La BEI et la BAD injectent 275 millions $ pour réinventer l’épine dorsale ferroviaire de la Mauritanie
La signature par BEI Monde et la Banque africaine de développement (BAD) d’un financement conjoint de 275 millions de dollars (soit respectivement 125 et 150 millions de dollars) pour moderniser le corridor ferroviaire Zouerat–Nouadhibou s’inscrit dans un contexte géopolitique où la Mauritanie devient un acteur stratégique pour l’Europe et pour l’intégration régionale du Sahel.
Porté par la stratégie Global Gateway de l’Union européenne, ce projet dépasse la seule modernisation d’infrastructures. Il reflète la volonté européenne de sécuriser ses chaînes d’approvisionnement critiques, d’appuyer un partenaire stable dans une région troublée et de consolider une présence économique face à la montée d’autres influences internationales en Afrique, notamment chinoises et russes. Les Turques aussi ne sont pas négliger.
A noter au passage que Global Gateway est la stratégie de l’Union européenne qui vise à développer des liens intelligents, propres et sûrs dans les domaines du numérique, de l’énergie et des transports, et à renforcer les systèmes de santé, d’éducation et de recherche dans le monde entier.
Pour l’Europe, investir dans ce corridor revient à stabiliser une route d’exportation essentielle, tout en favorisant une transition vers des chaînes de valeur industrielles plus durables hors d’Asie. Pour la Mauritanie, il s’agit de consolider son rôle de passerelle entre l’Afrique de l’Ouest, le Maghreb et les marchés mondiaux.
Le financement – non souverain et directement accordé à la Société nationale industrielle et minière (SNIM) – renforce la position de la Mauritanie en tant que producteur clé de minerai de fer et futur hub de matières premières stratégiques, afrique.le360.ma. Pour l’Europe, investir dans ce corridor revient à stabiliser une route d’exportation essentielle, tout en favorisant une transition vers des chaînes de valeur industrielles plus durables hors d’Asie. Pour la Mauritanie, il s’agit de consolider son rôle de passerelle entre l’Afrique de l’Ouest, le Maghreb et les marchés mondiaux.
Dans ce cadre, le PDG de la SNIM, Mohamed Vall Mohamed Telmidy, rappelle que l’amélioration de la chaîne logistique est cruciale pour les ambitions industrielles du pays. Cette modernisation vise à accroître la capacité de transport vers l’Atlantique, tout en réduisant la dépendance énergétique. Un enjeu stratégique dans un contexte global de pressions sur les marchés des carburants.
Pour le président du Groupe de la BAD, Sidi Ould Tah, ce financement marque une étape politique majeure : la BAD soutient la montée en puissance du secteur privé africain et conforte la Mauritanie comme maillon central des échanges régionaux. Moderniser cette voie ferrée, dit-il, renforcera l’influence du pays dans le commerce du Sahel. Et ce, au moment où la région cherche de nouvelles dynamiques d’intégration face aux turbulences politiques.
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Le vice-président de la BEI, Ambroise Fayolle, inscrit cette opération dans la dynamique récente du partenariat UA-UE. Il rappelle que l’Europe entend montrer sa capacité à proposer des alternatives stratégiques crédibles pour le développement des infrastructures africaines. Il estime que ce projet illustre concrètement le tournant géopolitique du Global Gateway, pensé comme un contre-modèle aux grandes initiatives asiatiques.
Le vice-président de la BEI, Ambroise Fayolle, inscrit cette opération dans la dynamique récente du partenariat UA-UE, et rappelle que l’Europe entend montrer sa capacité à proposer des alternatives stratégiques crédibles pour le développement des infrastructures africaines.
Le vice-président de la BAD en charge du secteur privé, Solomon Adegbie-Quaynor, met l’accent pour sa part sur les infrastructures résilientes et bas carbone. Un axe désormais central dans la compétition mondiale pour les ressources et les partenariats énergétiques. En renforçant la compétitivité et la connectivité de la Mauritanie, le projet devrait aussi contribuer à la stabilité régionale, un enjeu géopolitique majeur dans le Sahel troublé.
Quant à Jozef Síkela, ancien banquier d’investissement et commissaire européen aux Partenariats internationaux, il a insisté sur la dimension stratégique du partenariat UE-Mauritanie. En reliant le cœur minier du pays aux marchés mondiaux, l’Europe sécurise un corridor d’approvisionnement et s’assure un allié clé dans une région où les influences globales s’affrontent de plus en plus ouvertement.
En reliant le cœur minier du pays aux marchés mondiaux, l’Europe sécurise un corridor d’approvisionnement et s’assure un allié clé dans une région où les influences globales s’affrontent de plus en plus ouvertement.
Tout ceci pour dire qu’au-delà de l’infrastructure, le projet Zouerat–Nouadhibou devient un instrument géopolitique structurant : stabilisation du Sahel; sécurisation des matières premières; projection d’influence européenne; et consolidation du rôle pivot de la Mauritanie dans les équilibres stratégiques régionaux.
A souligner du reste que le sous-sol mauritanien regorge de ressources stratégiques, tels que le fer, le pétrole, l’or et l’uranium. Et par les temps qui courent, le pays attise les convoitises des puissances étrangères. Avec un risque, comme c’est souvent le cas, de troubler la jeune « démocratie » qui est en train de se mettre en place. Une des rares exceptions dans la région ouest-africaine.
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