Innovation en Tunisie : Le GVI, un catalyseur pour la transformation économique
Lors de l’atelier de cadrage du Guichet Virtuel de l’Innovation (GVI), les intervenants ont unanimement souligné l’importance de l’innovation comme levier essentiel pour la compétitivité et la croissance économique de la Tunisie.
Cet événement qui s’est tenue le 25 février 2025 à Tunis , organisé par l’Agence de Promotion de l’Industrie et de l’Innovation (APII) en collaboration avec Expertise France, a réuni des acteurs clés du secteur public, privé et académique, tous déterminés à faire du GVI une plateforme fédératrice au service des entreprises, PME et startups tunisiennes.
Omar Bouzouada, Directeur Général de l’Agence de Promotion de l’Industrie et de l’Innovation (APII), a salué les efforts d’Expertise France et des acteurs locaux, qualifiant cet événement d’étape clé pour la création d’une plateforme fédérée destinée à soutenir les entreprises, PME et startups. Le GVI, plus qu’une simple plateforme numérique, vise à faciliter l’accès aux mécanismes d’innovation et à stimuler une dynamique collaborative. Bouzouada a également annoncé le lancement du Hub 4.0, piloté par l’APII, pour fédérer les structures publiques et privées et accompagner les PME et startups dans un environnement propice à l’innovation. Il a insisté sur la nécessité de co-construire les fondements du GVI pour en faire un outil efficace au service des entreprises tunisiennes.
Mondher Belaïd : La recherche scientifique et l’innovation au cœur de la transformation économique
Mondher Belaïd, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, a mis en avant le rôle central de la recherche scientifique et de l’innovation dans la transformation économique. « Un environnement propice à l’innovation ne peut exister sans un écosystème de recherche dynamique, capable de produire des avancées scientifiques et technologiques majeures », a-t-il déclaré. Il a salué le GVI comme une avancée significative pour répondre aux défis de l’écosystème d’innovation tunisien, tout en appelant à une collaboration renforcée entre universités, centres de recherche et industries. Le ministre a également évoqué la stratégie industrielle tunisienne à l’horizon 2035, qui repose sur l’innovation et nécessite l’acquisition de nouvelles compétences adaptées aux évolutions technologiques. « La Tunisie se positionne sur de nouveaux créneaux où la recherche et l’intelligence humaine deviennent les véritables moteurs de croissance », a-t-il affirmé.
Hichem Elloumi : L’innovation, une nécessité stratégique pour les entreprises tunisiennes
Hichem Elloumi, vice-président de l’UTICA, a quant à lui insisté sur l’innovation comme nécessité stratégique pour les entreprises tunisiennes, notamment les PME et les startups, dans un contexte mondial marqué par des transformations technologiques rapides et une concurrence accrue. « La Tunisie ne peut se permettre d’être en retard. Nous devons stimuler la créativité, renforcer les synergies et faciliter l’accès aux ressources pour encourager un écosystème dynamique », a-t-il déclaré. Elloumi a salué le GVI comme un catalyseur potentiel, tout en soulignant que sa réussite dépendra d’une conception pragmatique et orientée vers les besoins des entreprises. Il a identifié plusieurs défis majeurs, notamment la faible coopération entre acteurs, la duplication des efforts, la complexité administrative et les difficultés d’accès au financement pour les projets innovants. « Les startups et les PME ont besoin de procédures simplifiées et d’un accompagnement sur mesure pour transformer leurs idées en solutions concrètes », a-t-il affirmé.
Elloumi a également mis en avant le potentiel de la Tunisie en matière d’innovation, citant les secteurs de l’industrie automobile, de l’aéronautique, de l’électronique, du textile haut de gamme et de la pharmacie. « Nous ne sommes pas un pays low cost, mais un best cost. Les investisseurs étrangers ne se contentent plus de notre main-d’œuvre à coût compétitif ; ils créent des centres d’engineering, de design et de recherche en Tunisie. C’est une dynamique très positive », a-t-il déclaré. Il a également annoncé le lancement prochain d’une plateforme de matching entre startups et entreprises, développée en partenariat avec Tunisian Startups, qui sera opérationnelle après le ramadan. Cette plateforme vise à rapprocher les solutions innovantes des startups des besoins des entreprises, avec la participation de plusieurs fédérations sectorielles telles que la Fedelec, la Mécanique, l’Agroalimentaire et la Santé.
