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Le poème du dimanche : ‘‘Poème de la science arabe’’ de Sleim Ammar

26. Januar 2025 um 07:30

Né à Sousse en 1927 et décédé à Tunis en 1999, Sleim Ammar est l’un des pionniers de la psychiatrie au Maghreb. Il est aussi poète à ses heures.

Outre son exercice médical en Tunisie, il se distingue par de nombreux essais consacrés à la médecine et aux sciences arabes. Et dans la grande tradition musulmane, il met son savoir érudit en vers, laissant une œuvre originale, scientifique et littéraire..

Poème de la science arabe, préface du Pr Jean Bernard, Alif, Tunis, 1990; Poème de la folie; L’art de la composition, Tunis, 1993.

Tahar Bekri

Avicenne*

Puis c’est au XIe siècle, en Orient, l’apogée

Qu’illustre Avicenne, une ère prolongée

Dans le Maghreb arabe et à l’extrême Ouest

Par l’éclat du XII e siècle sans conteste.

«Prince des Médecins», le «Maître par excellence»

Fut sans doute Avicenne culminant dans la science.

Génie précoce, dont la vie aventureuse

Mais exaltante aussi sera talentueuse,

Dans nombre de domaines : chimie et physique,

Sciences naturelles, morale et logique.

Il excella de plus dans la géodésie,

Dans les mathématiques et dans la poésie..

Philosophe éminent, connu pour ses maximes,

C’est en médecine qu’il atteignit les cimes,

Son Canon embrassa les règles en usage

D’un savoir médical enrichi davantage.

Bible médicale, selon William Osler

Jusqu’au VIIIe siècle, elle sera le bréviaire

Auquel toute faculté d’Europe se référait,

Traitant par le mépris celui qui l’ignorait

Son «Urjuza fi Ettib» ou poème médical

Résumant le Canon fut aussi un régal

Pour tous les connaisseurs de toute prosodie

Et des commentateurs de ce qui est bien dit.

De mIlle trois cent vingt six vers il fut composé

Traduit en plusieurs langues, souvent analysé.

Depuis, la médecine fut caractérisée

Par ces fameux poèmes d’où a été puisé

Le style des cantiques latins et médiévaux

Et qui furent chantés et par monts et par vaux.

Avicenne connut l’action des moisissures

Des ankylostomes, filaires, oxyures,

Il traita de l’empyème et de la méningite,

De la goutte, du cancer, des signes de pleurite,

Comme l’apoplexie, issue de la pléthore

De l’ulcère d’estomac, des spasmes, du pylore,

Et d’autres maladies internes ou exogènes

Et de l’hérédité en pressentant les gênes

Mais aussi d’obstétrique et de chirurgie,

De la thérapeutique, loin de toute magie

En dorant la pilule et tout l’enrobant,

Il la fit accepter au plus récalcitrant.

Puis sous son impulsion, l’organothérapie

Ouvre plus tard la voie de l’opothérapie.

Psychologue émérite, psychosomaticien,

Nombre d’anecdotes en témoignent fort bien

Dans la prophylaxie, il eut un grand apport

Par les bains, les régimes, et les vertus du sport

Finalement aucun chapitre de notre art

Ne sera délaissé ni traité sans égards

Son œuvre capitale appréciée pour longtemps

A vraiment culminé dans l’espace et le temps

Extrait de ‘‘Poème de la médecine arabe’’, éd. Alif, Tunis, 1990.

* Ibn Sina, (Boukhara, 980-Hamadhan,1037) NTD

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