La justice française a décidé de placer Halima Ben Ali, fille cadette de l’ancien président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, sous contrôle judiciaire dans l’attente de l’examen de sa demande d’extradition vers la Tunisie, a rapporté l’Agence France-Presse.
Cette mesure judiciaire, qui se distingue de la détention provisoire, implique qu’Halima Ben Ali pourrait demeurer libre de ses mouvements mais sous certaines conditions fixées par le juge. Elle peut par exemple être contrainte de remettre son passeport, de se présenter régulièrement au commissariat, de ne pas quitter le territoire français ou encore de ne pas entrer en contact avec certaines personnes. L’objectif est d’assurer qu’elle reste à la disposition de la justice jusqu’à la décision finale sur son extradition, tout en évitant un placement en prison.
L’arrestation d’Halima Ben Ali, survenue le 30 septembre à Paris, fait suite à une demande des autorités tunisiennes qui souhaitent son extradition. La Tunisie l’accuse notamment d’enrichissement illicite et de détournement de fonds publics durant les années de règne de son père, chassé du pouvoir par la révolution de 2011.
Le dossier sera désormais examiné par la justice française, qui devra déterminer si les conditions légales sont réunies pour accéder à la demande tunisienne. Ce processus peut s’étaler sur plusieurs mois, avec la possibilité de recours.
Dans un communiqué à l’AFP, son avocate Samia Maktouf a dénoncé une « chasse à la femme déclenchée par la Tunisie, un acharnement sans précédent ». Selon elle, Halima Ben Ali fait l’objet d’une notice rouge d’Interpol émise par la Tunisie pour des accusations de détournements de fonds. « Ma cliente n’a jamais commis de crime ou de délit et a quitté la Tunisie alors qu’elle était encore mineure, à 17 ans. On cherche à se venger de l’ancien chef d’État, son père, à travers elle. Nous faisons entièrement confiance à la justice française pour faire triompher le droit », a-t-elle ajouté.
L’avocate a également rappelé que sa cliente avait déjà été arrêtée à la demande de la Tunisie en 2018 en Italie, mais qu’elle avait été libérée. Halima Ben Ali, qui vit et travaille à Dubaï, se trouvait à Paris pour un court séjour lorsqu’elle a été interpellée à l’aéroport en direction de son retour aux Émirats arabes unis. Me Maktouf a exprimé sa crainte d’un « lynchage » si son extradition vers la Tunisie était décidée. Elle a indiqué qu’un signalement serait adressé au ministre de l’Intérieur français concernant les conditions de l’interpellation, lors de laquelle une policière franco-tunisienne l’aurait publiquement qualifiée de « voleuse ».
L’arrestation survient plus de 14 ans après la fuite de Zine el-Abidine Ben Ali de Tunisie, le 14 janvier 2011, à la suite d’une révolte populaire déclenchée par l’immolation par le feu d’un vendeur ambulant à Sidi-Bouzid. L’ancien président avait quitté le pays accompagné de sa seconde épouse Leila Trabelsi et de leurs enfants, Halima et Mohamed Zine el-Abidine, pour un exil en Arabie Saoudite où il a passé les huit dernières années de sa vie.
Les autorités françaises ont arrêté mardi 30 septembre 2025, à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, Halima Ben Ali, fille cadette du président Zine El-Abidine Ben Ali, en exécution d’une notice rouge émise par Interpol à la demande de la justice tunisienne. Sera-t-elle pour autant extradée par les juges français vers la Tunisie où elle est poursuivie dans plusieurs procès ?
Latif Belhedi
Selon des sources judiciaires citées par l’AFP, l’intéressée s’apprêtait à quitter le territoire français pour Dubaï lorsqu’elle a été interceptée. Elle doit comparaître ce mercredi devant le parquet général de Paris afin d’être informée officiellement du mandat d’arrêt tunisien. Le dossier sera ensuite transmis à un magistrat chargé de statuer sur son éventuel placement sous écrou extraditionnel ou, à défaut, sous contrôle judiciaire.
Halima Ben Ali, qui vit à Dubaï depuis la chute du régime en janvier 2011, est poursuivie en Tunisie pour des affaires de corruption et de détournement de fonds publics. Son nom figure dans plusieurs dossiers instruits après la révolution, visant les membres du clan présidentiel et leurs proches.
À l’instar de sa sœur Nesrine et de son frère Mohamed, elle fait partie de cette génération qui a grandi à l’ombre du pouvoir absolu. Même si elle s’est tenue plus discrète médiatiquement, son profil demeure associé à la galaxie Ben Ali-Trabelsi, synonyme pour beaucoup de Tunisiens d’enrichissement illicite et de privilèges abusifs.
Me Samia Maktouf, avocate de la prévenue, a déclaré que sa cliente «n’a commis aucune infraction», dénonçant une «campagne de vengeance ciblant l’ancien président» et «une instrumentalisation judiciaire à caractère politique.»
Me Maktouf a également indiqué qu’elle allait saisir le ministre de l’Intérieur français pour dénoncer les conditions de l’interpellation, affirmant qu’une fonctionnaire de police française d’origine tunisienne aurait publiquement insulté Halima Ben Ali en la qualifiant de «voleuse», après l’avoir identifiée lors de son interpellation.
Pour rappel, ce n’est pas la première fois qu’Halima Ben Ali est visée par une procédure judiciaire internationale. Elle avait déjà été arrêtée en Italie en 2018, à la demande de la Tunisie, avant d’être remise en liberté.
