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L’hebdo du vendredi 7 décembre 2025 – Le dinar tunisien dans la tourmente internationale

08. Dezember 2025 um 12:53

L’économie mondiale aborde la fin de 2025 avec une tonalité incertaine. La détente récente autour du dollar, affaibli par les anticipations d’un assouplissement monétaire américain en 2026, offre un répit momentané aux devises émergentes, dont le dinar.

Parallèlement, l’euro profite d’indicateurs européens mieux orientés et d’un discours plus rassurant de la BCE, retrouvant une dynamique haussière. Cette amélioration internationale demeure pourtant fragile, prise en étau entre les tensions géopolitiques persistantes au Moyen-Orient, un ralentissement chinois qui pèse sur les matières premières et une volatilité continue sur les marchés obligataires. Dans cet environnement, les économies ouvertes et structurellement dépendantes de financements extérieurs, comme la Tunisie, restent particulièrement exposées.

Tunisie — Une liquidité sous pression : la BCT arbitre entre stabilité et vulnérabilités internes

Les indicateurs monétaires du 5 décembre 2025 confirment un contexte bancaire toujours tendu. Le solde du compte courant ordinaire des banques reste faible, bien en-deçà des niveaux de 2024. Ce qui traduit la persistance d’une liquidité structurellement déficitaire. Le volume global de refinancement, légèrement supérieur à 11 milliards de dinars, montre combien le secteur bancaire dépend encore des interventions quotidiennes de la Banque centrale.

Le taux du marché monétaire demeure solidement arrimé à 7,5 %, en ligne avec un taux directeur maintenu sans changement. Ce choix reflète l’équilibre délicat recherché par la BCT : éviter d’alimenter les tensions inflationnistes; tout en préservant la fluidité minimale du crédit. Mais les signaux envoyés par l’économie réelle invitent à la prudence. La demande de cash continue de s’amplifier et les billets en circulation dépassent désormais 26 milliards de dinars, un record. Cette explosion de la circulation fiduciaire révèle une défiance persistante vis-à-vis du système bancaire; mais aussi l’emprise croissante de l’économie parallèle, difficile à contenir sans réformes structurelles audacieuses.

Des réserves de change sous tension : un coussin qui s’érode malgré la résilience des flux extérieurs

Les avoirs nets en devises reculent à 24,6 milliards de dinars, équivalents à 104 jours d’importation, contre 112 jours un an auparavant. L’érosion est notable et s’explique en grande partie par un service de la dette extérieure particulièrement lourd en 2025. Les paiements cumulés atteignent en effet près de 11,5 milliards de dinars à fin novembre.

Malgré cette pression, les recettes en devises montrent une résilience appréciable. Le tourisme progresse et dépasse 7,5 milliards de dinars, bénéficiant d’une fréquentation européenne soutenue. Les revenus des Tunisiens à l’étranger suivent la même trajectoire ascendante et apportent près de 8 milliards de dinars à fin novembre. Ces flux constituent aujourd’hui la première ligne de défense du dinar. Mais ils ne suffisent pas à eux seuls à compenser le poids du service de la dette et les besoins croissants en importations essentielles.

Un dinar en équilibre instable : respiration face au dollar, glissement contrôlé face à l’euro

Sur le marché des changes, le dinar évolue dans un mouvement à double vitesse. Le recul mondial du dollar permet au dinar de reprendre de la vigueur, avec un taux passant de 3,16 à 2,93. Cette amélioration allège temporairement la facture des importations libellées en dollars, notamment pour l’énergie et certaines matières premières stratégiques.

Face à l’euro, la situation est plus nuancée. Le dinar glisse légèrement, passant de 3,32 à 3,42. Cette dépréciation modérée, mais persistante, traduit une tendance structurelle liée aux déséquilibres externes, à la dépendance des entreprises tunisiennes aux intrants importés et à un différentiel d’inflation qui continue d’éroder la compétitivité interne. La Banque centrale (BCT) semble maintenir une stratégie de flottement géré, évitant tout mouvement brusque, mais acceptant une correction graduelle du taux de change.

Un horizon proche sous surveillance : une stabilisation relative mais conditionnelle

À court terme, le dinar devrait bénéficier de conditions relativement favorables. Le repli du dollar, la stabilité du taux directeur, la hausse saisonnière des transferts des résidents à l’étranger et la bonne tenue du tourisme européen devraient contribuer à contenir les pressions immédiates. Mais cette stabilisation reste précaire. Les réserves en devises demeurent sous tension et le moindre choc externe pourrait modifier le paysage en quelques jours, surtout dans un environnement global volatil.

Une équation plus complexe en 2026 : dette, croissance et inflation comme lignes de fracture

À moyen terme, la situation s’annonce plus exigeante. Les obligations extérieures de 2026 imposeront des sorties de devises importantes, au moment même où la croissance intérieure peine à générer des excédents exportables. L’inflation sous-jacente, installée à 5 % fin novembre, réduit les marges de manœuvre monétaires et renchérit les importations. La progression constante de l’économie informelle absorbe une part croissante de la liquidité bancaire, accentuant les tensions sur le marché monétaire.

La capacité du gouvernement à sécuriser de nouveaux financements extérieurs, qu’ils soient bilatéraux ou multilatéraux, jouera un rôle décisif dans la stabilité du dinar. Faute de ces apports, la dépréciation graduelle resterait le scénario le plus probable.

In fine : une stabilité apparente qui ne masque pas les vulnérabilités profondes

La Tunisie termine 2025 dans une posture délicate. Les signaux positifs existent, notamment dans les revenus extérieurs et la relative stabilité du dinar face au dollar. Mais les vulnérabilités structurelles persistent : liquidité bancaire fragile, dette extérieure lourde, érosion des réserves, montée du cash et dépendance aux chocs exogènes.

Le dinar bénéficie aujourd’hui d’une accalmie conjoncturelle. Mais cette stabilité demeure conditionnelle et pourrait être rapidement remise en question. L’année 2026 s’ouvrira sous le signe d’un équilibre fragile, où la moindre secousse internationale pourrait suffire à rebattre les cartes du marché tunisien.

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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