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Cannes 2025 : « La Vie après Siham », l’intime en héritage

23. Mai 2025 um 12:00

Avec « La Vie après Siham », présenté à Cannes 2025 dans la sélection de l’ACID, le réalisateur franco-égyptien Namir Abdel Messeeh livre un documentaire d’une rare intensité émotionnelle. Ce film autobiographique, à la fois journal de deuil, enquête familiale et geste cinématographique profondément personnel, confirme la singularité de son auteur, déjà salué pour le très beau « La Vierge, les Coptes et moi » en 2011, un film qui mêlait documentaire et reconstitution, et qui avait remporté le Tanit d’argent documentaire aux Journées Cinématographiques de Carthage en 2012.

Né à Paris en 1974 dans une famille copte égyptienne, formé à la FEMIS, Namir Abdel Messeeh a toujours inscrit son œuvre dans une exploration des identités multiples, entre France et Égypte, entre croyances héritées et regard critique. Dans La Vie après Siham, il poursuit cette quête intime en revenant sur une promesse faite à sa mère avant sa mort : raconter son histoire. Le film devient ainsi non seulement un portrait d’outre-tombe, mais aussi un acte de fidélité, de réparation et de transmission.

Une promesse comme point de départ

Le film s’ouvre sur une perte : celle de la mère, Siham, figure centrale du récit, disparue avant le père, Waguih. Huit ans plus tard, celui-ci meurt à son tour, et le réalisateur, leur fils, se retrouve seul face à un double deuil. Plus encore, il est confronté à une mission qu’il s’est lui-même assignée : raconter leur histoire, et par extension, la sienne.

Ce qui rend la tâche plus complexe, c’est que Namir Abdel Messeeh est un documentariste habitué à capter le réel sans toujours solliciter le consentement de ceux qu’il filme. Or, cette fois-ci, c’est sa propre intimité qu’il doit explorer. Il ne s’agit plus seulement d’observer, mais d’interroger, de ressentir, de se confronter aux silences familiaux, aux récits divergents, aux souvenirs lacunaires. Et surtout, de se livrer.

 

 

Un collage émotionnel et sensoriel

La mise en forme de cette quête intime prend une structure fragmentaire, qui épouse la nature même du souvenir. La Vie après Siham est un film kaléidoscopique qui mêle archives familiales, tournages contemporains, séquences en super 8 et extraits de vieux films égyptiens, notamment ceux de Youssef Chahine, figure tutélaire qui plane sur le film comme un double artistique. Le résultat est un collage visuel et émotionnel, où chaque image convoque une mémoire, une absence ou un écho.

La caméra s’attarde sur les gestes du père, sur les objets laissés par la mère, sur les lieux où elle a vécu. Elle filme aussi les hésitations du cinéaste lui-même, ses doutes, ses maladresses, sa douleur. On le voit interroger, se souvenir, parfois tourner en rond. Le film ne cache rien de ces moments de perte de contrôle, et c’est dans cette sincérité même qu’il trouve sa force.

La mémoire comme champ de bataille

L’une des dimensions les plus passionnantes du film réside dans son rapport à la vérité. En commençant par « la version officielle » de l’histoire familiale, telle qu’elle est racontée dans les réunions, Namir Abdel Messeeh découvre peu à peu que les récits de sa mère et de son père se contredisent, que certains événements ont été tus ou embellis, que la mémoire est un territoire mouvant, instable. Le documentaire devient alors enquête, mais une enquête sans résolution définitive : le réel est multiple, et chaque version a sa légitimité.

Cette confrontation avec les récits parentaux donne au film une dimension presque psychanalytique. Il ne s’agit plus seulement de rendre hommage aux morts, mais de comprendre ce qu’ils nous ont légué, consciemment ou non. Et ce legs est ambivalent : il contient de l’amour, bien sûr, mais aussi des contradictions, des non-dits, des blessures.

La quête d’un lieu d’appartenance

Si le film se déploie entre la France et l’Égypte, c’est parce que l’histoire familiale elle-même est traversée par l’exil. Les parents ont quitté leur pays d’origine, mais n’y ont jamais vraiment renoncé. Et le fils, né en France, navigue entre deux cultures, deux langues, deux manières d’être au monde.

