Le président Kaïs Saïed à l’ouverture de l’IATF 2025: “Le rêve africain des générations passées vivra et se réalisera”
De notre envoyée spéciale en Algérie, Meriem Khdimallah
Le président de la République, Kaïs Saïed, a prononcé, ce jeudi 4 septembre 2025, un discours lors de la cérémonie d’ouverture officielle de la 4ᵉ édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF 2025), organisée au Centre international des conférences « Abdelatif Rahal » à Alger.
Aux côtés de son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune, d’autres chefs d’État, de délégations africaines et de hauts responsables, le chef de l’État a appelé à un projet global qui dépasse les simples enjeux économiques et plaide pour un nouvel ordre africain et mondial fondé sur la justice, l’équité et la souveraineté des peuples.
“L’Afrique doit appartenir aux Africains”, a affirmé Kaïs Saïed, insistant sur la nécessité pour le continent de reprendre la pleine maîtrise de ses richesses et de son avenir. “Nos peuples ne peuvent plus vivre dans un continent qui regorge de ressources mais où la jeunesse meurt dans la pauvreté et où les populations souffrent de la faim”, a-t-il lancé, dans une allocution qui a mis en avant les défis mais aussi les espoirs d’une Afrique souveraine et unie.
Le rêve africain, entre mémoire et réalité
Revenant sur l’histoire du panafricanisme, le président tunisien a rappelé la création, dans les années 1960, de l’Organisation de l’Unité africaine, née du “rêve des pionniers” après les indépendances. Mais ce rêve, a-t-il regretté, a vite été terni par “les divisions, les guerres et le pillage des richesses”, ouvrant la voie à de nouvelles formes d’exploitation.
Pour autant, a-t-il souligné, cette espérance demeure vivante : “Le rêve des générations passées continue de nous habiter aujourd’hui et habitera encore les générations futures. Ce rêve se réalisera, car il est dans le sens de l’histoire”.
Sur un autre plan, s’il a reconnu l’importance des secteurs ciblés par l’IATF 2025 (agriculture, industrie, énergie, recherche, innovation, santé, transport et startups), le président Kaïs Saïed a insisté sur une vision plus large. “Ce que nous avons devant nous n’est pas un simple projet sectoriel. C’est un projet de civilisation, un projet global, fondé sur une pensée nouvelle et des concepts nouveaux”, a-t-il déclaré, estimant que la coopération africaine doit être repensée sur des bases équitables et indépendantes.
“Nous devons coopérer avec le reste du monde, mais sur la base de nos propres intérêts. Il n’y a pas de hiérarchie imposée entre les nations”, a-t-il ajouté, dénonçant les textes et accords internationaux qui ont longtemps consacré l’injustice.
Pour un nouvel ordre mondial plus humain
Élargissant sa réflexion au-delà du cadre africain, le président de la République a plaidé pour “un nouvel ordre humain, fondé sur des valeurs inédites et des visions capables de mettre fin aux guerres, aux divisions et aux injustices”.
Il a rappelé que la Tunisie, fière de son africanité, avait elle-même souffert de choix imposés de l’extérieur. Et, liant le destin africain à celui des peuples spoliés, il a réaffirmé encore une fois son soutien à la cause palestinienne : “La coopération internationale ne sera complète que lorsque les Palestiniens auront retrouvé pleinement leurs droits sur toute la terre de Palestine”.
Tout en mettant en garde contre les forces qui, “au grand jour ou dans l’ombre”, tentent de ramener l’Afrique à son passé sombre pour saboter toute tentative de développement, le président Kaïs Saïed a exprimé son optimisme. Selon lui, la détermination sincère des peuples africains finira par imposer une nouvelle réalité.
“Avec cette volonté sincère, cette détermination et ce regard lucide sur le passé, l’histoire pourra proclamer sa repentance… Le chemin est tracé. C’est ce chemin qui sera le véritable moyen”, a-t-il conclu.