Finance climatique : dix pays fragiles dénoncent leur exclusion et mettent la pression à la COP30
A l’occasion de la tenue de la COP30 au Brésil, six pays africains et quatre autres considérés comme les plus vulnérables au monde ont fait savoir que le système actuel de financement climatique les laisse de côté, les privant de ressources vitales pour bâtir des économies résilientes.
Pour donner un poids à leurs doléances, ces dix pays – Burundi, Tchad, Irak, Mauritanie, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Sierra Leone, Somalie, Soudan du Sud, Yémen et Timor-Leste – se sont réunis au sein d’une coalition dénommée « Réseau pour un accès amélioré et équitable au financement climatique » (IEACF Network). Lequel aura pour objectif de demander des procédures simplifiées, des instruments financiers adaptés aux contextes fragiles et un accès direct aux fonds destinés à l’adaptation de long terme.
A souligner que la création de ce réseau repose sur un constat commun : malgré une vulnérabilité climatique extrême, ces pays n’ont reçu en 2022 que 10 % des financements internationaux dirigés vers l’adaptation. Un paradoxe dénoncé dans un communiqué d’ODI Global publié en marge des négociations de Belém, qui souligne un « échec systémique » à soutenir les États en situation de conflit ou de fragilité.
Explication. Le ministre somalien de l’Environnement, Bashir Mohamed Jama, rappelle par exemple que son pays ne reçoit « qu’un peu plus de 300 millions de dollars » par an pour le climat, soit moins de 1 % des besoins d’adaptation estimés; alors que l’aide humanitaire y dépasse 1,1 milliard de dollars. Il juge que le système actuel privilégie la réaction aux catastrophes plutôt que leur prévention.
Idem du côté du Yémen, où le ministre Tawfiq Al-Sharjabi évoque des « procédures complexes » et l’absence d’outils financiers flexibles à même de rendre l’accès au financement « quasi impossible ».
Les conséquences économiques sont directes : infrastructures exposées aux chocs climatiques, chaînes de valeur perturbées, terres rendues improductives, ressources naturelles sous pression. Dans ces pays, les entreprises locales comme les agriculteurs, les éleveurs ou les pêcheurs subissent de plein fouet l’absence d’investissements durables. Les institutions financières nationales, quant à elles, ne disposent ni des ressources ni de l’expertise pour déployer des instruments adaptés, tels que les micro-assurances ou les crédits verts.
À Belém, le Réseau IEACF réclame donc une refonte profonde du système : procédures allégées, soutien technique massif, accès direct aux fonds, et priorité donnée à des projets de résilience structurelle plutôt qu’à des interventions post-crise. Une exigence qui rejoint l’avertissement d’experts onusiens : sans adaptation, les risques climatiques aggravent les tensions, les déplacements et l’instabilité.
Pour ces pays, l’enjeu est existentiel. Sans réforme rapide, ils resteront piégés dans un cycle de vulnérabilité et de dépendance à l’aide humanitaire. La crédibilité de la COP30 se jouera ainsi sur sa capacité à corriger cette injustice et à rendre enfin le financement climatique accessible à ceux qui en ont le plus besoin. Seulement, il ne faudrait pas rêvé sur une quelconque « compassion » des pays du Nord et riches.
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