Exposer son fonds d’atelier de son vivant : le pari audacieux de Gérald Di Giovanni
L’artiste plasticien Gérald Di Giovanni a présenté un concept novateur sur la scène artistique tunisienne lors d’un événement tenu samedi et dimanche derniers à La Goulette. Baptisé « fonds d’atelier » plutôt que « vide-grenier » ou « braderie », cette initiative a permis au public de découvrir des œuvres accumulées sur plus de 12 ans, à des prix accessibles, certaines pièces étant proposées à partir de 20 dinars.
Habituellement, les fonds d’atelier sont vendus après la mort d’un artiste, souvent à bas prix, avant d’être revendus à des valeurs bien plus élevées. Gérald Di Giovanni a voulu inverser cette logique en dévoilant lui-même ses créations, accompagné du sculpteur Bernard Ross. « Je ne voulais pas que mes travaux restent inconnus », explique-t-il lors de son passage sur les ondes radiophoniques de RTCI le 1er juillet 2025. Tout en soulignant que les galeries contemporaines tendent à limiter les expositions à des sélections restreintes, éloignant les artistes de leur démarche personnelle.
L’événement, organisé à la Villa Anetta, a rapidement attiré une foule variée. Si la matinée du samedi a rassemblé des proches de l’artiste, l’après-midi a vu affluer un public nombreux et curieux, séduit par la diversité des techniques et des styles présentés. « Beaucoup ignoraient l’étendue de mon travail, car les galeries imposent souvent des thématiques qui ne reflètent pas notre univers entier », constate M. Di Giovanni.
Installé en Tunisie depuis une douzaine d’années, l’artiste y puise une grande partie de son inspiration. « Dès mon premier voyage en 1999, je me suis senti chez moi », confie-t-il, évoquant son attachement à la Méditerranée et les nouvelles perspectives offertes par le pays. Ses œuvres récentes incluent des portraits de bey, témoignant de son intérêt pour l’histoire tunisienne.
Face au succès de l’initiative, les portes de la Villa Anetta resteront ouvertes jusqu’à vendredi 4 juillet 2025, de 17h à 20h. Par la suite, Gérald Di Giovanni retournera à son atelier pour préparer une exposition collective mettant en avant le travail de ses élèves, tout en continuant à enrichir son propre fonds d’atelier. Sa dernière grande exposition personnelle remonte à trois ans à la galerie Saladin. Mais cette nouvelle expérience pourrait bien relancer son actualité artistique. Un événement qui marque, selon lui, une étape importante dans la démocratisation de l’art contemporain en Tunisie.
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