Phosphate | Hussein Rehili pointe «l’ambition irréaliste» du gouvernement
Produire 7 millions de tonnes de phosphate en Tunisie d’ici 2030, contre 3 millions seulement aujourd’hui, représenterait une avancée positive, mais l’ambition d’atteindre 14 millions d’ici 5 ans annoncée par le gouvernement est irréaliste.
C’est ce qu’a déclaré le chercheur spécialisé en développement et en gestion des ressources hydriques, Hussein Rehili, dans ‘‘Midi Show’’, vendredi 7 mars 2025, sur Mosaïque, en rappelant que le problème de la production, du transport et de la transformation du phosphate en Tunisie est chronique et structurel.
«Avec quels équipements pourrait-on arriver à produire une telle quantité?», s’est-il, d’ailleurs, demandé, étant donné la vétusté des équipements dont disposent les deux principales entreprises publiques impliquées dans l’activité d’extraction et de transformation, à savoir la Compagnie de phosphate de Gafsa (CPG) et le Groupe chimique tunisien (GCT) et les difficultés financières et autres dont elles souffrent.
Commentant le dernier conseil ministériel qui a discuté du programme pour développer la production, le transport et la transformation du phosphate pour la période 2025-2030, Rehili a pointé les problèmes techniques et sociaux majeurs du secteur, qui ont contribué à la baisse de la production, passé de 8 millions de tonnes en 2010 à 3 millions aujourd’hui.
Tout en saluant l’utilisation des eaux usées traitées pour le lavage du phosphate, Rehili a insisté sur le fait que cette solution ne résoudra pas, à elle seule, les problèmes du phosphate, en rappelant que la région du bassin minier de Gafsa ne dispose que de deux stations de traitement des eaux usées, avec une capacité de 11 000 mètres cubes par jour, alors que la CPG a besoin de 50 000 mètres cubes par jour pour le lavage.
L’expert a proposé des solutions structurelles, telles que l’exploitation de la station de dessalement d’eau de mer de Skhira pour le lavage du phosphate, et l’adoption du transport hydraulique, qui constituerait une révolution pour le secteur. Cette méthode permettrait de réduire la pression sur les ressources souterraines et de se passer du transport ferroviaire, très problématique, tout en offrant des bénéfices environnementaux.
Rehili a, également, souligné la nécessité de réorganiser la CPG pour assurer la continuité de la production et de l’exportation et garantir ainsi des ressources supplémentaires pour soutenir les finances publiques. Pour cela, l’Etat doit mettre fin à l’utilisation de cette entreprise pour répondre aux besoins en emplois et salaires dans une région privée d’autres activités économiques créatrices de richesses.
I. B.
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