La Vie après Siham interroge ainsi la notion de « pays natal » : est-ce une terre, une langue, une mémoire ? Le film ne donne pas de réponse tranchée, mais il montre avec acuité combien le sentiment d’appartenance peut être en même temps flou et important pour les enfants de l’immigration. À travers les photos, les chants, les films, c’est tout un pan d’histoire commune entre l’Égypte et la diaspora copte en France qui affleure, en creux.

La dimension politique du film est d’ailleurs présente, mais toujours en arrière-plan. Il n’y a pas de discours militant, mais une attention constante à ce que signifie « être arabe », « être égyptien », « être français », quand ces identités sont vécues au croisement de plusieurs mémoires.

 

 

Une catharsis par le cinéma

Plus qu’un film de deuil, La Vie après Siham est un film de transformation. Il ne cherche pas à fixer le passé, mais à l’interroger, à en faire émerger un sens, parfois douloureux, parfois salvateur. La promesse faite à la mère devient ainsi une forme de contrat moral, que le réalisateur honore avec délicatesse, sans pathos, mais avec une sensibilité à fleur de peau.

Comme dans ses précédents films, Namir Abdel Messeeh n’a pas peur de l’autodérision, du doute, de l’imperfection. Il filme sa propre vulnérabilité avec une honnêteté rare. Et c’est cette vulnérabilité, pleinement assumée, qui touche et qui reste.

Le cinéma, pour lui, est un lieu d’élaboration du réel, un outil pour dire l’indicible, pour réparer les brèches intimes, pour faire le deuil — non pas en oubliant, mais en transformant l’absence en mémoire active. C’est aussi, peut-être, une façon de devenir père à son tour, en transmettant ce qu’on a reçu, ou ce qu’on a tenté de comprendre.

 

 

Un accueil chaleureux et une reconnaissance internationale

La projection du film à Cannes a réuni l’ensemble de l’équipe, y compris les producteurs égyptiens, dans une ambiance d’appréciation sincère et d’enthousiasme partagé, tant du public que des critiques. Ce succès s’inscrit dans une trajectoire déjà marquée par une reconnaissance importante en Égypte et dans le monde arabe.

La Vie après Siham a reçu en 2021 deux prix des sponsors du Cairo Film Connection, ART et Ergo, en soutien à de nouvelles voix cinématographiques dans le monde arabe. Cette aide a permis la production de ce documentaire remarquable qui a su capter l’attention des festivaliers cannois. Ce soutien institutionnel souligne l’importance de plateformes telles que le Cairo Film Connection dans l’accompagnement des projets ambitieux de la région.

Mohamed Sayed Abdel Rahim, responsable des Cairo Industry Days au Festival International du Film du Caire, a exprimé sa grande satisfaction quant à l’accueil chaleureux réservé au film lors de sa première : « Nous sommes extrêmement fiers de voir l’un des projets du Cairo Film Connection connaître un tel succès international et une telle reconnaissance dans un festival aussi prestigieux que Cannes. Cette réussite illustre l’importance du soutien aux jeunes talents arabes et met en lumière le rôle catalyseur du Cairo Film Connection pour les projets cinématographiques ambitieux. »

Cette réussite illustre également le rôle grandissant du Festival International du Film du Caire et de sa plateforme industrie dans le développement du cinéma arabe, en offrant à ses talents une visibilité sur les scènes internationales et en renforçant la présence des créateurs égyptiens et arabes dans les grands forums mondiaux.

Neïla Driss

 

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Cannes 2025 – Aisha Can’t Fly Away, autopsie d’une servitude

20. Mai 2025 um 18:24

En compétition dans la section Un Certain Regard de la 78ème édition du Festival de Cannes, Aisha Can’t Fly Away marque l’entrée très attendue du réalisateur égyptien Morad Mostafa dans le long métrage. Si son nom n’est pas inconnu à Cannes – plusieurs de ses courts métrages y ont circulé, notamment What We Don’t Know About Mariam (2021) ou encore I Promise You Paradise présenté à la Semaine de la Critique en 2023, où il a remporté le Rail d’Or  – c’est la première fois que Mostafa est sélectionné dans l’une des sections officielles du festival, avec un film qui confirme l’univers âpre et socialement engagé qu’il explore depuis ses débuts.

