui retirer ses importants avantages fiscaux.

La prestigieuse université de Harvard est une nouvelle fois dans le viseur de Donald Trump.

Ainsi, en plein bras de fer entre ce temple du savoir et de la recherche scientifique et la Maison Blanche, le président américain n’a pas hésité, mercredi 16 avril 2025, à accuser cette université privée installée à Cambridge près de Boston de recruter essentiellement « des gauchistes radicaux, des idiots et des cervelles de moineau ». Et que, par conséquent, elle ne mérite pas les subventions du gouvernement américain. « Harvard est une BLAGUE qui enseigne la haine et l’imbécillité, et qui ne devrait plus recevoir de fonds fédéraux », a-t-il martelé sur Truth Social.

Pourquoi tant de haine pour cette vieille Dame fondée en 1636 qui compte environ 30 000 étudiants, qui a formé 162 lauréats de prix Nobel, et au sein de laquelle huit présidents des Etats-Unis ont étudié. Et qui se place de surcroît en tête depuis des années du classement mondial de Shanghai des établissements d’enseignement supérieur.

La cause palestinienne s’invite au débat

La réponse est déconcertante. Depuis la mobilisation des étudiants américains en soutien aux Palestiniens il y a un an, Donald Trump n’a pas caché son animosité envers les universités américaines. Or, Harvard, comme d’autres universités américaines, a été le théâtre d’une mobilisation étudiante contre la guerre menée par Israël à Gaza. En avril 2024, les manifestations estudiantines se sont fait de plus en plus nombreuses et touchent un nombre grandissant de campus. Partout aux États-Unis, des centaines d’autres suivront. Le débat s’invite alors dans la campagne présidentielle et le mouvement est régulièrement taxé d’antisémite par des conservateurs américains.

En guise de représailles, l’administration Trump s’est empressée de supprimer de centaines de visas d’étudiants étrangers et de multiplier les arrestations d’activistes étudiants pro-palestiniens, désormais menacés d’expulsion; alors qu’ils résidaient en situation régulière sur le sol américain.

En guise de représailles, l’administration Trump s’est empressée de supprimer de centaines de visas d’étudiants étrangers et de multiplier les arrestations d’activistes étudiants pro-palestiniens, désormais menacés d’expulsion; alors qu’ils résidaient en situation régulière sur le sol américain.

« Nous allons retirer leur visa ou leur green card (titre de résidence permanente aux États-Unis) à tous les soutiens du Hamas aux États-Unis pour qu’ils puissent être expulsés ». Ainsi a commenté le secrétaire d’État américain Marco Rubio le 12 mars 2025. Et ce, au moment de l’arrestation de Mahmoud Khalil, ce Palestinien qui était le leader des manifestations qui ont agité le campus de Columbia.

« C’est la première arrestation et il y en aura beaucoup d’autres », avait déclaré Donald Trump dans la foulée. Une juge a autorisé l’expulsion de l’étudiant le 11 avril. Selon un décompte des médias américains, plusieurs centaines d’étudiants sont concernés par la révocation de leur visa. Une manière de museler le mouvement, tout en reprochant aux universités leur « antisémitisme ».

La vérité c’est que Donald Trump a toujours dépeint les universités et l’éducation en général comme un bastion « d’endoctrinement » de la gauche et du « wokisme ». Il s’est fixé pour objectif de mettre tout le système éducatif américain au diapason avec sa vision du monde.

Résilience

Une vision du monde hostile à tout principe hérité des mouvements civiques aux Etats-Unis, notamment la diversité, l’équité et l’inclusion. Une  politique mise en place dans les années 1960 afin de rééquilibrer la société américaine marquée par son passé ségrégationniste. Or, en bon républicain, Donald Trump a demandé aux universités de mettre en place toute une série de mesures, dont l’exclusion de tout programme promouvant la diversité.

Dans une lettre adressée aux étudiants et aux enseignants, le président de l’université, Alan Garber, a rappelé que Harvard n’abandonnerait pas « son indépendance, ni ses droits garantis par la Constitution », comme la liberté d’expression consacrée par le Premier amendement.

C’était sans compter sur la résilience de l’université de Harvard. Lundi 14 avril 2025, la présidence de Harvard a marqué les esprits en s’opposant publiquement aux demandes de l’administration Trump. Dans une lettre adressée aux étudiants et aux enseignants, le président de l’université, Alan Garber, a rappelé que Harvard n’abandonnerait pas « son indépendance, ni ses droits garantis par la Constitution », comme la liberté d’expression consacrée par le Premier amendement.

