Tunisie : chats brûlés, chiens abattus… jusqu’où ira la cruauté envers les animaux ?
L’arrestation d’une femme ce mercredi 27 août à El Mellassine, filmée en train d’asperger des chats d’essence avant de les brûler vifs, a une nouvelle fois choqué l’opinion publique. La suspecte, récidiviste, a été placée en garde à vue sur instruction du ministère public près le tribunal de première instance de Tunis 2. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux prouvent qu’elle n’en était pas à son premier acte.
Cette affaire n’est pas isolée. Quelques jours auparavant, le chien Rocky avait succombé à ses blessures après avoir été agressé à Sousse avec un objet tranchant. L’auteur a été condamné à trois mois de prison ferme, une peine considérée comme symbolique par les défenseurs des animaux. Si ce verdict marque une avancée, il reste largement en deçà des attentes de ceux qui réclament une véritable reconnaissance des droits des animaux.
Mais au-delà de ces cas, c’est toute une politique qui est remise en cause. Dans plusieurs municipalités, l’abattage des chiens errants reste une pratique courante, exécutée à balles réelles dans les rues. Ces scènes, parfois sous les yeux d’enfants, choquent autant qu’elles questionnent leur efficacité. Pour les associations, elles ne font qu’entretenir le problème, là où des campagnes de stérilisation, de vaccination et la création de centres d’accueil offriraient des solutions durables.
À cette violence s’ajoutent les empoisonnements, autre méthode couramment utilisée contre les animaux errants. Bien souvent, ces pratiques sont justifiées par la peur de voir des chiens et des chats fouiller les poubelles. Pourtant, ce phénomène découle surtout du manque de civisme : déchets abandonnés dans la rue, dépotoirs sauvages et absence de collecte régulière. En s’attaquant aux animaux plutôt qu’aux causes, on déplace le problème au lieu de le résoudre.
Même sur la scène politique, des voix s’élèvent. Le député Chokri El Bahri a dénoncé cette « chasse » aux chiens, pratiquée depuis plus d’un demi-siècle sans résultat. Il parle d’un « crime » institutionnalisé et plaide pour une approche plus moderne : vaccination, stérilisation, gestion des dépotoirs et structures d’accueil adaptées. Il rappelle qu’un projet de loi, déposé en juillet 2024, interdit désormais aux municipalités de recourir à ces méthodes d’abattage, ouvrant la voie à des alternatives plus respectueuses de la vie animale.
Pour les associations comme Arrahma, dirigée par Jamila Ammar, l’arsenal juridique actuel est « dépassé » et l’État doit prendre ses responsabilités. Les sanctions sont trop faibles, la loi peu appliquée, et les drames se répètent. « Combien de Rocky faudra-t-il encore ? », s’interrogent les défenseurs des animaux.
Ces affaires, largement relayées sur les réseaux sociaux, ne sont pas de simples faits divers. Elles mettent en lumière une réalité dérangeante : en Tunisie, l’animal reste perçu comme un objet ou un nuisible. Tant que l’État ne réformera pas en profondeur sa législation et ne soutiendra pas une politique de protection claire, ces drames continueront de se répéter. Car ignorer la souffrance des animaux, c’est aussi tourner le dos à une part de notre humanité.
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