La première du film a eu lieu aujourd’hui. Sur scène, Morad Mostafa a tenu à remercier ses producteurs, son équipe, ses parents, ainsi que le cinéma égyptien, qu’il considère comme la matrice de son parcours. « C’est grâce au cinéma égyptien que je suis devenu réalisateur », a-t-il déclaré avec émotion. « Je suis fier de représenter l’Égypte avec mon film » a-t-il ajouté. Depuis la sélection du film Clash en 2016, aucun film égyptien n’avait fait partie de la sélection officielle.

 

 

Dans Aisha Can’t Fly Away, la caméra suit le parcours d’une jeune soudanaise, installée au Caire. Aisha, interprétée avec une grande sobriété par Buliana Simona, travaille dans une sorte d’agence de placement d’aides-soignantes et ménagères. Elle intervient chez des particuliers, souvent seuls et malades, où elle effectue des tâches ingrates : ménage, soins, assistance quotidienne. Ses journées sont répétitives, épuisantes, rythmées par de longs trajets en minibus et en métro. Le soir venu, elle regagne le quartier délabré où elle habite, dominé par un gang de voyous qui impose sa loi entre violence, trafic de drogue et racket. Le chef du gang lui offre un toit, mais à une condition : qu’elle l’aide au cambriolage des appartements où elle travaille. Aisha tente de résister, mais finit par céder, faute d’alternative.

Le film dresse un portrait sans fard de la précarité des femmes migrantes dans les grandes villes, victimes d’une exploitation silencieuse et d’une violence banalisée. La trajectoire de Aisha, prise dans l’engrenage d’un système oppressif, rappelle celle de l’héroïne de Plumes, le film égyptien d’Omar El Zohairy présenté à Cannes en 2021. Même univers d’aliénation et de misère : un environnement sale, vétuste, bruyant, sans échappatoire, et présence d’un volatile.

Une autruche apparaît dès les premières scènes. Elle rôde dans les lieux que fréquente Aisha : devant chez elle, chez le vieil homme malade dont elle s’occupe, au restaurant où travaille son ami. L’oiseau revient, silencieux, insistant, comme un double, un présage. Peu à peu, Aisha se transforme. Une étrange éruption cutanée apparaît sur son ventre, puis s’étend. Elle ne semble pas souffrir, mais son corps change, comme s’il absorbait, sous la peau, toute la violence accumulée. Et l’autruche, cet oiseau incapable de voler, devient l’allégorie parfaite d’Aisha : clouée au sol, incapable de s’élever, prisonnière d’un monde où chaque tentative d’émancipation est réprimée.

Tout, dans le film, renforce cette sensation d’étouffement : les couleurs ternes des vêtements de l’héroïne – gris, noir, brun –, l’insalubrité des lieux, la monotonie des repas (toujours les mêmes spaghettis à la sauce tomate), les gestes répétitifs. Aisha ne rit qu’une seule fois, lors d’une visite chez des amies où elle mange enfin un autre plat. Ce moment fugace contraste violemment avec le reste du récit. Même ses rares moments de réconfort – les repas offerts par son ami restaurateur, lui-même exploité – semblent englués dans la fatalité.

 

 

La scène la plus glaçante du film survient lorsque Aisha, harcelée par un client, demande à son patron de la retirer de la mission. Ce dernier refuse, banalise l’agression, et l’oblige à continuer. Aisha finit par céder à l’homme, contrainte de lui faire une fellation. À partir de là, la métamorphose s’accélère. Le corps de Aisha devient le terrain d’une mutation inexorable, métaphore d’une soumission qui s’inscrit dans la chair.

Certains spectateurs ont néanmoins reproché au film ses scènes les plus crues, notamment une séquence où Aisha, dans un moment de bascule, se transforme en cannibale et dévore littéralement son patron. Cette scène, violente et frontale, a suscité des réactions vives : plusieurs personnes avaient d’ailleurs quitté la salle à ce moment-là. Mais sincèrement, pourquoi pas ? À travers ces excès de violence, il est possible que le réalisateur ait voulu exprimer à quel point la situation d’Aisha est horrible, à quel point elle souffre, à quel point elle enrage et a parfois des envies de revanche. Ce recours à l’extrême n’est sans doute pas gratuit : il traduit une souffrance insoutenable, devenue monstrueuse, qui ne peut plus être contenue.