« Aucun gouvernement, quel que soit le parti au pouvoir, ne doit dicter aux universités privées ce qu’elles doivent enseigner, qui elles peuvent enrôler et embaucher, ni sur quelles matières elles peuvent mener des recherches », a-t-il ajouté. Une fin de non-recevoir saluée sur le campus de la plus ancienne université du pays ainsi que par plusieurs figures du Parti démocrate, dont l’ancien président Barack Obama, lui-même ancien étudiant qui a salué sur X un « exemple » et espéré que d’autres « institutions » suivront cette voie.

Cette courageuse prise de position aura coûté à Harvard le gel de 2,2 milliards de dollars de subventions fédérales et la suspension de 60 millions de dollars de contrats. Sachant que les subventions fédérales représentent 11 % des revenus de Harvard, sur un budget annuel de 6,4 milliards de dollars.

Mais, dotée d’un immense patrimoine de plus de 50 milliards de dollars – un chiffre supérieur au PIB de la Tunisie -, l’université de Harvard peut se permettre le luxe de tenir tête à l’actuelle l’administration américaine.

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Harvard refuse de s’agenouiller devant Donald Trump

17. April 2025 um 09:59

L’administration Trump a accusé Harvard, la célèbre université du Massachusetts de laisser prospérer l’antisémitisme et l’idéologie woke sur son campus et a menacée de lui couper les subventions fédérales si les exigences concernant les manifestations pro-palestiniennes et les demandes de révision de ses programmes de diversité, d’équité et d’inclusion ne sont pas acceptées. Mais contrairement à Columbia, qui a courbé l’échine, Harvard a refusé le chantage du pouvoir.

Imed Bahri

La sanction n’a pas tardé : Harvard s’est vue priver des fonds du gouvernement fédéral et s’est attiré les foudres de Trump en personne qui a déclaré: «Harvard est une BLAGUE qui enseigne la haine et l’imbécillité et qui ne devrait plus recevoir de fonds fédéraux. L’université recrute principalement des gauchistes radicaux, des idiots et des cervelles de moineau».

Dans une analyse publiée dans le Washington Post, l’éditorialiste David Ignatius a considéré que l’Université Harvard «a sauvé son âme» en rejetant les diktats de l’administration du président Trump et ses tentatives de contrôler l’enseignement supérieur du pays notant qu’elle paiera cependant un lourd tribut pour avoir refusé de céder son indépendance à l’administration Trump. 

Ignatius écrit: «L’Université de Harvard nous a donné une leçon en disant un non catégorique à un tyran», tout en rappelant que l’administration Trump a tenté d’intimider la célèbre université comme elle l’a fait avec des agences gouvernementales, des PDG, des cabinets d’avocats et d’autres universités en menaçant de réduire le financement fédéral.

Dans le cas de Harvard, cela impliquera une perte de 8,7 milliards de dollars de subventions pluriannuelles.

La semaine dernière, l’administration Trump a demandé un règlement humiliant qui soumettrait l’université à un examen externe du recrutement des professeurs, des admissions des étudiants et d’autres questions internes.

Harvard a refusé de céder, et son président, Allan Garber, a déclaré que «l’université ne renoncerait pas à son indépendance ni à ses droits constitutionnels. Aucun gouvernement quel que soit le parti au pouvoir n’a le droit de dicter aux universités privées ce qu’elles doivent enseigner, qui elles doivent accepter pour étudier ou pour être employé ou quel domaine d’études ou de recherche elles doivent poursuivre»

Étant donné que le président Trump n’accepte pas les réponses négatives, son administration a décidé lundi soir de mettre sa menace à exécution et de geler illico presto 2,2 milliards de dollars de financement fédéral.

Déluge d’Al-Aqsa dans les campus

L’auteur estime que Harvard et d’autres grandes universités semblaient errer dans le désert, se dirigeant vers l’inconnu, jusqu’à la position ferme de lundi. La liberté d’expression a été menacée à la fois par la droite et par la gauche, notamment après l’opération Déluge d’Al-Aqsa du 7 octobre 2023, lorsque les étudiants juifs et les militants pro-palestiniens se sont sentis en danger. Les présidents d’université ont essayé d’expliquer les règles du campus mais elles étaient incohérentes.