Un signal politique
L’arrestation intervient dans un contexte où la question de la restitution des avoirs illégalement acquis et dissimulés à l’étranger reste sensible. La Tunisie a signé depuis 2011 plusieurs conventions bilatérales et internationales pour récupérer ces biens. Mais les procédures se heurtent à la lenteur des systèmes judiciaires étrangers et aux carences bureaucratiques locales.
Le cas Halima Ben Ali envoie toutefois un signal clair : la justice tunisienne n’a pas abandonné les dossiers qu’elle instruit assez longtemps et continue de solliciter la coopération internationale qu’elle peine cependant à obtenir.
Halima Ben Ali n’a pas fini de traîner le boulet du legs familial.
Reste à savoir si cette demande d’extradition ira à son terme. La décision dépendra des juges français, qui devront vérifier la conformité du mandat tunisien avec le droit français et les conventions internationales, en particulier sur le respect des droits de la défense et des garanties de procès équitable.
Jusque-là, aucune demande d’extradition de personnalité politique n’a abouti, les juges européens estimant que la justice en Tunisie n’est pas suffisamment indépendante pour qu’on lui confie le sort d’opposants ou même de personnalités faisant l’objet de poursuites judiciaires.
Dans ce contexte, même Belhassen Trabelsi, l’oncle maternel de Halima, le plus grand symbole de la corruption et du népotisme sous Ben Ali, n’a pas pu être extradé vers la Tunisie après son arrestation il y a quelques années en France pour franchissement illégal des frontières avec de faux papiers. Il y a fort à parier que les juges français ne dérogeront pas à cette règle avec la fille cadette de Zine Ben Ali et Leila Trabelsi.
Une mémoire toujours vive
Plus de quatorze ans après la révolution du 14 janvier 2011, l’ombre de Ben Ali plane encore sur la vie politique tunisienne. Son décès en exil en 2019 en Arabie Saoudite n’a pas éteint les revendications populaires de vérité et de justice. Pour une partie de la société, il reste essentiel que les responsables de l’ancien régime, y compris leurs héritiers, répondent devant la justice.
Si l’arrestation de Halima Ben Ali aboutit à une extradition, cela constituerait un précédent important dans la coopération judiciaire entre Tunis et Paris. Mais si elle se solde par une simple mesure de contrôle judiciaire en France, voire un refus d’extradition, l’affaire risquerait d’alimenter le scepticisme sur la capacité de l’État tunisien à solder définitivement les comptes de l’ère Ben Ali. Et cela enverrait un mauvais signal à tous ceux qui, actuellement au pouvoir, se croient au-dessus des lois et immunisés contre d’éventuelles poursuites judiciaires après leur chute. Ben Ali n’est-il pas décédé sur son lit en Arabie saoudite des suites d’une longue maladie, et ce 8 ans après sa chute et malgré les nombreux procès qui lui ont été intentés à Tunis ? En Tunisie, l’impunité des puissants, même après leur chute, est en passe de devenir une règle…
Halima Ben Ali, fille de l’ancien président Feu Zine El Abidine Ben Ali, a été arrêtée à Paris en France, et ce, à la demande des autorités tunisiennes.
C’est ce qu’a affirmé une source judiciaire citée, ce mardi 30 septembre 2025 par les médias français, en précisant que Halima Ben Ali sera présentée demain mercredi «au Parquet général pour notification de la demande d’arrestation provisoire», puis «devant le conseiller délégué pour statuer sur le placement sous écrou extraditionnel ou sous contrôle judiciaire»
La mêm source ajoure qu’une audience devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel, compétente en matière d’extradition, aura par la suite lieu, sans donner plus de détails.
Halima Ben Ali, l’une des filles de l’ancien président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, a été interpellée à Paris ce mardi 30 septembre 2025.
L’arrestation a été confirmée par une source judiciaire française, citée par l’Agence France-Presse (AFP), précisant qu’elle intervient dans le cadre d’une procédure de coopération judiciaire et fait suite à une demande d’arrestation provisoire émise par la Tunisie.
La Procédure : l’attente du motif exact
Selon la même source judiciaire rapportée par l’AFP, Halima Ben Ali sera présentée au parquet général dès demain (mercredi) pour la notification de cette demande tunisienne. Elle comparaîtra ensuite devant le conseiller délégué pour statuer sur son placement potentiel sous écrou extraditionnel ou sous contrôle judiciaire.
Toutefois, le motif exact du mandat d’arrêt international délivré par Tunis n’a pas été immédiatement communiqué.
Contexte : les poursuites pour corruption financière
Bien que le chef d’accusation précis motivant cette arrestation ne soit pas connu, cette démarche s’inscrit dans un contexte judiciaire plus large et bien établi.
Enquêtes en Tunisie : La famille Ben Ali et l’entourage Trabelsi font l’objet de multiples enquêtes et procès en Tunisie depuis 2011, principalement pour des accusations de détournement de fonds publics et de malversation financière. Halima Ben Ali a elle-même été ciblée par des poursuites, même si elle a bénéficié d’un non-lieu dans au moins une affaire spécifique liée à une concession automobile, le tribunal ayant jugé qu’elle était mineure au moment des faits.
Sanctions de l’UE : Elle figure également sur la liste des personnes faisant l’objet de sanctions de l’Union Européenne (gel des avoirs) pour être considérée comme responsable de l’appropriation illicite de fonds publics tunisiens (selon les documents officiels de l’UE, tels qu’EUR-Lex).
L’arrestation est donc perçue comme la poursuite des efforts de la justice tunisienne pour faire rendre des comptes aux membres de l’ancien régime.