On pourrait également reprocher à Aisha Can’t Fly Away une certaine lenteur, voire quelques longueurs. Certaines scènes répétitives auraient gagné à être resserrées. Mais cette durée un peu excessive participe peut-être aussi à l’effet d’enfermement que le film cherche à transmettre : le temps, pour Aisha, ne semble jamais passer, et sa vie s’étire comme une prison sans fin. Ce léger excès de durée n’entame pas la force du film, mais aurait mérité d’être réajusté pour en renforcer encore l’impact.

Ce premier long métrage de Morad Mostafa, aussi éprouvant que maîtrisé, impressionne par la précision de sa mise en scène, la rigueur de son propos, la direction d’actrice sobre. L’approche quasi-documentaire du Caire et de ses quartiers pauvres ne souffre d’aucune exagération : la ville est filmée telle qu’elle est, crue, sans filtre. Et pourtant, le réalisme cède peu à peu la place à un onirisme discret, inquiétant, où le corps de Aisha devient la scène même du récit. Le film s’inscrit ainsi dans une lignée de récits de transformation où l’imaginaire sert à dire l’indicible, en assumant parfois une radicalité formelle, mais toujours au service du propos.

Avec Aisha Can’t Fly Away, Morad Mostafa signe un premier long métrage poignant, qui prolonge son travail sur les invisibles, les marginalisés, les opprimés. Dans ce conte social teinté de fantastique, il donne une voix – et un corps – à celles qu’on refuse de voir. Et même si Aisha ne peut pas voler, elle nous entraîne avec elle dans sa chute, lente, silencieuse, bouleversante.

Il est à noter que Aisha can’t fly away est coproduit par les tunisiennes Dorra Bouchouche et Lina Chaabane.

Neïla Driss

 
 

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Cannes 2025 – L’Égypte remporte le prix du meilleur design de pavillon

20. Mai 2025 um 11:00

Le samedi 17 mai 2025, au cœur du Village International du Marché du Film de Cannes, l’Égypte s’est distinguée en remportant le Prix du Meilleur Pavillon, décerné à l’issue de la quatrième édition des Pavilion Design Awards. Ce prix, de plus en plus convoité, vient couronner les efforts conjoints de plusieurs institutions cinématographiques égyptiennes, saluant leur capacité à transformer un espace éphémère en un véritable foyer de culture, d’histoire et d’innovation cinématographique.

Conçu comme un espace de rencontre et de rayonnement, le Pavillon égyptien a su séduire le jury par sa vision claire et ambitieuse. La distinction reçue — qui célèbre à la fois l’esthétique, la programmation et la dynamique de l’accueil — a été attribuée par un jury composé de Yi Chou, membre du programme Cannes Makers 2024, Elaine Guerini, critique de cinéma brésilienne, et Leticia Godinho, directrice adjointe du département business de Series Mania. Ensemble, elles ont visité 19 pavillons représentant une mosaïque de pays et d’institutions – du Maroc à l’Estonie, de la Tunisie à l’Institut Français – avant de désigner l’Égypte comme lauréate de cette édition 2025.

 

 

Une scénographie pensée comme un manifeste culturel

La réussite du pavillon tient à la force de sa scénographie, conçue et imaginée par Shereen Farghal, fondatrice et directrice de JY Studios. Au cœur de cette installation, l’exposition « Seven Egyptian Cities That Embraced Cinema (Sept villes égyptiennes qui ont embrassé le cinéma) » retraçait avec poésie et précision les liens étroits entre le septième art et l’urbanité égyptienne. Ce parcours offrait aux visiteurs un regard singulier sur la manière dont les villes égyptiennes ont porté, accueilli et façonné la cinématographie nationale au fil des décennies.

Mais au-delà de l’élégance esthétique et de l’inspiration historique, c’est l’ingéniosité fonctionnelle du pavillon qui a particulièrement retenu l’attention du jury. Le communiqué du Marché du Film souligne la présence d’une petite salle de projection intégrée au dispositif, pensée pour « raconter l’histoire du cinéma égyptien et affirmer sa place actuelle dans l’industrie ». Ce subtil « équilibre entre héritage et actualité » a incarné, selon les membres du jury, l’esprit même du prix : distinguer les pavillons qui ne sont pas de simples vitrines, mais de véritables plateformes vivantes de dialogue et de création.