Un long article publié le mois dernier dans The New Yorker intitulé «Harvard va-t-il s’agenouiller ou s’effondrer» explique comment la Harvard Corporation (l’organe directeur de l’université) a été embarrassée après avoir nommé Claudine Gay comme première présidente noire de l’université de Harvard en juillet 2023 pour être licenciée seulement six mois plus tard à cause des critiques sur l’échec de l’université à freiner l’«antisémitisme» sur son campus mais aussi suite à des accusations de plagiat contre la nouvelle présidente.

La crise à Harvard s’est aggravée le 31 mars lorsque la Maison Blanche a annoncé une révision de la dotation de 8,7 milliards de dollars de l’université et lui a envoyé le 3 avril la première ébauche des instructions que l’université doit mettre en œuvre.

L’Université de Columbia a, de son côté, cédé aux exigences de l’administration Trump afin que les 400 millions de dollars de financement fédéral soient rétablis. Trump a maintenant pointé son arme sur l’une des universités les plus anciennes et les plus respectées d’Amérique et a appuyé sur la gâchette.

L’auteur cite un responsable de Harvard qui a déclaré que Penny Pritzker, ancienne secrétaire au Commerce et membre du conseil d’administration de la Fondation Harvard, avait eu du mal avec ses collègues à parvenir à un consensus sur les valeurs de Harvard et leurs préoccupations concernaient les lignes rouges à ne pas franchir. Au cours de ces discussions, un participant a déclaré que l’université avait réfléchi à sa devise Veritas, un mot latin qui signifie vérité.

Les dirigeants de Harvard n’ont pas rencontré directement Trump mais lui ont expliqué via des intermédiaires comment l’université combat l’antisémitisme et ses tentatives de donner une voix aux conservateurs au sein de l’institution. Ils espéraient que Trump offrirait des conditions moins punitives que celles qu’il a imposées à l’Université de Columbia. Toutefois, ils ont convenu ensemble qu’ils rejetteraient tout ce que le président leur imposerait et qu’ils refuseraient de céder ou de renoncer à leurs droits constitutionnels.

Vendredi, les diktats de Trump  ont franchi une ligne rouge. La lettre du 11 avril de l’administration avertit que les investissements fédéraux à Harvard ne sont pas un droit et que pour préserver la relation financière de Harvard avec le gouvernement fédéral, l’université doit changer sa gouvernance, réduire le pouvoir des étudiants et des professeurs, éliminer tout favoritisme racial, contrôler les étudiants étrangers qui soutiennent l’«antisémitisme» et le «terrorisme» et embaucher davantage de voix pro-Trump.

Une enquête de Harvard Crimson de 2022 a révélé que 80% des étudiants se décrivaient comme libéraux ou très libéraux. C’est cette tendance qui dérange le pouvoir américain actuel. Un diplômé de l’institution a averti que «tout accord avec Trump serait une tentative agressive de prendre le contrôle de l’université». Un ancien étudiant a soutenu pour sa part que la véritable préoccupation de Trump n’était pas un prétendu «antisémitisme» et qu’il cherche plutôt à se venger de ses ennemis politiques. 

Une révolution culturelle à la Mao

Ignatius considère que la liberté n’est pas gratuite et Harvard va maintenant commencer à payer ce que les responsables considèrent comme un prix très élevé pour son indépendance. En octobre dernier, l’université disposait d’un fonds de dotation de 53,2 milliards de dollars mais une grande partie de cet argent est constituée par des milliers de legs distincts et ne peut pas être facilement retirée.

Harvard a annoncé la semaine dernière son intention d’emprunter 750 millions de dollars pour répondre à ses besoins financiers. Les responsables de l’université ont précisé à Ignatius que les fonds privés ne couvriront pas les fonds qui seront retirés par le gouvernement et Garber reconnaît déjà la nécessité de licencier du personnel et de réduire les budgets ce qui compromettra la mission de recherche de Harvard pour les années à venir.

Faisant référence à un article du Financial Times dans lequel Martin Wolf affirmait que Trump comme Mao Zedong en Chine il y a plus de 50 ans s’est lancé dans une révolution culturelle visant à renverser les élites bureaucratiques et culturelles retranchées dans les prestigieuses universités du pays, Ignatius commente que «les professeurs libéraux n’ont pas encore été obligés de travailler dans des camps de rééducation, des fermes et des usines. C’est peut-être la prochaine étape. Pour l’instant, hommage à Fair Harvard (Harvard la Juste, Ndlr) et à la façon dont elle incarne sa devise Veritas».

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