La troisième audience dans l’affaire dite du “complot contre la sûreté de l’État” s’est tenue ce vendredi au tribunal de première instance de Tunis, en présence de la Chambre spécialisée. L’affaire concerne 40 accusés, dont 9 sont actuellement en détention. Parmi eux figurent des personnalités politiques de premier plan, d’anciens responsables gouvernementaux, des avocats et des hommes d’affaires.
Avant l’ouverture de la séance, les familles des détenus, accompagnées de militants politiques, ont organisé un rassemblement pacifique devant le tribunal. Ils ont exigé la libération des personnes arrêtées, plaidant pour des procès équitables et dénonçant le recours aux audiences à distance, qu’ils considèrent comme contraires aux principes fondamentaux de la justice.
L’accès à la salle d’audience a été strictement limité : seuls les avocats de la défense et un membre de chaque famille d’accusé ont été autorisés à y assister. Journalistes, observateurs civils et militants politiques ont été tenus à l’écart, provoquant la colère de plusieurs représentants de la presse, qui ont organisé un sit-in pour réclamer leur droit à informer l’opinion publique.
La cour a justifié cette décision exceptionnelle par l’existence d’un “risque sécuritaire réel”, invoquant les articles 73 de la loi antiterroriste et 141 bis du Code de procédure pénale, autorisant le recours aux procès à distance. Cette mesure s’applique également aux autres affaires criminelles examinées par le pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme au cours du mois de mars 2025.
Les avocats de la défense, qui rejettent fermement cette disposition, ont renouvelé leur demande de comparution physique des détenus. Selon eux, les conditions actuelles ne garantissent pas le respect des droits fondamentaux de la défense, ni les critères d’un procès équitable. Ils ont souligné que les accusés attendent depuis plus de deux ans d’être entendus directement par la justice.
Pour rappel, l’affaire remonte à février 2023, lorsque plusieurs personnalités politiques et publiques ont été interpellées pour des accusations liées à la formation d’un réseau visant à porter atteinte à la sécurité intérieure et extérieure de l’État. Parmi les accusés figurent Issam Chebbi (secrétaire général du Parti républicain), Ghazi Chaouachi (ancien ministre), Jawhar Ben Mbarek (juriste et militant politique), Abdelhamid Jlassi et Saied Ferjani (anciens cadres du mouvement Ennahdha).
L’article Procès du “complot contre la sûreté de l’État” : c’est parti pour la troisième audience est apparu en premier sur La Presse de Tunisie.