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Le Maire de New-York, Zohran Mamdani, et la figure du musulman d’Occident

19. November 2025 um 17:36

L’élection de Zohran Mamdani à la tête de New-York a eu une onde de choc mondiale qui continue de produire ses effets. Face aux profonds clivages qui traversent une société américaine éclatée, son discours a su conjuguer et incarner multiculturalisme et progrès social. Son dynamisme a eu raison, le temps d’une élection, d’une oligarchie financière, médiatique et politique qui a fait bloc face à sa candidature. Un front animé par une islamophobie occidentale ciblant la figure d’un ennemi de l’intérieur et de l’extérieur.

 

Musulman et occidental

 

En Occident, la problématique de l’immigration et la montée d’un néonationalisme visent en particulier les nationaux de culture ou de confession musulmane, dont l’identité complexe contribue à un sentiment d’insécurité identitaire.

 

Pourtant, contrairement aux thèses culturalistes encore en vogue, il y a nulle incompatibilité entre le fait d’être musulman et l’adhésion au « modèle républicain » à la française ou à l’American way life ; des concepts structurels mais non figés.

 

Comme en Europe, l’islam est en effet devenu aux États-Unis une question de politique intérieure. La présence arabe et plus largement musulmane est perçue comme une menace sécuritaire et identitaire. Dans ce contexte, les citoyens « Arabes d’Occident » ou « Araboccidentaux » se trouvent piégés dans une sorte de chaîne de de soupçons : Arabes/musulmans, musulmans/islamistes, islamistes/terroristes. D’où vient une telle construction ?

 

La construction d’une représentation

 

Si la Bible mentionne l’existence des Arabes, qu’elle identifie comme les descendants d’Ismaël (premier fils du prophète Abraham), leur représentation se forge à partir de l’expansion de l’Empire islamique (jusque dans le sud de l’Europe), à travers les récits des conquêtes islamiques et des reconquêtes européennes (espagnole et française).

 

Renforcée par les chroniques des Croisades, la figure de l’Arabo-musulman domine au-delà des origines ethniques, entre Sarrasins et Maures par exemple ; dépeint sous les traits de l’ennemi envahisseur et de l’infidèle violent, il est néanmoins doté d’un esprit noble et animé par des valeurs chevaleresques qui faisaient encore défaut aux guerriers Francs.

 

Mieux, la figure du « transmetteur » s’impose dans l’Europe du Moyen-âge et de la Renaissance, lorsque celle-ci redécouvre la pensée grecque grâce aux traductions de l’arabe vers le latin des œuvres d’Aristote.

 

Les Arabes sont progressivement éclipsés par les Ottomans, dont la domination a signifié le monopole dans la représentation du monde musulman par les Européens (Ali Kazancigil). Le développement des relations diplomatiques entre le royaume de François Ier et la Sublime Porte de Suleyman Le Magnifique, au début du XVIe siècle, annonce l’ère de l’orientalisme scientifique et artistique.

 

Les Vénitiens forgent le concept de « despotisme oriental », despotisme absolu qui fait office de repoussoir pour les philosophes des Lumières (pour Montesquieu notamment).

 

Malgré sa richesse et son apport (y compris à la culture arabe), l’orientalisme esthétique est aussi à l’origine de la diffusion de stéréotypes sur un Orient fantasmé et décadent.

 

Le monde arabe moderne est encore prisonnier de ces images et archétypes construits au début du XIXe siècle, où l’Autre est relégué dans un exotisme anhistorique résumé à cette image : en son palais exotique orné d’or, le despote oriental est flanqué de son harem, de ses esclaves et de ses cavaliers enturbannés. Les Arabes n’apparaissant que « sous l’angle du voyage pittoresque ou d’un vague mysticisme teinté d’initiatique » (Jacques Berque).

 

La figure d’un ennemi

 

Des Croisades à la (dé)colonisation, la figure de la menace musulmane s’est cristallisée dans la représentation occidentale. Depuis la fin de la guerre froide, la montée de l’intégrisme islamique a coïncidé avec la recherche d’un nouvel ennemi stratégique et symbolique en Occident.

 

Partant, la critique de l’islam (isme) a pris la place du communisme.Une lecture culturaliste et essentialiste vient figer la représentation des musulmans dans l’image d’une masse archaïque, rétive à la modernité, à la fois soumise et incontrôlable (si ce n’est par la force). Cette perception a justifié le soutien des régimes occidentaux à des régimes arabes autoritaires, qui avaient le mérite de maintenir l’ordre et la stabilité…

 

Après les attentats du 11 septembre 2001 à New York, la figure de l’Arabo-musulman incarne définitivement cet ennemi symbolique de l’Occident. Cette perception est étayée par la thèse du « choc des civilisations », développée par le politologue américain Samuel Huntington, selon laquelle l’ordre du monde tient à un conflit de systèmes de valeurs dans lequel la civilisation islamique menace l’Occident.

 

Enfin, les soulèvements de peuples arabes en 2011 ont fait resurgir l’obsession islamiste. Preuve de la persistance des vieux réflexes, des notions superficielles ou fantasmagoriques ont (re)surgi pour mieux réduire les Arabes à un bloc monolithique écrasé par le poids de la religion musulmane.

