Algérie | Sept ans de prison pour le journaliste français Christophe Gleizes
Le journaliste français Christophe Gleizes, collaborateur régulier de ‘‘So Foot’’ et ‘‘Society’’, a été condamné en première instance à sept ans de prison par la justice algérienne pour «apologie du terrorisme». Cette décision, qui touche un reporter en pleine enquête, suscite une vive inquiétude parmi les médias et les défenseurs de la liberté d’informer.
Gleizes réalisait un reportage sur la Jeunesse sportive de Kabylie (JSK), club fondé en 1946 à Tizi Ouzou et symbole fort de l’identité amazighe. Plus qu’un simple club de football, la JSK représente une mémoire culturelle et une revendication identitaire persistante dans une région où sport et politique se croisent. Le journaliste s’intéressait à cette dimension politique et sociale, documentant l’histoire et les tensions autour du club, ainsi que son rôle dans la société kabyle.
Selon le tribunal, Gleizes aurait eu des contacts avec un dirigeant du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), organisation classée «terroriste» depuis 2021. Ces échanges, pourtant strictement professionnels et datant de 2015 et 2017, ont été interprétés comme des actes de soutien ou d’apologie.
Pour les professionnels du journalisme, ces accusations sont inquiétantes : rencontrer des acteurs controversés fait partie intégrante de l’enquête journalistique et ne constitue en rien une prise de position politique.
La condamnation du journaliste français a provoqué une réaction immédiate dans les milieux médiatiques internationaux. Reporters sans frontières, le Syndicat national des journalistes et plusieurs rédactions françaises dénoncent un procès «sans fondement» et réclament la libération immédiate de Gleizes. Pour ces organisations, le reporter est victime d’une criminalisation du journalisme d’investigation, où le simple fait de documenter une réalité sensible est assimilé à un acte illégal.
Cette affaire dépasse largement la personne de Christophe Gleizes. Elle pose une question cruciale sur la liberté d’informer en Algérie : peut-on enquêter librement sur la Kabylie, son histoire, sa culture et ses tensions identitaires sans être accusé de crimes ? Dans ce contexte, le football devient un terrain politique et symbolique, et le métier de journaliste, un exercice à haut risque.
Christophe Gleizes reste détenu en Algérie, dans l’attente de l’appel. Son cas est suivi de près par les médias français et internationaux, qui dénoncent l’injustice et rappellent que documenter la réalité, interroger des sources et raconter des histoires ne peut pas être un crime. Pour la presse, l’innocence professionnelle de Gleizes est évidente : il est derrière les barreaux pour avoir fait son métier, simplement.
G. D.
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