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Skander Sallemi : “Le PLF 2026 prolonge une austérité déguisée en discipline budgétaire”

26. Oktober 2025 um 11:57

Le projet de loi de finances 2026 (PLF 2026) marque une rupture avec les exercices précédents, selon Skander Sallemi, conseiller fiscal et enseignant universitaire. Entre augmentation inédite des salaires sur trois ans, allègement des charges patronales et réduction du nombre de mesures fiscales, le texte suscite autant d’espoirs que d’interrogations. Mais l’absence d’exposé des motifs et d’annexes réglementaires complique son évaluation.

Dans cet entretien, l’expert décrypte les principales dispositions du PLF 2026, leurs implications pour les entreprises et les ménages, et s’interroge sur leur capacité à relancer une économie marquée par l’austérité.

Quelle est votre évaluation globale du projet de loi de finances (PLF) 2026 ?

Le projet s’inscrit clairement dans la continuité d’une politique d’austérité. Fait inédit, il a été présenté sans exposé des motifs ni les annexes prévues par l’article 46 de la loi organique du budget. Cette absence de documentation compromet la transparence budgétaire et complique la tâche des députés, qui doivent évaluer la légitimité et l’efficacité des dépenses prévues.

On note cependant quelques initiatives positives, notamment plusieurs lignes de financement destinées aux PME et aux agriculteurs. Ces dispositifs peuvent contribuer à atténuer les difficultés d’accès au crédit rencontrées par les jeunes promoteurs et les petites entreprises. En revanche, certaines dispositions du texte suscitent déjà la controverse et devraient animer les débats parlementaires, comme celles relatives au financement des sociétés communautaires ou encore la levée partielle des restrictions sur l’accomplissement des formalités administratives pour les actes réalisés avec un paiement en espèces.

Contrairement aux PLF précédents, le PLF 2026 prévoit une augmentation des salaires dans les secteurs public et privé. Comment évaluez-vous cette approche et quel pourrait être son impact sur les entreprises, notamment les PME ?

C’est une première : jamais une loi de finances n’avait intégré une mesure d’augmentation des salaires et des pensions de retraite. Autre particularité, la disposition couvre une période de trois ans, alors que la loi de finances est par nature annuelle. L’absence d’exposé des motifs empêche de comprendre les raisons et les hypothèses économiques ayant conduit à cette mesure.

Il semble toutefois s’agir d’une revalorisation annuelle classique plutôt que d’une hausse exceptionnelle. Le projet ne précise ni les montants ni les taux d’augmentation envisagés, ce qui rend impossible l’évaluation de l’impact sur les finances publiques ou sur les entreprises du secteur privé.

Le PLF 2026 prévoit une prise en charge par l’État des cotisations patronales à la CNSS pour les entreprises recrutant des diplômés de l’enseignement supérieur. Pensez-vous que cette mesure puisse réellement stimuler l’emploi ?

Cette mesure n’est pas nouvelle : elle a déjà été appliquée dans le passé, sans qu’aucune évaluation de son impact n’ait été publiée. La réduction des charges sociales peut certes améliorer la compétitivité des entreprises et alléger leurs coûts dans la conjoncture actuelle. Mais à elle seule, elle ne suffit pas à relancer durablement l’emploi des jeunes diplômés.

Pour être efficace, ce type d’incitation devrait s’inscrire dans une stratégie cohérente combinant allègements fiscaux, appui à l’investissement productif et réformes structurelles du marché du travail. Sans cette approche intégrée, l’effet sur l’emploi risque de rester limité.

La composante fiscale du PLF 2026 représente-t-elle une hausse par rapport à celle de 2025 ?

Bien au contraire. Le nombre de mesures fiscales prévues dans le projet de loi de finances 2026 est nettement inférieur à celui des exercices précédents. C’est, à mon sens, une évolution plutôt positive : le nombre très élevé de dispositions fiscales adoptées depuis 2012 a créé une forte instabilité juridique et économique, pénalisant à la fois les contribuables et les investisseurs.

Cette pause législative pourrait marquer une volonté de stabilisation et de prévisibilité, deux conditions essentielles pour restaurer la confiance des acteurs économiques. Mais le débat parlementaire pourrait encore introduire de nouvelles dispositions fiscales, comme cela s’est souvent produit par le passé.

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