 

L’élection du nouveau Maire de New-York, Zohran Mamdani, vient rappeler que l’identité musulmane n’est pas incompatible avec la réussite d’un parcours personnel dans une société occidentale. La question est de savoir si au-delà des destins individuels, il est encore possible de reconstruire la représentation collective des musulmans en Occident près des décennies, voire des siècles de discours avilissant et dénigrants.

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Les COP et la lutte contre le dérèglement climatique 

13. November 2025 um 07:55

Dix ans après la signature de l’Accord de Paris, qui consacre l’engagement à limiter le réchauffement à 2 °C (et si possible à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle), la 30ème  Conférence de l’ONU pour le climat (COP30) se tient à Belém, au Brésil. Celle-ci s’inscrit dans un contexte marqué par la dégradation du multilatéralisme, le retrait des Etats-Unis de Trump de tout engagement en matière de lutte contre le dérèglement climatique, et de confrontation lancinante entre les pays du Nord et ceux du Sud.

Les COP : les limites d’une forme particulière de multilatéralisme

En s’éloignant de l’intergouvernementalisme pur, les COP illustrent l’évolution de la gouvernance mondiale plus ouverte aux acteurs non étatiques.

En effet, non seulement elles offrent une tribune aux pays en développement ou vulnérables, mais elles rassemblent aussi diverses catégories d’acteurs non étatiques de la société civile (pas forcément pour défendre les principes et valeurs de la protection de l’environnement et de la lutte contre le réchauffement climatique) : ONG environnementales, entités publiques infra-étatiques, syndicats professionnels, entreprises, cabinets de conseils et lobbyistes, etc.

 

Lire aussi: COP30 : António Guterres tire la sonnette d’alarme sur le réchauffement climatique

 

Si tous les participants aux COP ne jouissent pas du même statut (seuls les représentants des Etats signataires de la Convention sont dotés d’un pouvoir de négociation), les ONG environnementales font montre d’une capacité d’influence.

Toutefois, les COP font l’objet de critiques qui en relativisent l’intérêt par rapport aux conférences internationales classiques : ce type de processus de négociation s’avère par trop laborieux, lourd et lent. Outre les intérêts divergents des parties prenantes, cela s’explique par l’absence de mécanisme de vote et l’application de la règle du consensus.

Si les négociations lors de ces Conférences annuelles sont autant de caisses de résonance des débats liés au réchauffement climatique, le cadre offert semble inadapté au regard des causes systémiques (liées au modèle de développement capitaliste) du phénomène.

 

Lire également: La CNUCED sonne l’alarme : réformer la finance mondiale pour sauver le climat

 

Dès lors, une plus grande implication des organisations et institutions économiques internationales (y compris des cadres informels comme le G7, le G20) s’avère nécessaire à la bonne gouvernance de la question climatique, y compris pour répondre à la question de l’équité climatique.

Les COP : l’enjeu géopolitique de l’équité climatique

Les COP butent face à la recherche d’un mécanisme de redistribution et de « justice climatique ».

Traditionnellement, deux grands blocs s’opposent sur le sujet de la réduction des émissions des gaz à effet de serre : les pays développés; et les pays du Sud (parmi lesquels en particulier les petites îles). Une dichotomie à nuancer, notamment au regard de la position de pays émergents grands producteurs ou consommateurs d’hydrocarbures, peu enclins à accélérer la décarbonation de leur économie et à mettre la sortie des énergies fossiles à l’agenda international.

Plus clivante, la question de la justice climatique nourrit de plus en plus cette opposition qui structure les négociations climatiques (entre pays développés, historiquement responsables du réchauffement, et pays en développement, qui y ont moins contribué).

Les pays du Nord tendent à dissocier la problématique de l’équité de l’impératif de restreindre le réchauffement sous les 1,5 °C. Alors que les pays du Sud mettent en avant la nécessité d’obtenir des ressources financières et technologiques.

Certes, la COP27 (novembre 2022) s’est conclue sur la décision historique de créer un fonds pour les « pertes et dommages » (tant économiques qu’humaines et culturelles) destiné à indemniser les catastrophes naturelles causées par le changement climatique. Toutefois, ses modalités d’application demeurent indéfinies (liste des pays contributeurs et bénéficiaires, sources de financement).

La formulation de « pays particulièrement vulnérables » interroge la définition même de la vulnérabilité. La Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques trace une ligne de démarcation entre pays du Nord et pays du Sud. Elle est fondée sur les principes des « responsabilités communes, mais différenciées » et des « capacités respectives », donnant le primat de l’action aux Etats qui ont le plus émis de gaz à effet de serre et les plus riches.

Ces 43 pays industrialisés sont classés dans l’annexe I de la CCNUCC, tandis que les autres sont dits en « non-annexe I ».

Depuis l’Accord de Paris de 2015, qui réitère les deux principes, tous les pays doivent réduire leurs émissions.

Cependant, sur le plan financier, l’idée reste que les pays de l’annexe I abondent les fonds destinés aux autres Etats pour les aider à réduire leurs émissions ou à s’adapter au changement climatique.

Or désormais, ce « reste du monde » compte pour 70 % des émissions mondiales et certains pays se sont fortement développés. La Chine, en particulier, est devenue la deuxième puissance économique mondiale, le premier pollueur et même le second émetteur d’émissions cumulées, derrière les Etats-Unis. En cela, la logique de répartition entre Nord et Sud est en partie dépassée…

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