Souveraineté énergétique : l’IRA plaide pour des modèles tunisiens de gouvernance et de financement
Une révision de la coopération internationale dans le domaine énergétique en Tunisie est nécessaire pour mieux servir les intérêts nationaux plutôt que de renforcer les schémas de dépendance, estime l’Initiative de réforme arabe (IRA), organisme de recherche arabe indépendant fondé en 2005.
Dans un rapport publié à l’issue d’une table ronde tenue sur le thème “Vers une transition énergétique : La Tunisie échapper a-t-elle à la colonisation verte ?”, l’organisation a expliqué que les initiatives actuelles pilotées par l’UE, telles que RePowerEU (plan visant à réduire la dépendance de l’Europe à l’égard des combustibles fossiles), ELMED ( interconnexion électrique entre la Tunisie et l’Italie) et MEDGRID (initiative pour des réseaux électriques méditerranéens), donnent largement la priorité aux besoins énergétiques de l’Europe, au détriment des besoins de développement de la Tunisie et augmentent la pression sur les ressources nationales (eau, sols).
« Bien que présentés comme des opportunités pour booster la croissance économique, ces projets risquent de transformer la Tunisie en un simple corridor pour l’exportation d’énergie vers l’Europe, alors que les communautés rurales continuent de lutter pour avoir accès à l’électricité», indique encore le rapport.
Les auteurs du rapport estiment que si cette approche n’est pas repensée, elle continuera de reproduire les mêmes schémas historiques d’extraction des ressources, selon des dictats extérieurs au détriment de la souveraineté nationale.
Pour contrer cette réalité, le rapport souligne que la Tunisie devrait diversifier de manière proactive ses partenariats énergétiques en dehors de l’UE, en explorant les opportunités d’investissement avec des partenaires africains et asiatiques, tels que la Chine. Ces derniers pourraient proposer des schémas financiers plus favorables au pays.
Le renforcement des liens avec l’Afrique et l’Asie pourrait donner lieu à des stratégies énergétiques plus alignées sur les réalités socio-économiques locales, affirme encore le rapport.
Toutefois, selon les auteurs du rapport, au-delà de la diversification des partenariats, la Tunisie devrait aussi s’éloigner des modèles verticaux d’investissements dirigés par les investisseurs, vers des projets émanant des communautés locales, afin de garantir que le retour sur investissement soit équitablement réparti.
Le pays devrait, encore, s’orienter vers des schémas de financement alternatifs, pour s’éloigner des modèles d’investissement conditionnés, basés sur des prêts, qui ont longtemps limité les marges de manœuvre des politiques publiques en Tunisie.
«Sans un changement radical de la trajectoire actuelle, la transition vers les énergies renouvelables en Tunisie ne sera qu’un nouveau processus extractif qui profite à des entités étrangères tandis que la Tunisie en supporte les coûts. Au-delà des réformes techniques et de l’augmentation des investissements étrangers, une transition énergétique juste exige une révision radicale des modèles de gouvernance, de propriété et de financement pour s’assurer que l’avenir énergétique du pays soit façonné par le peuple et pour l’intérêt de ce dernier».
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