Une organisation collective au service d’une ambition commune

Le Pavillon égyptien est né d’une collaboration étroite entre trois institutions majeures : le Festival International du Film du Caire, représenté par son président, l’acteur Hussein Fahmy, le Festival du film d’El Gouna, mené par Amr Mansi (directeur exéLeur coordination exemplaire a permis de donner corps à une vision partagée : offrir une expérience immersive qui dépasse le cadre promotionnel pour s’inscrire dans une dynamique de coopération professionnelle à long terme.

Dans une déclaration enthousiaste, Hussein Fahmy a salué cette reconnaissance en soulignant la cohérence d’un projet pensé dès le départ comme un lieu de rencontre entre le local et l’international. « Ce prix confirme l’excellence du Pavillon égyptien au Marché du Film », a-t-il affirmé, rappelant que « chaque activité, chaque interaction a été conçue pour valoriser la diversité des capacités cinématographiques de l’Égypte et favoriser des partenariats concrets avec les professionnels du monde entier ».

 

 

Des activités professionnelles stratégiques

Tout au long des neuf jours du Marché du Film, le Pavillon égyptien a accueilli une programmation dense et ciblée, incluant conférences, ateliers et présentations. Ces événements ont visé à renforcer les opportunités de coopération dans la région, à inciter les tournages internationaux à choisir l’Égypte comme destination, mais aussi à mettre en avant les talents émergents et confirmés du pays. L’espace a ainsi agi comme un levier de développement pour l’industrie cinématographique locale, en s’ancrant pleinement dans les logiques de réseautage du Marché.

Cette démarche stratégique s’inscrit dans une volonté affirmée de repositionner l’Égypte comme hub régional et international de la production cinématographique, tirant parti de son riche patrimoine, de ses ressources humaines et de ses infrastructures de tournage.

Une reconnaissance qui dépasse les frontières

Ce prix vient non seulement célébrer le Pavillon en tant que tel, mais aussi consacrer l’élan collectif d’un écosystème qui, depuis plusieurs années, multiplie les initiatives pour faire rayonner le cinéma égyptien au-delà de ses frontières. Pour Shereen Farghal, lauréate indirecte de cette distinction grâce à son travail de conception, l’émotion est palpable : « Cette reconnaissance reflète les efforts considérables de toute la communauté cinématographique égyptienne. Elle n’aurait pas été possible sans le soutien de nos partenaires et sans l’engagement des talents qui ont contribué au projet ».

C’est aussi cette synergie entre institutions publiques, festivals indépendants, artistes et professionnels qui confère à la démarche toute sa légitimité et sa singularité. À une époque où la diplomatie culturelle passe de plus en plus par les dispositifs événementiels, l’exemple du Pavillon égyptien 2025 pourrait faire école, en montrant qu’un stand, aussi éphémère soit-il, peut cristalliser de grandes ambitions nationales.

 

 

Vers une nouvelle ère de visibilité pour le cinéma égyptien ?

Le succès du Pavillon égyptien à Cannes s’inscrit dans un contexte de renouveau pour le cinéma du pays, qui cherche à reconquérir une place de premier plan dans le paysage cinématographique international. Cette récompense, loin d’être symbolique, pourrait servir de tremplin à de nouveaux projets, à des partenariats renforcés et à une plus grande circulation des œuvres égyptiennes dans les festivals et marchés du monde entier.

Elle invite aussi à réfléchir à la manière dont un pays peut se raconter à travers le prisme du cinéma, et comment l’architecture événementielle — lorsqu’elle est pensée avec cohérence — devient un vecteur puissant de narration nationale. En misant sur un récit à la fois ancré dans l’histoire et tourné vers l’avenir, l’Égypte a su séduire, émouvoir et convaincre, tout en affirmant sa volonté de jouer un rôle actif sur la scène cinématographique mondiale.

Dans un Marché du Film où les pavillons rivalisent de créativité pour capter l’attention, le triomphe de l’Égypte résonne comme un appel à l’excellence et à la vision partagée. Plus qu’un prix, c’est une invitation lancée au monde du cinéma : celle de (re)découvrir un pays dont le passé, le présent et l’avenir cinématographiques se conjuguent avec audace.

Neïla Driss

 

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