En conclusion, Elloumi a appelé à un rapprochement accru entre l’écosystème industriel, l’enseignement supérieur et la recherche scientifique. « Les grandes universités technologiques dans le monde sont connectées avec le monde de l’entreprise. Nous devons faire de même en Tunisie pour favoriser l’innovation appliquée à l’industrie », a-t-il insisté. Il a réaffirmé l’engagement de l’UTICA à soutenir cette initiative et à collaborer avec toutes les parties prenantes pour faire du GVI un véritable accélérateur d’innovation en Tunisie. « C’est en misant sur la synergie entre les secteurs public et privé, sur une approche pragmatique et sur une volonté commune de réussir que nous pourrons bâtir un écosystème d’innovation performant et durable », a-t-il conclu, en appelant à faire de la Tunisie un hub régional de l’innovation.
Ariane Philis : Le GVI, un catalyseur pour l’écosystème d’innovation tunisien
Ariane Philis, Directrice du Programme Innov’i Greenovi, a salué la collaboration entre Expertise France et l’APII pour renforcer l’écosystème d’innovation en Tunisie. Elle a souligné l’importance de cette initiative, qui vise à créer une plateforme centralisée pour faciliter les échanges et la mutualisation des solutions entre entreprises, porteurs de projets, experts et acteurs publics. Mme Philis a rappelé le potentiel innovant de la Tunisie, tout en pointant un défi majeur : « Les solutions des entrepreneurs restent souvent sous-exploitées, faute de visibilité et d’appropriation par les secteurs privé et public, ce qui freine la compétitivité du pays. » Le GVI ambitionne de répondre à cette problématique en devenant un catalyseur de l’innovation, facilitant le sourcing des solutions et la mise en réseau des acteurs. Il accompagnera également les porteurs de projets pour structurer leurs initiatives et accéder aux opportunités adéquates.
En conclusion, elle a invité les participants à contribuer activement aux réflexions lors des groupes de travail, affirmant que leurs échanges et expertises seront essentiels pour faire du GVI un outil impactant au service du développement économique et social de la Tunisie.
Moncef Sellemi et Afef Bouguerra : Une gouvernance collaborative pour un écosystème d’innovation performant
Moncef Sellemi et Afef Bouguerra du cabinet Bureau ABS ont présenté ensemble la note de cadrage de cette initiative stratégique, marquant une étape clé dans la construction d’une plateforme fédératrice dédiée à l’innovation en Tunisie. Organisé par l’Agence de Promotion de l’Industrie et de l’Innovation (APII), cet événement s’inscrit dans la Stratégie Nationale d’Innovation 2035 et vise à répondre aux défis identifiés lors des assises de l’innovation de 2022. L’objectif est de créer un écosystème dynamique et collaboratif, capable de transformer les idées en solutions concrètes pour stimuler la croissance économique et la compétitivité du pays.
Malgré un potentiel scientifique reconnu, avec une 10e place mondiale en production de papiers de recherche, la Tunisie peine à concrétiser ses innovations, se classant seulement 88e au Global Innovation Index 2024. Les intervenants ont identifié six freins majeurs : le manque de coordination entre les acteurs, le financement insuffisant, le faible transfert technologique, l’absence de stratégie claire, la réticence des PME à investir dans l’innovation et la complexité du cadre réglementaire. « L’innovation est un levier essentiel pour notre économie, mais elle nécessite une approche structurée et collaborative », a souligné Afef Bouguerra.
Le GVI se fixe cinq objectifs stratégiques pour relever ces défis. Premièrement, il vise à capturer et accompagner les porteurs de projets innovants pour éviter que leurs idées ne se perdent. Deuxièmement, il ambitionne de centraliser et diffuser l’information sur l’innovation, offrant une source fiable et à jour. Troisièmement, il cherche à fédérer les acteurs de l’écosystème, qu’ils soient publics, privés, PME ou universités, pour créer des synergies. Quatrièmement, il facilite l’identification des opportunités d’investissement. Enfin, il encourage l’innovation locale et collaborative en incitant les PME à collaborer avec les laboratoires de recherche et les universités.
La gouvernance du GVI repose sur une structure collaborative et multi-niveaux. Le comité stratégique définit les axes prioritaires et valide les plans d’action. Le comité de pilotage supervise la mise en œuvre des actions, tandis que les comités techniques gèrent les aspects opérationnels, tels que l’accompagnement, la formation et la communication. Des groupes thématiques et sectoriels travaillent sur des sujets prioritaires et produisent du contenu pour animer la plateforme. « Le GVI ne sera pas seulement une plateforme numérique, mais un véritable écosystème vivant et interactif », a expliqué Moncef Sellemi.
Le GVI se positionne comme un portail animé, offrant une veille technologique et informationnelle, une banque de ressources dynamique (financement, expertise, outils) et un service d’accompagnement personnalisé pour les porteurs de projets. Les utilisateurs pourront naviguer librement, faire des requêtes assistées ou demander un accompagnement sur mesure. « L’objectif est de créer un guichet qui soit le reflet de notre écosystème, un outil au service de tous les acteurs de l’innovation en Tunisie », a conclu Afef Bouguerra.
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